La nouvelle loi électorale a été votée hier à l’Assemblée. 78 députés ont voté pour, 28 contre. Très contestée par l’opposition, cette loi électorale écarte tous les candidats qui n’ont pas dix députés et une caution de 25 millions de FCA. Cette nouvelle loi propose également une composition équitable entre majorité et opposition au sein de la CENI.
Les députés ont adopté hier à 78 voix contre 28 le nouveau code électoral après de houleux débats. Sur deux articles phares du nouveau code électoral adopté, les députés ont plutôt coupé la poire en deux. Il y a d’abord le nombre de parrainages de députés nécessaires pour valider une candidature à la présidentielle, ensuite, la caution pour chaque candidat à la présidentielle qui sera désormais de 25 millions de francs CFA. Pour l’opposition, « c’est une occasion ratée pour le gouvernement et la majorité de tirer les leçons des crises institutionnelles que notre pays a connues ».
Par ailleurs, dans le nouveau code électoral d’autres innovations : contrairement à l’ancien, les femmes sont mieux représentées. Les listes de candidature, sous peine de rejet, doivent désormais prendre en compte le genre pour 30 % de femmes au moins.
Compte ténu du contexte sécuritaire du pays, cette loi autorise aussi l’organisation d’élections communales décalées au cas où l’impossibilité de la tenue de ces élections au même moment serait constatée sur l’ensemble du territoire national.
Pour l’opposition, c’est un projet fait sur « format minima ». Elle déplore le fait que « les amendements qu’elle a eu à formuler n’ont pas été pris en compte ». Elle espère que le président de la République va renvoyer cette loi pour une seconde lecture.
Honorable Mody Ndiaye, député de l’Union pour la république et la démocratie(Urd) est joint au téléphone par Ibrahima H. Diallo
« Le projet de loi électorale qui vient d’être voté par l’Assemblée nationale nous a paru être encore une occasion ratée pour le gouvernement et pour la majorité, par ce que, faire une relecture pour prendre en compte des élections à venir, celles des députés, celles des collectivités et le Président de la République, ce projet devrait tenir compte de toutes les leçons de la crise institutionnelle que nous avons connue. Il devrait prendre en compte les réalités que les pays voisins ont vécues. Mais non malheureusement, il a été un projet fait sur format minima.
Maintenant qu’est ce vous que allez entreprendre comme action dans le futur contre cette loi finalement ?
Vous savez qu’en réalité, nous sommes des démocrates, nous espérons peut être que le Président va tenir compte du fait qu’il n’y a pas eu de débat de fonds par rapport à cette question et qu’il va renvoyer ce projet de loi pour une seconde lecture. Mais au delà de tout ça, si rien n’est fait, c’est la loi, nous sommes obligés de nous conformer à la loi ».
Les organisations féminines, qualifient cette loi de « discriminatoire » à l’égard des femmes. Selon elles, « le code électoral n’a pas pris en compte toutes les préoccupations formulées par les différents acteurs ».
Mme Kané Nana Sanou, secrétaire générale du Réseau des femmes africaines ministres et parlementaires du Mali (REFAMP) est jointe au téléphone par Idrissa Sako.
« La loi est votée hier, on ne s’est pas encore réuni pour voir concrètement ce qui est pris, ou ce que nous proposons. Mais, le réseau va se réunir. À propos du parrainage, ils avaient mis dans le projet de loi 15 députés et 5 conseillers nationaux. Finalement, ils ont adopté la loi avec 10 députés. Je crois que c’était la même chose dans l’ancienne loi. Ils ont quand même majoré la caution à 25 millions. Nous, on avait proposé 5 députés ou 5 conseillers communaux parce que les conseillers communaux sont différents des conseillers nationaux. Quand on dit conseillers nationaux, il s’agit des conseillers de la Haute Collectivité. Cela pose des problèmes à des femmes candidates. On va se mettre ensemble pour les aider à trouver ce parrainage-là. Nous avons dit aussi qu’il ne faut pas mettre la barre très haute parce que celui qui va payer 25 ou 30 millions pour se faire élire, une fois élu, il va d’abord chercher à récupérer ses 25 ou 30 millions. Il fallait plutôt mettre d’autres critères pour moraliser les candidatures. »