L’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peuhl et la restauration de la justice annonce avoir déposé les armes et rejoindre le processus de paix. C’est son président qui l’a annoncé dans une interview. Selon Oumar Aldjana, son mouvement a été « démarché par certains responsables des groupes armés de la CMA pour une cessation des hostilités sur le terrain ».
En décidant de déposer les armes, l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peuhl annonce son intention d’intégrer le processus de paix. A ce stade les autorités maliennes n’ont pas commenté cette annonce.
Lancée en juin dernier, l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peuhl et la restauration de la justice, s’était fixée comme objectif de « défendre les civils peuhls victimes d’exactions ». Selon ses responsables, qui revendiquent 700 combattants, « l’organisation n’est ni jihadiste, ni indépendantiste ». Pourtant, elle avait déclaré l’armée malienne comme son « principal ennemi sur le terrain ».
Le mouvement avait ainsi revendiqué l’attaque de Nampala, avant d’être démenti par le groupe jihadiste Ançar-Dine.
Dans la région de Mopti, qui enregistre une forte concentration de la communauté peuhl , des élus avaient demandé l’ arrestation de ses responsables par les autorités. L’annonce de cessation des hostilités par le mouvement intervient au moment où le gouvernement vient de nommer les responsables chargés de la Commission de désarmement et de réintégration.
Cette décision de l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peuhl et la restauration de la justice fait suite à plusieurs discussions entreprises avec certains responsables des mouvements de la CMA. L’Alliance dit s’inscrire dans la logique du respect de l’intégrité du territoire et de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger.
Oumar Aldiana, responsable de l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peuhl, joint par Intala Ag Bilal.
« C’est après une longue démarche que nos frères des mouvements armés tel que la CPA nous a forcé la main à revenir dans le processus. Et d’ailleurs, il n’a jamais été question pour notre mouvement d’être contre l’intégrité du Mali ni de faire la guerre contre le Mali. Aujourd’hui, nous revenons à la logique sur nos droits et pour faire une paix dont le préalable est la justice et d’adhérer au processus de paix dans la nouvelle coordination du MSA, CJA, CPA en général et surtout d’être en alliance avec CPA en particulier. On veut passer ce message pour dire que pour le moment, l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peul et la restauration de la justice a déposé les armes et elle s’inscrit dans la logique de la paix. Notre alliance est dans le processus d’Alger. Elle est pour la stabilité du Mali, elle est pour l’intégrité territoriale du Mali ».
Donc à l’heure où nous parlons, l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peulh et la restauration de la justice a déposé les armés et est dans le processus de paix et de réconciliation ?
« A partir d’aujourd’hui, l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peuhl et la restauration de la justice dépose les armes jusqu’à nouvel ordre et soutient l’intégrité du pays ».
Pour Serge Daniel cette annonce est » une nouvelle importante pour le processus, même si le mouvement n’avait pas une très grande influence sur le terrain ». Selon lui cette volonté d’Oumar Aldiana d’intégrer le processus intervient alors que d’autres hauts responsables du mouvement avaient déjà claqué la porte.
Serge Daniel est journaliste-écrivain. Il est joint par Issa Fakaba Sissoko :
« Je crois que c’est une déclaration crédible, et je pense aussi qu’ils y étaient obligés. Vous savez qu’il y a eu une scission au sein de l’Alliance. M. Cissé, qui était le vice-président, avait dit qu’il claquait la porte pour rejoindre le processus. M. Aldjana, qui est le président du mouvement, était surpris et donc un peu en déphasage avec ce qui se passait sur le terrain. Évidemment, il a compris tout de suite que son intérêt était de rentrer dans le processus. Donc je pense qu’il y a des calculs derrière cette décision, calcul de pouvoir intégrer le processus pour défendre sa communauté. C’est important pour le processus de savoir que de manière volontaire, une alliance, un groupe armé , premier groupe identitaire à être crée au centre et qui a même revendiqué des attaques, dise que nous descendons, nous désarmons… Pour moi, c’est quelque chose de très important ».