Alors que les élections communales doivent se tenir dans une semaine, plusieurs localités du pays sont face à l’insécurité grandissante. Dans la nuit de vendredi à samedi, une attaque a visé une position de l’armée dans la région de Gao, tant dis que samedi, deux véhicules appartenant à une entreprise de construction de routes ont été enlevés dans la région de Tombouctou.
Selon des sources locales, l’attaque de vendredi a été perpétrée par des hommes armés à moto. Elle a visé une position de la garde nationale à Intahaka au sud de Gao. Plusieurs témoins font état de deux militaires blessés. L’identité des assaillants reste confuse pour le moment.
Alors que le groupe jihadiste Almourabitoune de l’Algérien Moktar Belmokhtar a revendiqué l’attaque, plusieurs sources pointent du doigt des éléments de la CMA. Une information démentie par celle-ci.
Du côté de l’armée, on explique que « l’attaque a été repoussée » sans plus de précision.
Le samedi, ce sont deux véhicules d’une entreprise privée de construction de routes qui ont été enlevés par des hommes armés. Pour l’instant, aucune information n’est disponible sur les auteurs de l’enlèvement, ni la destination qu’ils ont prise.
Ces attaques interviennent à une semaine des élections communales. Les autorités assurent toutefois « prendre les dispositions pour le bon déroulement des opérations de vote du 20 novembre prochain ». Dans un communiqué la CMA s’oppose à l’organisation de ces élections dans les localités qu’elle contrôle. Selon la Coordination des mouvements armés, « la tenue des élections à la date du 20 novembre viole les dispositions de l’accord pour la paix et la réconciliation ». A Mopti les préparatifs des élections se poursuivent normalement malgré la situation sécuritaire fragile. C’est ce que déclarent les autorités de la région. Selon le gouverneur, « le matériel électoral a été acheminé dans tous les cercles de la localité ». Sur le plan sécuritaire, « des mesures suffisantes ont été également prises».
Colonel Sidiki Samaké, gouverneur de la région de Mopti, joint par Mamoudou Bocoum : « En ce moment nous sommes réellement en pleine préparation des élections. Les matériels électoraux sont acheminés au niveau de tous les cercles et les différents préfets sont à pied d’œuvre pour déployer ces matériels là où ils peuvent être déployés ».
Quels sont les enjeux de ces élections ?
« Les enjeux, je crois que c’est pour qu’on puisse faire ces élections dans les meilleures des conditions possibles. C’est surtout un défi à relever et ce défi, je crois qu’on doit tout mettre en œuvre pour le relever ».
Est-ce que tout le territoire de la région de Mopti est concerné par ces élections communales?
« Je peux vous affirmer quand même que tous les cercles sont concernés par ces élections. Les forces de défense et de sécurité sont en train de planifier la sécurisation des élections sur toute l’étendue de la région. Là où les conditions de sécurité seront requises, c’est sûr que les opérations de vote pourront se faire dans les meilleures des conditions possibles, mais là où réellement les mesures de sécurité ne sont pas à un niveau raisonnable, c’est sûr et certain que les élections ne pourront se tenir là-bas ».
C’est donc dans le cadre du renforcement du processus électoral que la Délégation générale aux élections a lancé ce samedi les systèmes d’information des électeurs sur les centres et bureaux de vote. Elle a mis au point trois systèmes permettant aux électeurs de connaître à l’avance ou le jour du scrutin, leurs lieux et bureaux de vote. Trois cents agents techniques seront dans les grands centres urbains munis d’ordinateurs portables et de leur code barre pour fournir aux requérants toutes les informations dont ils ont besoin. Les organisations d’appui au processus électoral, elles, dénoncent « le manque de soutien de l’Etat » dans la supervision des opérations de vote. L’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali regrette que sur les 12 milliards débloqués pour ces élections, aucun quota n’ait été prévu pour la supervision des élections par les organisations de la société civile.
Ibrahim Sangho est président de l’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali. Il au micro de Mahamane Baba Kounta.
« Aujourd’hui l’Etat a un budget de 12 milliards de francs CFA pour l’organisation des élections communales, et il y a 0 franc CFA pour les organisations de la société civile. Ni du côté du gouvernement, ni du côté des partenaires techniques et financiers, on n’a senti un effort pour financer, pour accompagner les organisations de la société civile dans leur mission d’éducation civique, de sensibilisation des acteurs, de mobilisation des électeurs et aussi d’observation des élections. Cela ressemble à un match de football où il n’y a que deux équipes et leurs supporters qui jouent sans le public, sans les médias et sans l’arbitre. Donc, nous pensons que cela n’est pas inclusif et cela est de la responsabilité première de l’Etat qui organise les élections. Dans la démocratie il y a des parties prenantes et chacune doit jouer pleinement son rôle. Maintenant, si une partie n’est pas là pour jouer son rôle, cela risque d’amener au chaos ».