Les magistrats devraient reprendre du service ce lundi 13 février. Le mot d’ordre de grève illimitée déclenchée depuis le 9 janvier a été levé. Le Syndicat Autonome de la Magistrature et le Syndicat Libre de la Magistrature sont parvenus à un accord avec le gouvernement autour de certains points de revendication. Sur les six points, deux relatifs aux primes et indemnités, ont fait l’objet d’accord partiel, quatre autres points qui concernent les aspects institutionnels ont fait objet d’accord.
C’est le mardi 7 février dernier que les discussions ont repris au sein de la Commission de conciliation, et se sont poursuivies jusqu’à mercredi dernier.
Les magistrats et les personnels de la Justice réclament entre autres : le relèvement du budget du ministère de la Justice, l’alignement de la Cour Suprême sur les institutions de même niveau, le relèvement de la grille indiciaire, le rehaussement des indemnités de judicature et de logement, l’octroi de primes de responsabilité et de représentation, de risque, d’indemnités de recherche.
Sur les 57 points de revendication, 34 ont fait l’objet d’accord entre les syndicats et l’Etat. Pour le gouvernement, l’incidence financière est de l’ordre d’une trentaine de milliards de FCFA.
Sur les six points de revendication ayant entrainé la grève illimitée, deux ont fait l’objet d’accord partiel. Ils sont relatifs au salaire, augmenté à 10% d’ici le 30 avril 2017, et aux indemnités : pour l’indemnité de judicature, elle a été augmentée de 50%, tant dis celle du logement passe de 60.000 francs CFA à 110.000 FCFA, soit une augmentation de 110%.
Quatre autres points relatifs aux aspects institutionnels, ont fait l’objet d’accord à l’issue des discussions.
C’est donc à l’unanimité que les délégués des deux syndicats ont accepté la suspension du mot d’ordre de grève pendant trois mois. En attendant, expliquent les parties, les négociations devraient se poursuivre avec le gouvernement.
C’est donc après trois semaines de grève, que les magistrats reprennent le travail ce lundi, mais sur fond de division entre les militants du Syndicat Autonome de la Magistrature dont la légitimité du président a été fortement contestée. Mais selon les frondeurs, Mohamed Chérif Koné reste président du SAM en attendant le congrès extraordinaire convoqué le 18 février prochain.
Badara Aliou Nanacassé est vice-président du Syndicat Autonome de la Magistrature. Il est joint au téléphone par Adama Amadou Haidara :
« Il n’y a pas de confusion possible. Nous avons dit, nous avons bien et bel dit que le président du Syndicat autonome de la magistrature a pris l’initiative, seul de se présenter à la télévision nationale pour parler au nom du syndicat alors qu’il n’avait pas été mandaté pour le faire. Et, cela constituait une violation de nos statuts et règlements. Et comme tel, le comité exécutif lui a infligé un blâme, c’est de cela qu’il s’agit. Il n’y a pas de problème entre le président et le vice-président. Il est le président du SAM jusqu’à preuve du contraire. Il est désigné, il a été élu par un congrès. Il n’y a pas de problème personnel entre le président du SAM et le vice-président. Il est toujours le président jusqu’au congrès.»
Selon des observateurs cette grève des magistrats est une «violation des droits humains». Selon eux, l’arrêt de travail n’a pas directement affecté le gouvernement, mais les citoyens, dont certains sont en attente de jugement. Selon le président de l’Association malienne des droits de l’homme, «l’Etat doit désormais prendre ses responsabilités».
Me. Moctar Mariko est joint au téléphone par Adama Amadou Haidara :
« Cette reprise de travail profite à tous les Maliens en général, au gouvernement, et aux magistrats eux-mêmes surtout au citoyen lambda qui n’avait rien à voir avec tout ça, et qui a été violé dans ses droits. Les conséquences sur les institutions judiciaires et les justiciables sont innombrables, mais on peut retenir ceci : effectivement la grève a paralysé la justice, les citoyens qui ont besoin de la justice surtout en cette période de début de sortie de la crise n’en avaient pas. Ceux qui sont en prison, voulaient chercher à sortir, sont toujours en prison. Les gardes-à-vue sont débordées. Les enseignements sont à deux points : premièrement, sur la forme nous reprochons aux magistrats de déclencher cette grève illimitée, ce n’est pas le pouvoir exécutif qui souffrait mais la population qui n’avait rien à voir. Deuxièmement, nous pensons que le gouvernement doit avoir une attitude assez responsable ».