La liste des présidents des autorités intérimaires est enfin établie par le gouvernement malien et les groupes armés du Nord. Comme convenu entre les parties signataires lors de la dernière réunion de haut niveau, les présidents des Assemblées régionales de Kidal Taoudéni et Ménaka ont été désignés sur proposition du gouvernement. Quant aux régions de Tombouctou et Gao, les présidents de l’Assemblée régionale ont été désignés respectivement par la CMA et la Plate-forme. Mais ces nominations ravivent les tensions au sein de la jeunesse de Gao et de quatre mouvements armés, dont ceux signataires de l’accord du 15 mai.
C’est Hassan Ag Fagaga qui aura la charge de diriger l’Assemblée régionale de Kidal. Chef militaire du Mouvement national de libération de l’azawad et membre de la Coordination des mouvements de l’azawad, il aurait été proposé par le gouvernement après concertation avec la CMA et la Plateforme. Si l’information est confirmée par la CMA, au sein des sources gouvernementales on se refuse à tout commentaire.
A Gao, l’exécutif régional sera dirigé par Djibrila Maiga de la plate-forme, alors qu’à Tombouctou il sera présidé par Boubacar Ould Hamadi un autre membre de la CMA. Quant aux deux nouvelles régions de Ménaka et Taoudéni, les présidents ont été désignés par le Gouvernement du Mali.
Ainsi l’Assemblée régionale de Ménaka aura comme président Abdoul Wahab Ag Ahmed Mohamed, un représentant du MSA, le Mouvement pour le salut de l’azawad. Tandis que l’assemblée régionale de Taoudéni sera dirigée par Hamoudi Sidi Ahmed Aggada.
Un responsable de la CMA a indiqué que ces désignations ont été faites suite à des concertations entre les parties signataires. Après leur désignation, ces différentes autorités devraient être investies à partir de ce week-end.
Etape essentielle de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation, la mise en place des autorités ont été plusieurs fois reportées et ont fait l’objet de plusieurs contestations, notamment à Gao où des jeunes ont violemment exprimé leur opposition au projet.
La CPA, un des 4 mouvements contestataires de ces nominations, exprime ses réserves quant au choix des personnes. Selon ses responsables, certaines nominations ont été faites sur fond d’exclusion de certains acteurs du processus de paix ».
Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun secrétaire général de la CPA, joint au téléphone par Mahamane Baba Kounta.
«Pour le cas spécifique de Kidal, je pense que si ceux qui sont à Kidal sont d’accord de le faire avec le gouvernement, il n’y a pas de problème. Mais pour le cas de Taoudeni, de Tombouctou, de Gao et de Menaka, je crois qu’il y a encore des problèmes en suspens qui ne sont pas réglés. Je ne suis pas sûr qu’on puisse installer des autorités intérimaires sans régler ces problèmes. On ne peut pas mettre en œuvre ces autorités intérimaires sans la majorité des acteurs qui sont signataires de cet accord. Le problème le plus grave d’abord, c’est la question d’insclusivité qui n’est pas tranchée. Nous avons dit en son temps, que ces personnes ont été désignées pour le cas précis de la CMA, ils ont été désignés à partir de Kidal par un certain nombre des mouvements de la CMA qui avaient signé l’accord le 20 juin. Et une bonne partie des mouvements de la CMA, notamment la CPA et la CPFR2 et même les dissidents (le MSA et le CJA) qui sont affiliés à ces signataires, n’ont pas été associés dans la désignation des autorités intérimaires. Cela m’étonnerait fort qu’elles puissent donner les résultats qu’on veut en les installant sur fond d’exclusion».
La jeunesse de Gao, qui s’était révoltée contre l’installation de ces autorités intérimaires, dit « non » à ces nominations. Elle dénonce le mode de désignation, et interpellent les autorités nationales.
Moussa Boureima Yoro, porte-parole du Mouvement de résistance civile des jeunes de Gao. Il est joint par Idrissa Sako :
« Réellement notre position est connue de tous. Ce ne sont pas les autorités intérimaires qui constituent notre inquiétude. Notre inquiétude c’est l’inclusivité (la représentativité de tous) dans l’accord. L’accord a prévu effectivement que tous les acteurs doivent être inclus. Donc l’inclusivité de l’accord. Non seulement on ne se reconnait pas dans ce qui vient d’être fait, mais on rejette systématiquement tout cela et nous disons qu’ici à Gao, il n’y aura pas d’autorités intérimaires si nous ne sommes pas consultés, si nous n’avons pas notre place au sein de la mise en œuvre de l’accord. Je ne vois pas ce qui empêche les autorités, et ce qui empêche les partenaires de pouvoir prendre les mouvements qui sont les plus légitimes où les communautés se reconnaissent le plus que ceux qu’ils ont pris en compte ».
Pour le moment, aucune réaction officielle au sein des mouvements de la CMA et de la plate-forme. Selon leurs responsables, une réunion entre les deux mouvements est prévue cet après-midi sur la question.