Alors que les résultats définitifs des élections communales du 20 novembre sont attendus, l’opposition et la majorité se disputent la victoire dans plusieurs localités. L’opposition accuse le RPM de « fraudes massives » notamment à Gao, où le PDES l’accuse de « bourrage des urnes ». Ce dernier réfute les accusations et renvoie aux conclusions des observateurs du scrutin.
Les résultats définitifs officiels des élections communales du 20 novembre sont toujours attendus. Au niveau du Tribunal administratif, les recours judiciaires ne sont pas encore tranchés. Mais en attendant, opposition et majorité se disputent la victoire dans plusieurs circonscriptions. A Gao, le parti PDES, membre de l’opposition, accuse le RPM, parti présidentiel de «fraudes massives» et se déclare vainqueur. Le parti d’opposition redoute «des résultats truqués».
Sadou Diallo est président du PDES et maire sortant de Gao :
« On ne peut pas imposer un homme au peuple qu’il n’aime pas pour la vie de tous les jours. C’est la population qui m’a fait confiance et qui m’a élu. Les élections se sont très bien passées. A 2 h du matin j’ai quitté mon QG après les calculs, j’étais gagnant, j’ai dépassé le RPM de 300. Je n’étais pas trop surpris que je ne l’ai dépassé que de 300, parce qu’ils ont investi près de 300 millions pour 48 000 électeurs. Ils ont fait tout ce que vous pouvez imaginer comme trafic d’influence. Malgré les moyens qu’ils ont mis, je vous dis que j’ai battu les 2 députés de Gao dans leur quartier (le 7e quartier). Le candidat du RPM, je l’ai battu dans tous les six bureaux, il n’y a qu’un seul bureau où j’ai eu 45, il a eu 45. Comment est-ce que dans deux quartiers où nous sommes à ex-quo, ils pourront me battre de 150 et viennent des bureaux avec 200 ou 300, et le 8e quartier où il n’y a pas d’électricité, le dépouillement est fait dans l’obscurité ? Ils ont bourré les urnes. J’invite l’opinion nationale et internationale à veiller sur ce qui se passe ».
Le parti au pouvoir réfute ces accusations de fraudes. Pour les responsables du RPM, la présence des observateurs nationaux et internationaux ainsi que les représentants des partis politiques dans les bureaux de vote peuvent certifier la transparence du scrutin.
Me Baber Danon, Secrétaire Général du RPM :
« Vous avez eu la réponse avec les observateurs internationaux et nationaux qui ont salué la tenue transparente et sincère du scrutin. Il n’y a eu aucun incident majeur qui a été soulevé par la CENI qui est superviseur national ou encore par un observateur étranger. Donc, ce ne sont que des affirmations infondées, gratuites qui tentent à décrédibiliser un scrutin que tout le monde a salué. Le scrutin est à saluer. Aucun responsable n’a été battu dans sa localité. C’est l’organisation politique de la section qui a été mise en place et qui a été certainement défaillante à un certain niveau. Parce que vous savez que les élections de proximité sont des moments où les mécontentements, à la suite de l’investiture à la candidature, peuvent démobiliser les troupes. Et forcément quand les voix du parti s’émiettent il y a forcement une baisse des résultats ».
Pour la Commission électorale nationale indépendante, CENI, les contentieux sur les fraudes doivent être tranchés par les juridictions compétentes. Mais dans l’ensemble, le président de la CENI tire « un bilan satisfaisant » de ces élections.
Mamadou Diamoutani, président de la CENI :
« Après la proclamation des résultats des élections communales par les commissions de centralisation et de recensement général et autres, c’est la phase du contentieux qui s’ouvre et les requêtes doivent être adressées au président du Tribunal administratif au plus tard 10 jours après la publication des résultats par les commissions de centralisation. Je suis entrain de faire le recensement des observations faites par mes démembrements sur le terrain. Je pense que d’une façon générale, les élections se sont bien passées, c’est pour vous dires que c’était des élections assez paisibles. Je n’ai pas observé particulièrement des fraudes massives au point de dire que ces élections ne sont pas crédibles, je ne vois pas ».
L’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali, quant à lui, a rendu public ce matin son rapport sur le scrutin de dimanche dernier. Il note que les élections du 20 novembre ont été émaillées de fraudes, de violences et d’achat de conscience des électeurs. L’organisation a émis également des recommandations au gouvernement.
Ibrahima Sangho président de l’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali :
« Par rapport à la sincérité du vote, nous avons noté aussi qu’il y avait l’achat de conscience à ciel ouvert et puis les partis politiques dans leur grande majorité ont profité de cela. Il y a le fait que la corruption électorale a atteint des proportions inquiétantes lors de ces élections communales, les électeurs aussi étaient un peu désorientés par les listes contre nature dans beaucoup de localités au Mali.
Nous avons fait des recommandations au gouvernement. Nous pensons qu’aujourd’hui le gouvernement de la République du Mali doit asseoir une véritable souveraineté sur l’ensemble du territoire national et le gouvernement doit veiller à une meilleure sécurisation des personnes et des biens partout au Mali, un retour effectif de l’administration dans les localités où elle est absente et assuré un prompt retour des réfugiés et déplacés. La dernière recommandation, c’est par rapport aux partenaires techniques et financiers du Mali pour qu’ils puissent appuyer conséquemment les organisations de la société civile qui sont spécialisées dans le domaine de la gouvernance de la démocratie pour les élections afin de leur permettre de jouer leur rôle ».