Paris et onze pays d’Afrique de l’Ouest ont décidé de resserrer leur coopération dans la lutte contre le terrorisme jihadiste qui reste une priorité dans la bande sahélo-saharienne et en France. En début de semaine les ministres de l’intérieur et de la défense des 11 pays de l’Afrique de l’Ouest se sont retrouvés autour de Bernard Cazeneuve, le ministre français de l’intérieur.
Durant deux jours les 11 ministres de l’Afrique de l’Ouest ont réaffirmé « leur engagement à lutter, avec une totale détermination, contre le terrorisme jihadiste » comme l’a résumé Bernard Cazeneuve. Pour le ministre français de l’intérieur, « la menace d’Aqmi sur l’Afrique de l’Ouest reste vive ». Il a ainsi rappelé que plusieurs pays avaient été touchés : le Mali avec l’attentat de Bamako le 20 novembre 2015, le Burkina Faso avec celui de Ouagadougou, la Côte d’Ivoire avec l’attentat de Grand Bassam et le Niger lors d’une attaque à Bosso.
Pour lui, « il y a clairement un enjeu régional en Afrique de l’Ouest et dans la bande sahélo-saharienne ». Les ministres ont décidé d’une série de mesures : en premier lieu le développement de campagnes de contre-propagande pour mieux lutter contre la propagande jihadiste et toucher le public jeune, particulièrement exposé à l’endoctrinement ».
Ensemble, les ministres de l’intérieur devraient mettre en œuvre un programme de mobilisation couvrant tous les aspects de la lutte antiterroriste avec des échanges de personnels et des exercices de terrain. Les 11 pays concernés sont les cinq états du G5 élargis à la Côte d’Ivoire, au Bénin, au Sénégal, à la Guinée, au Cameroun et au Togo.
L’un des objectifs de la rencontre de Paris était aussi de réfléchir à des stratégies pour un meilleur partage des expériences, notamment dans le domaine du renseignement. Pour certains observateurs, la réunion des ministres de l’intérieur peut améliorer la coopération entre les Etats dans la lutte contre le terrorisme et la rendre plus efficace.
Serge Daniel est journaliste-Écrivain, spécialiste des questions de sécurité. Il joint par Issa Fakaba Sissoko :
« Pour moi ce n’est pas une rencontre de plus, parce qu’elle prouve d’abord l’échec d’une autre structure qui était dans la région et qui était chargée de lutter contre le terrorisme dans le Sahel : c’était ce qu’on a appelé le fameux CEMOC (Comité d’état-major opération conjoint), qui était dirigé par l’Algérie et qui comprenait le Niger, le Mali et la Mauritanie. Mais ça n’a jamais fonctionné en réalité. Le G5 a donc été crée pour non seulement rendre plus opérationnelles et plus actives les actions contre le terrorisme, mais pour s’ouvrir à d’autres pays. Donc de ce point de vue, pour moi c’est très important de tenir cette rencontre. Aujourd’hui un terroriste qui agit dans le Sahel, par exemple au Nord du Mali, il peut aller commettre des attentats en France en prenant la route des immigrés clandestins. Il peut faire des attentats au Niger ou au Tchad. Donc c’est important que ces pays se retrouvent pour justement se comprendre sur le partage du renseignement, sur les stratégies à développer pour pouvoir lutter contre le terrorisme ».