Les groupes djihadistes présents dans le nord du Mali ont annoncé leur fusion dans un mouvement appelé « Jamaât Nosrat Al-Islam Wal Mouslimine ». Et c’est Iyad Ag Aly, le chef du mouvement djihadiste Ancardine qui devrait le diriger. L’information a été publiée par l’Agence de presse mauritanienne Alakhbar.
Sur son site, l’agence indique que plusieurs groupes islamistes armés affiliés ou alliés à Al-Qaïda au Maghreb Islamique dont l’Emirat du désert, Al-Mourabitoune, ont rejoint ce mouvement. Le groupe Ançardine et le Front pour la libération de Macina ont annoncé également avoir fusionné avec Jamaât Nosrat Al-Islam Wal Mouslimine. L’annonce de la naissance de Jamaât Nosrat Al-Islam Wal Mouslimine a été faite dans une vidéo reçue à Alakhbar, Vidéo dans laquelle on aperçoit les chef et prêcheur de l’Emirat du désert Yaya Abou Hamam et Abou Abderrahmane Al-Sanhadji, le vice-émir d’Al-Mourabitoune Hassane Al-Ançari, le chef d’Ançardine, Iyad Ag Aly, et le chef du Front de Libération de Macina Mohamed Kouffa. Ils ont réitéré leur allégeance au chef d’Al-Qaïda-mère Ayman Al-Dawahiri, au patron d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique, Abou Moussab Abdel Wedoud, et à l’émir des Talibans afghans le Mollah Heibatallah. Jamaât Nosrat Al-Islam Wal Mouslimine a enfin informé de la mise en place d’une structure de communication dénommée « Zalakha ».
Pour les autorités, ces groupes ont toujours opéré ensemble. Selon le général Salif Traoré, Ministre de la Sécurité intérieure « qu’ils aient un chef unique ou pas, ils constituent des ennemis de la paix et seront combattus comme tels ». Il est au micro de Moumine Sindébou :
«Cela ne change pas grand chose chez nous, puisque nous savons déjà qu’ils étaient ensemble et donc pour nous, qu’ils aient un chef unique ou pas, ils représentent des ennemis de la paix, les ennemis du Mali. Nous allons continuer à les traquer et à les combattre. Nous en avons profité pour informer nos partenaires de l’adoption par le gouvernement d’un plan de sécurisation intégré des régions du centre, les régions de Ségou et de Mopti. Et nous avons demandé à nos partenaires, tous autant qu’ils sont, de s’inscrire résolument dans ce plan qui est une initiative nationale mais encore mieux une initiative locale puisque les détails des interventions ont été déterminés par les gouverneurs avec leurs collaborateurs. Donc le gouvernement a décidé de valider ce plan, de l’accompagner, de mobiliser les partenaires au tour de ce plan afin que dans les meilleurs délais nous puissions ramener la paix, la sérénité, le développement et la lutte contre l’impunité dans ces zones là».
Pour des observateurs, les groupes terroristes se mettent en coalition, juste pour se faire entendre, mais, cela n’a pas d’incidence sur le processus de paix. Selon Bréma Ely Dicko, spécialiste des questions de sécurité « cette fusion est un signal fort qui invite la communauté internationale et le gouvernement à accepter, ces leaders djihadistes qui sont pour la plupart des Maliens, à la table de négociation ». Il est joint par Idrissa Sako :
«L’annonce de cette nouvelle coalition, pour moi est un autre phénomène qui ne change pas forcément le paysage, par ce que dans tous les cas, vous avez les groupes qualifiés de djihadistes ou les groupes engagés dans la paix. Il y a une forte porosité en réalité entre ces groupes. Par ce qu’ils vivent sur le même territoire, ils se rencontrent au quotidien. Maintenant, le fait qu’ils se mettent en coalition, c’est pour se faire entendre et d’avoir plus de légitimité. Cela ne va pas changer la situation de l’espace occupé. Pour moi, la difficulté, ce n’est pas la création de cette coalition mais le fait que la communauté internationale s’obstine à refuser de négocier avec ces djihadistes , c’est ça l’erreur. Je pense que ceux qu’on appelle les djihadistes sont en réalité des gens d’origine malienne pour la plupart, alors si vous ne discutez pas avec eux, mais comment vous voulez instaurer la sécurité? Cela n’est pas possible. Donc, moi je pense que ce n’est pas la coalition d’Iyad Ag Aly qui pose problème, le vrai défi, c’est de discuter directement avec Iyad Ag Aly».