Après avoir été annoncées, puis différées, les élections locales auront lieu avant la fin de l’année. Les électeurs du Mali sont appelés à désigner le 20 novembre prochain leurs maires « sur toute l’étendue du territoire national ». Le Conseil des ministres a adopté hier un projet de décret portant convocation du collège électoral. Mais les organisations d’appui au processus électoral se montrent sceptiques quant au respect de ce calendrier au regard, disent-elles, de la situation sécuritaire tendue et du retard dans le retour des réfugiés et la mise en place des autorités intérimaires.
Dans le communiqué qui a suivi le Conseil, le gouvernement indique que le collège électoral sera convoqué le dimanche 20 novembre 2016 « sur toute l’étendue du territoire national pour procéder à l’élection des conseillers communaux ». La campagne électorale doit s’ouvrir « le 4 novembre et prendre fin le 18 novembre ». C’est le ministère de l’Administration territoriale qui sera chargé de « la préparation technique et matérielle » des élections , mais la supervision et le suivi des scrutins restent du ressort de la Commission électorale nationale indépendante.
Après avoir été différées en raison de l’instabilité du pays, les municipales élections avaient pourtant été annoncées a titre indicatif il y a quelques mois pour le 25 septembre. Ce calendrier mentionnait également la tenue d’un référendum constitutionnel le 27 novembre, des élections régionales et locales au cours du premier trimestre de 2017, ainsi qu’une présidentielle en juillet 2018 et des législatives quatre mois plus tard. A ce stade, le gouvernement n’a pas donné d’indication pour confirmer ou modifier cette programmation.
Les partis politiques de l’opposition que nous avons joints n’ont pas souhaité se prononcer « pour le moment » sur le calendrier. Des réunions au sein des directions des partis devraient avoir lieu « pour déterminer la position à adopter ».
Quant aux organisations d’appui au processus électoral, elles se montrent sceptiques quant au respect de ce calendrier. Selon elles, les mêmes raisons qui ont prévalues aux précédents reports restent d’actualité. Il s’agit, selon elles, de l’insécurité au Nord et au Centre du pays, du retard dans le retour des réfugiés et dans la mise en place des autorités intérimaires. Selon le président du Réseau d’appui au processus électoral au Mali, « il faut craindre un énième report ».
Dramane Diarra est président du Réseau APEM. Il est joint par Issa Fakaba Sissoko :
« Il s’agit de savoir, est-ce que cette énième date pour ces élections communales va tenir ? Il y a pourtant les conditions qui avaient prévalues aux différents reports, aux différents glissements du calendrier sont toujours d’actualité. Par exemple, la situation sécuritaire demeure préoccupante et on dirait même qu’il a eu un regain dans ce sens là. Au delà de ça, vous n’êtes pas sans savoir que la question du retour des réfugiés a été une préoccupation majeure aussi bien de nous les Maliens que des partenaires extérieurs. Là aussi, il n’y a pas d’avancée à ce niveau là. Alors, si les élections devaient se tenir le 20 novembre, est-ce que d’ici cette date là on va pouvoir faire rapatrier plus de 100 000 réfugiés ? Rien n’est sûr de cet angle là. Donc ça voudrait dire tout simplement que sommes nous dans la même configuration que lors des situations précédentes où il a eu le report de l’élection. Cela nous insiste à dire tout simplement que nous, nous sommes sûr de rien par rapport encore à ces nouvelles dates ».