Le bilan s’est alourdi après les violents affrontements survenus ce week-end à Macina entre Peuhls et Bambaras. Dans un dernier bilan officiel, le ministère de la sécurité évoque 20 morts et 18 blessés. Depuis hier, le calme semble revenir dans la localité, où une délégation ministérielle était ce mardi sur place. Le ministre de la justice a annoncé l’ouverture d’ « une enquête ».
L’enquête ainsi annoncée par le Garde des Sceaux devrait permettre de situer les responsabilités dans ces affrontements. Un dernier bilan provisoire communiqué hier par le ministère de la sécurité fait état d’au moins 20 morts, 18 blessés et plus de 600 déplacés. Le nombre de victimes a donc évolué, car lundi un premier communiqué faisait état de « 13 morts et de nombreuses cases incendiées ».
Tout a commencé samedi dernier après l’assassinat d’un boutiquier à Macina par deux individus, présentés selon des témoins, comme appartenant à la communauté peuhle. Après l’inhumation de la victime, de violents affrontements ont aussitôt opposé les Bambaras aux Peuhls, soupçonnés d’être « les auteurs du meurtre ».
Le Centre du pays est fréquemment le théâtre d’affrontements inter-communautaires, notamment entre Peuhls et Bambaras. En mai dernier, des affrontements à Kareri, dans le cercle de Ténenkou, ont provoqué la mort de 24 personnes et 5 blessés. En août 2016, ce sont 7 personnes qui ont été tuées à Ténenkou, suite à des affrontements entre éleveurs et agriculteurs.
Le maire de la commune de Macina regrette « un incident malheureux entre deux communautés qui vivaient pourtant en parfaite symbiose ». Les autorités locales appellent la population au calme et regrettent « l’insuffisance » de moyens pour les forces de défense et de sécurité.
Bekaye Samaké est maire de Macina. Il était l’invité de notre émission « Grand Dialogue » d’hier :
«La gendarmerie a des moyens limités. C’est aujourd’hui qu’elle vient d’avoir un véhicule tout neuf, qui a été offert par le ministre à son arrivée à Macina. Donc la gendarmerie n’avait pas de véhicule. Leur véhicule est en panne, il y a pratiquement plus d’une année. Et la garde n’a qu’un seul véhicule. Ce sont des gens qui ne sont pas du tout équipés ».
Est ce qu’ils sont dans la zone en nombre conséquent?
« Non, non ils ne sont pas en nombre conséquent. Ils ne sont pas aussi nombreux que ça. La garde et la gendarmerie ne sont pas aussi équipés. Mais il y a un détachement militaire qui est en train de sécuriser la route Macina-Diafarabé sur laquelle il y a plus de deux-cent militaires. Souvent qui patrouillent, souvent qui sont là pour la sécurité de la route Macina-Diafarabé ».
Qu’est ce qui explique le fait qu’il y a cette fois-ci une aggravation et il y a autant de mort?
« Non sûrement il y avait de la méfiance entre les gens, entre les communautés, sinon ça ne peut pas s’expliquer autrement. Il y a la méfiance entre les gens, ça peut prendre d’autre tournure, on ne sait pas, mais ça peut être ça. Sinon cela a vite dégénéré. En tout cas ce sont des communautés qui vivent ensemble pendant des siècles. Je ne vois pas de raison que les gens s’affrontent jusqu’à ce stade».
Rappelons quatre ministres du gouvernement, dont ceux de l’administration territoriale et de la justice ont rendu ce matin une visite aux victimes des violences survenues cette semaine au Macina. Les 5 personnes blessées dont un garçon de 4 ans sont prises en charge à l’hôpital régional de Ségou. Un don de 13 tonnes de vivres a été offert aux blessés au nom du gouvernement malien. Selon le directeur de l’hôpital, les malades se portent bien et leurs vies ne sont pas danger.