Une nouvelle piste après l’assassinat des deux journalistes de RFI à Kidal. Une enquête diffusée, ce jeudi soir sur la télévision française, « France 2 » accrédite l’hypothèse d’un lien entre les tractations menées en 2013 pour la libération des otages enlevés à Arlit au Niger et l’assassinat des deux journalistes de RFI quatre jours plus tard à Kidal.
Les deux reporters français, Ghislaine Dupont et Claude Verlon sont kidnappés puis abattus près de Kidal le 2 novembre 2013. Leur exécution est revendiquée, dès le lendemain, par Abdelkrim, un des principaux dirigeants d’AQMI. Le reportage fait état d’un communiqué indiquant que « l’assassinat des journalistes est le minimum de la facture que le président François Hollande et son peuple doivent payer ». Ce même Abdelkrim, qui sera tué par les forces spéciales françaises en mai 2015, est aussi impliqué dans les enlèvements de septembre 2010 à Arlit.
Le documentaire fait état de « l’implication » de l’ancien président malien Amadou Toumani Touré dans les négociations pour la libération des otages. Mais, selon le journaliste, ATT n’a pas souhaité accorder d’interview sur la question.
La libération des otages aurait fait l’objet d’une rançon « d’au moins 30 millions d’euros » qui venait d’être versée. Selon le reportage, « cette transaction aurait pu faire quelques mécontents à commencer par Baye Ag Bakabo, le chef du commando qui a assassiné les journalistes. Ce dernier a vivement reproché de « n’avoir jamais reçu l’argent en remerciement de l’aide apportée aux équipes chargées de la garde des otages » d’Arlit.
Dans une note, la Direction du renseignement militaire français estime que « l’assassinat serait le fait d’individus agissant par vengeance ». Selon les services français, le commando de Baye Ag Bakabo, appartenait à la katiba dirigée par Sidan Ag Hitta aux ordres d’Abdelkrim le Touareg. Les éléments rapportés dans l’émission, révèlent qu’une partie de la rançon ne serait pas arrivée à ses destinataires. Trois millions d’euros n’auraient pas été « décaissés » par les services français.
« Ce documentaire va participer à la recherche de la vérité », assurent certains observateurs, dont Serge Daniel. Selon le journaliste, spécialiste des questions de sécurité au Sahel, les autorités françaises cacheraient quelque chose sur cette affaire :
« Le documentaire va participer à la manifestation de la vérité, donc c’est très important. Un documentaire libre. Vous savez qu’il y a des Français qui ont été faits otages à Arlit dans le Nord du Niger. Les enquêtes disent que leurs libérations ont été retardées à un moment. Ensuite probablement Ghislaine et Claude sont morts parce qu’il avait une partie de la rançon qui n’avait pas été payée pour la libération des otages à Arlit et que peut être Claude et Ghislaine enquêtaient sur une affaire qui était un peu gênante pour les pouvoirs publics. Donc, disons que le documentaire va participer à la recherche de la vérité. C’est important. La vérité, c’est pour entraîner les autorités. Ça n’engage que moi, l’impression que j’ai, c’est que les autorités françaises sont entrain de cacher quelque chose dans cette affaire ou du moins, les autorités françaises ne veulent pas pour le moment dire toute la vérité sur cette affaire ».