Demain lundi, la communauté musulmane du Mali célébrera la fête de Tabaski. Une célébration qui s’annonce dans un contexte assez difficile pour la majorité des fidèles musulmans à cause notamment de la vie chère et de l’insécurité qui sévit tant au nord qu’au centre du pays. Selon les religieux, cette journée est célébrée pour rendre grâce à Dieu tout en se rappelant de l’acte historique du Prophète Abraham. Cependant, de l’avis des imams, cette fête ne doit pas être détournée de son contexte réel fortement marqué par la spiritualité.
Mahmoud Dicko, résident du Haut Conseil Islamique est joint au téléphone par Ibrahima H.Diallo
« C’est une fête pour se mémoriser et se rappeler d’un acte qui a été commis depuis très longtemps par le Prophète Abraham. C’est au souvenir de cet acte qu’en réalité, on fête la Tabaski, on sacrifie un bélier pour remercier le tout-puissant par sa grâce. Cette pratique a été perpétuée par aussi le Prophète de l’Islam pour en faire une tradition musulmane. Mais ce qui se fait aujourd’hui, surtout, à Bamako ici, le fait d’en faire vraiment une journée où les enfants vont vaguer et puis la circulation devient difficile et les gens s’adonnent à beaucoup de choses qui n’ont rien à voir avec la fête en tant qu’une fête spirituelle. On doit se réjouir, mais qu’on n’oublie pas que c’est une fête religieuse donc une fête spirituelle et les gens doivent faire beaucoup attention pour mettre la fête dans son contexte réel, dans son contexte spirituel. »
Le rituel consistant à égorger son mouton à la maison, répond aux préceptes religieux, mais suscite d’autres interrogations qui ont trait au respect des normes de l’hygiène alimentaire. Ici au Mali un arrêté interministériel de l’inspection sanitaire interdit l’abattage de tout animal en dehors d’un abattoir public ou des aires d’abattage. Pour les services vétérinaires, une grande partie de ces abattages de moutons ne respecte pas les réglementations en matière de santé et peuvent entraîner des maladies transmissibles de l’animal à l’homme.
Dr Modibo Diarra, agent au laboratoire central vétérinaire de Sotuba est joint par Siaka Z. Traoré.
« Abattre un mouton en temps normal ou même n’importe quel animal destiné à la consommation humaine sans l’assistance d’un vétérinaire est formellement interdit. Il y a des lois qui régissent tout ça. L’abattage de mouton de Tabaski ne peut pas être considéré comme un abattage clandestin, mais le premier aspect important pour nous, ce sont les maladies qui peuvent être transmises de l’animal à l’homme et vis versa qu’on appelle les zoonoses. Sinon, les gens abattent n’importe où et dans les endroits où on peut être exposé à la contamination avec les mouches, les rats…, les viandes sont transportées dans des très mauvaises conditions. Autant que ce peut, achetez votre mouton un peu plutôt. Nourrir un mouton ce n’est pas facile, mais ça vous évite pas mal de désagréments. Les animaux, on les amène de partout, vous, vous allez l’acheter sur le marché. N’ayant pas beaucoup d’expériences, vous tombez sur un animal malade. Dans ce cas, si vous le voulez, vous aurez toutes les chances de trouver un vétérinaire qui puisse faire une inspection et vous donner des conseils. Si vous pouvez trouver aussi un vétérinaire le jour de l’abattage, ça c’est l’idéal »
Malgré l’insécurité ambiante, les habitants du nord comptent profiter de cette fête. Les festivités s’annoncent belles dans cette partie du Mali comme en témoignent les habitants de Niafunké, Bourem, Ansongo et Gao. Ils sont joints au téléphone par Juliette Coulibaly.
« La sécurité est relative, c’est pourquoi au niveau des autorités, les dispositions sont prises pour pouvoir assurer la tranquillité afin que la communauté musulmane de Gao puisse fêter dans la joie et dans l’allégresse, dans la tranquillité aussi. »
« A Bourem, ça va très bien. Ça se prépare bien. Les gens sont en train d’acheter des moutons. J’ai vu ce matin même des gens qui transportent des moutons, apparemment, ils viennent de la brousse pour les vendre ».
« Les produits sont chers. Il y a d’abord l’habillement. Il y a aussi les moutons qui sont excessivement chers. Quand on dit Tabaski, c’est la fête des moutons. »
« La fête de tabaski se prépare. Chez nous, il y a la sécurité. On entend parler des problèmes d’insécurité, alors qu’ici, on se sent sécurité. Il n’y a pas de problème. En tout cas, l’insécurité ne va jamais nous empêcher de fêter notre fête. »