Fin hier du 27e sommet Afrique-France tenu à Bamako. La rencontre a enregistré la participation d’une trentaine de chefs d’État africains et Français. Deux points essentiels ont fait objet de débats : la paix et la sécurité ainsi que le développement et l’émergence de l’Afrique.
Le point sur les conclusions de ce sommet avec Mouhamadou Touré.
Dans le domaine sécuritaire, un plan global a été adopté par les chefs d’État. Ce plan prévoit que chaque pays devra constituer sa réponse appropriée. Il donne à l’UA les capacités nécessaires en vue de constituer des forces régionales. Et de son côté, la France confirme son soutien en terme de formation et d’équipement à l’Afrique pour qu’elle puisse, elle-même, assurer sa sécurité. Pour le président français, c’est à l’Afrique d’assurer sa propre sécurité. François Hollande a aussi souligné que 25 000 soldats seront formés dans les trois prochaines années.
Côté développement, l’aide de la France en Afrique passe à 23 milliards d’euros. Plusieurs autres décisions ont été prises, notamment l’utilisation des fonds prévus, lors de la COP 21, pour la transition énergétique et pour le plan sur les énergies renouvelables. L’importance des nouvelles technologies a également été soulignée.
Lors de la conférence de presse de clôture du sommet, le président Ibrahim Boubacar Keïta a remercié le Président français pour l’intervention française au Mali. M Hollande a rassuré que la France restera aux côtés du Mali « jusqu’à l’aboutissement du processus de paix ».
La question de l’immigration a également été abordée lors de ce sommet. Le président IBK a encore rassuré que le Mali n’a pas signé l’accord de réadmission. Il annonce également que “des mesures encore vigoureuses”, précise-t-il, seront prises pour lutter contre la migration clandestine.
Le président Ibrahim Boubacar Keïta au micro de Mouhamadou Touré.
« Cette question ne doit jamais être l’objet d’un traitement politicien. On a récemment entendu beaucoup de choses aussi à cet égard-là. On a accusé le gouvernement d’avoir signé un accord de réadmission. Je suis aux côtés de François Hollande, j’ai dit non, nous ne l’avons pas fait et nous ne le ferons pas parce que nous ne voulons pas ajouter à la misère physique et humaine, la misère morale, se sentir abandonner par son pays dans la douleur.
Le problème que cela pose aux pays européens où nous pouvons agir et nous agirons et nous n’avons rien contre pour le faire, c’est faire tout pour retenir les nôtres. Nous en sommes sur le chemin. Des projets porteurs, des projets créateurs d’emplois pour que notre jeunesse qui est le plus grand nombre de notre population, n’ait pas le sentiment quelque part, le sentiment de désespoir qui la pousse à affronter et à être sous les jougs des néo-esclavagistes et les néo-négriers qui n’hésitent pas une seconde à les spolier ou à les amener dans le désert. Ça, nous n’en voulons pas. Nous devons comprendre en toute objectivité les problèmes que l’émigration clandestine pose à nos pays amis. »
De son côté, François Hollande estime “l’une des raisons pour lesquelles la France s’engage en Afrique, c’est de lutter contre l’immigration clandestine”. Le président français précise aussi que son pays ne “maltraite pas les immigrés”. Selon lui, “la France applique ses lois”.
François Hollande au micro de Mouhamadou Touré.
« Pourquoi la France s’engage autant pour la sécurité et le développement en Afrique ? C’est d’abord par solidarité, par conception de nos intérêts économiques, culturels, humains. Mais c’est aussi pour que les sources de l’immigration soient taries, par ce que ce n’est pas un projet d’avenir pour le Mali et pour d’autres pays africains que de dire à sa jeunesse que c’est ailleurs qu’elle peut réussir sa vie et son destin. Nous devons travailler pour lutter contre l’immigration sur le continent européen parce que c’est ce que les trafiquants pourraient vouloir. Donc, nous devons être fermes sur ces objectifs et en même temps, si générosité, il doit y avoir, c’est dans les actions pour le développement de l’Afrique. Les Maliens qui sont en France, ils peuvent y être venus de manière irrégulière, je n’ai pas l’impression qu’ils veulent retourner au Mali, donc ne laissons pas penser que la France les maltraiterait, la France applique ses lois.»