Le ministre de la défense, Tiéman Hubert Coulibaly, a été démis de ses fonctions dans le gouvernement. La nouvelle a été rendue publique ce samedi à l’issue d’un Conseil de défense convoqué par le président de la République. Ce conseil intervient alors que le vendredi dernier, des groupes armés avaient pris le contrôle de la localité de Boni après avoir sagacé des bâtiments administratifs. Ce limogeage intervient après une série d’attaques meurtrières contre l’armée au Nord et au Centre du pays.
Le nouveau ministre de la défense s’appelle désormais Abdoulaye Idrissa Maïga, précédemment ministre de l’administration territoriale. Il succédé ainsi à Tiéman Hubert Coulibaly. Selon plusieurs sources, le départ l’ex ministre de la défense est considéré comme « un limogeage ». Il intervient après une série d’attaques perpétrées contre l’armée, notamment dans le Centre du pays. La dernière en date est celle intervenue à Boni, entre Mopti et Gao, où des groupes armés avaient pris le contrôle de la localité et saccagé des bâtiments administratifs.
Le Conseil de défense tenu hier avait donc objectif de « faire le bilan de cette attaque et de prendre de nouvelles dispositions ». Le changement de ministre de la défense apparaît aux yeux de certains observateurs comme l’une de ces « nouvelles dispositions ».
C’est donc dans un contexte d’insécurité grandissante, que le nouveau ministre de la défense prend fonctions. Pour certains observateurs, il devra faire face à de nombreux défis. Après l’attaque de Nampala en juillet dernier,qui a fait 17 morts dans l’armée, l’opposition avait demandé la démission du ministre de la défense Tiéman Hubert Coulibaly. Aujourd’hui elle salue son départ, et selon elle « son successeur sera jugé à la tâche ».
Soumaïla Cissé, chef de fil de l’opposition, joint par Idrissa Sacko : « Nous avons demandé la démission du ministre. Ce n’est même pas un limogeage. Nous avons demandé à ce que le ministre lui même prenne l’initiative de démissionner du gouvernement pour conforter le sentiment général qu’il y avait à l’époque. Il y avait un mensonge d’Etat en ce qui concerne Nampala. Aujourd’hui comme on le dit en bambara «la direction que nous avons montrée c’est là que le soleil s’est levé». Je crois que l’opposition a eu, encore une fois, raison sur son analyse de la situation. Et c’est heureux qu’on commence enfin à ce que l’impunité ne soit pas la règle dans notre pays. On verra M. Maïga (son successeur) aux résultats. Je crois que les résultats seront devant tout le monde. Je pense que si l’insécurité diminue, tous les Maliens vont applaudir. Si l’insécurité continue et s’aggrave, nous allons encore dénoncer. Nous allons demander à lui aussi de quitter parce que le Mali a besoin de sécurité. Moi je ne préjuge sur rien, je ne fais aucun jugement de valeur sur qui que ce soit. Nous attendons les résultats et c’est ce qui compte pour le Malien ».Le nouveau ministre de la défense arrive donc dans un contexte de défis pour l’armée malienne, selon plusieurs observateurs. Parmi ces défis figurent « la nécessité de redéfinir la carte sécuritaire du pays, le renforcement du renseignement et permettre la montée en puissance de l’armée dans les zones qui échappent à son contrôle ».
Serge Daniel, journaliste – Ecrivain, au micro de Idrissa Sako : « Son principal défi, c’est de redéfinir la carte sécuritaire du pays. On est dans une situation où l’armée et la gendarmerie ne peuvent plus à elles seules assurer la sécurité sur tout le territoire national. A mon avis, il faut redéfinir cette carte sécuritaire. Aujourd’hui la région Centre devient « le nouveau carreau de feu » (permettez l’expression) placé dans le ventre du Mali. Il faut donc redéfinir cette carte sécuritaire. Ensuite, il y a l’armée qui n’est pas encore totalement montée en puissance, il faut que le renseignement soit la base de la sécurité au Nord et au Centre du pays. Aussi, on ne voit pas pourquoi, on ne peut pas par exemple nommer un gouverneur chargé de la sécurité de la région. En situation de crise, c’est peut être une solution. On peut l’appeler préfet de police si on veut. Quand on n’a pas les moyens de sa politique, on fait la politique de ses moyens ».