Le Conseil européen qui se réunit jusqu’à demain à Bruxelles étudie les moyens de limiter le flux des migrants qui fuient l’Afrique pour rejoindre l’Europe. Les membres du Conseil envisagent ainsi de conditionner les aides européennes en fonction des résultats qu’obtiendront les pays pour retenir sur le continent , ceux qui cherchent un avenir meilleur en franchissant la Méditerranée. Cette décision suscite de vives réactions au sein des associations maliennes de défense des immigrés qui dénoncent « une violation de la Déclaration universelle des droits de l’Homme ».
Au cours du Conseil, les chefs d’Etat et de gouvernement des pays de l’UE vont dire qu’ils veulent « des résultats mesurables dans la prévention de l’immigration illégale et le retour des migrants en situation irrégulière ». Pour cela, ils décideront de « créer et de mettre en œuvre les incitations nécessaires ». Derrière le langage diplomatique, se profile la menace d’une réduction de l’aide au développement et d’une baisse des échanges commerciaux avec les pays qui ne coopéreront pas.
Les autorités européennes veulent mettre en place des mesures plus strictes pour identifier les migrants illégaux et les renvoyer en Afrique par avion avant les prochains grands départs des côtes africaines au printemps prochain. Maniant aussi la carotte, les dirigeants des Vingt-Huit devraient en parallèle proposer une aide accrue et un traitement commercial préférentiel aux Etats souhaitant coopérer.
Cette nouvelle approche, proposée à l’origine par l’Italie, où débarquent la plupart des réfugiés en provenance d’Afrique, vise au départ cinq pays : le Nigeria, le Niger, le Sénégal, l’Ethiopie et le Mali.
Des organisations de migrants dénoncent déjà les mesures qui seront prises lors du Conseil Européen. Selon ces organisations, elles sont contraires à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Ousmane Diarra, président de l’Association malienne des expulsés l’AME l’Etat doit faire preuve de vigilance pour ne pas signer des accords qui ne profiteront pas au peuple.
Le président de l’AME est joint par Idrissa Sako.
« Nous, nous ne sommes pas pour cette initiative parce que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme a bel et bien dit que la liberté de circulation des personnes et leurs biens est un droit fondamental. Donc, si l’Europe veut fermer ses frontières, nous en tant qu’association des expulsés, nous ne pouvons que le dénoncer fortement et nous disons que nous ne sommes pas pour cela. Nous dénonçons aussi les Etats africains qui vont accompagner les Etats européens.
Quel peut être le message que vous lancez aux autorités maliennes pour que votre voix puisse être entendue ?
« C’est de dire à l’Etat malien de faire beaucoup attention sur le sujet de la migration, c’est un sujet très complexe et très compliqué. C’est de dire aussi à l’Etat malien d’être vigilant et de faire beaucoup attention pour pouvoir mieux sécuriser ses ressortissants. Une fois ça s’est passé lorsque Sarkozy voulait signer les accords de réadmission avec le Mali. Après le mouvement de la population, le gouvernement d’alors n’a pas voulu les signer. Je crois que le gouvernement actuel doit suivre les mêmes règles. Il ne doit pas suivre les pressions européennes pour signer certains accords abusifs ».