Le camp de la garde nationale, de la gendarmerie et une banque de Banamba ont été la cible d’une attaque hier par des groupes armés. Selon des témoins, un surveillant de prison est porté disparu. Les assaillants ont emporté 3 véhicules et 2 motos. Le ministre de la justice évoque l’évasion de 21 prisonniers après l’attaque et la mise en place prochaine d’une brigade d’intervention rapide et d’action au niveau des prisons.
Nouveau coup dur ce dimanche pour la Minusma. Un Casque bleu togolais et deux civils maliens ont été tués hier dans l’attaque d’un convoi de la Mission de maintien de la paix de l’ONU au Mali près de Douentza. Sept Casques bleus togolais ont par ailleurs été blessés, dont trois grièvement. Le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta, a réuni dans la soirée un conseil de défense restreint. Il « a donné des instructions pour que les forces de défense et de sécurité adoptent plus une position mobile et non plus statique dans le nord du pays ».
Une mine ou un engin explosif artisanal a explosé au passage d’un convoi des Casques bleus. L’explosion, qui a eu lieu vers 10H30, a été suivie par des tirs des assaillants à 45 km au nord de la ville de Douentza, dans la région de Mopti. Une enquête de la gendarmerie sera ouverte sur la présence de civils qui suivaient le convoi des Casques bleus au moment de l’attaque.
Par ailleurs, dans la région de Tombouctou, des hommes armés ont attaqué dimanche un camp de l’armée malienne. Le mouvement Ansar Dine a revendiqué dans la soirée soir cette attaque menée contre la base de Gourma Rhaous dans un communiqué diffusé en Mauritanie par l’Agence de presse Al-Akhbar. Le groupe jihadiste a affirmé avoir détruit six véhicules militaires avant de partir. Selon le communiqué, l’attaque, qui a eu lieu à 02h00 du matin, s’est terminée une heure et demie plus tard.
Enfin à Banamba, la nuit dernière, des bandits armés ont attaqué, le camp de la garde nationale, de la gendarmerie et une banque de la ville. Selon des témoins, un surveillant de prison est porté disparu. Les assaillants ont emporté 3 véhicules et 2 motos.
Suite à l’attaque du camp de la garde nationale et de la gendarmerie cette nuit à Banamba, 21 prisonniers ont réussi à s’évader. Selon le Ministre de la Justice, la sécurité des prisons devrait être renforcée et il est également question de mettre place une brigade d’intervention rapide et d’action au niveau des prisons du Mali.
Mamadou Ismaël Konaté Ministre de la Justice revient sur les faits au micro de Fatoumata Togola :
« À Banamba cette nuit il y a eu une attaque terroriste très malheureuse, qui a permis donc à ces terroristes d’attaquer la prison de libérer vingt et une personnes. Et visiblement parmi ces vingt et une personnes il y en avait vingt trois il y a une semaine. Heureusement que nous avons eu la jugeote de déplacer les deux personnes qui étaient des terroristes dangereux à la prison de Banamba qu’on a dû déplacer à Koulikoro. Sans doute qu’ils étaient à la recherche de ces deux personnes là. Mais il se trouve que nous avions pris des dispositions déjà pour les déplacer. Ça va être de plus en plus des attaques de cette nature et de ce genre et c’est pour ça qu’on renforce également la sécurité au sein des prisons mais aussi à l’extérieur des prisons. Et nous sommes en train aujourd’hui de finaliser les études de réflexions pour la mise en place d’une brigade d’intervention rapide et d’action au niveau des prisons du Mali ».
Ces attaques sont survenues alors que le ministre canadien de la Défense, Harjit Sajjan, était en visite au Mali. A cette occasion il a été reçu par le président Ibrahim Boubacar Keïta pour évoquer le possible déploiement de Casques bleus canadiens dans ce pays.
Les attaques contre l’armée malienne interviennent alors que la semaine dernière un soldat français de l’opération Barkhane était victime de l’explosion d’une mine au passage de son véhicule. Il a succombé plus tard à ses blessures, portant ainsi à 18 le nombre de militaires français morts au Mali. Pour le Ministre français de la Défense, « il s’agit d’un mort de trop ». Selon Jean Ives Le Drian, « IBK doit prendre de nouvelles initiatives pour la paix au Mali et remédier à l’instabilité politique ».
Le Ministre français de la Défense s’exprimait chez nos confrères d’« Europe 1 » :
« C’est vrai qu’il y a aujourd’hui au Mali deux instabilités : il y a une instabilité sécuritaire au Nord du Mali et puis il y a aussi une nécessité de remédier à l’instabilité qui existe aujourd’hui dans cette région. Je répète régulièrement au président Ibrahim Boubacar Keïta qu’il faut prendre les initiatives nécessaires pour assurer l’intégration des peuples du Nord dans la communauté malienne. Je souhaite que cette mort nouvelle supplémentaire aboutisse à une prise de conscience ».
Est-ce que la France a vocation de soutenir les régimes en place et être le gendarme des pays africains en difficulté ?
« Là en l’occurrence il y a notre propre sécurité que nous assurons, parce demain s’il y a de nouveau dans cette partie de l’Afrique, reconstitution de groupes terroristes avec une ampleur significative, c’est notre sécurité qui serait en cause ».