L’ancien ministre de la défense a présenté ce matin sa communication sur les enjeux sécuritaires au Nord du Mali. Pour Soumeylou Boubeye Maïga, « le Mali est en mesure de faire face au terrorisme à condition de revoir la stratégie sur le terrain ». L’ancien chef des services de renseignement du Mali préconise également la mutualisation des capacités opérationnelles entre les pays. Pour le ministre Maïga, il doit être exclue toute négociation avec Ançardine et Iyad Ag Agaly.
Un an après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation, le Nord du Mali reste confronté à l’insécurité grandissante. Si les sanctuaires jihadistes ont été démantelés suite à l’opération Serval et Barkhane, certains groupes terroristes restent encore actifs, dont Ançardine. L’une des attaques les plus sanglantes depuis la signature de l’accord d’Alger, a été celle perpétrée contre le camp de Nampala. Revendiquée par le groupe jihadiste Ançardine, l’attaque avait fait 17 morts, une trentaine de blessés et 6 soldats disparus.
Pour l’ancien ministre de la défense, la situation sécuritaire du Mali est tendue à cause de la volonté des groupes opposés à l’accord d’étendre leur emprise territoriale sur le pays. Selon Soumeylou Boubeye Maïga, « le Mali est en mesure de faire face au terrorisme à condition de revoir la stratégie sur le terrain.
Soumeylou Boubeye Maïga, ancien ministre des affaires étrangères, est au micro de Ayouba Sow :
« Je pense que fondamentalement nous avons les moyens de faire face à l’insécurité à condition que nous révisions peut-être notre stratégie sur le terrain. Je suis d’accord toujours pour la mutualisation de nos capacités pour l’émergence d’un cadre de sécurité collective, mais la mutualisation doit reposer sur le renforcement des capacités nationales de chaque État. Et je pense que notre priorité, c’est d’avoir un outil militaire crédible, qui du fait de sa crédibilité peut non seulement assurer la sécurité de notre territoire et de nos populations, mais aussi, qui peut s’intégrer dans un dispositif régional ».
Malgré l’accord avec les groupes armés, Ançar-Dine et Iyad Ag Ghali restent actifs et se posent comme les vrais maîtres du nord et du sud. Finalement faut-il négocier avec Iyad ?
« Si nous révisions notre concept d’opération et de planification stratégique, je suis persuadé que nous pouvons maîtriser un peu tous les facteurs négatifs sur le terrain. Quand vous décidez de négocier avec quelqu’un, vous le légitimez quelque part. Quel est notre intérêt à légitimer des groupes terroristes et djihadistes? Je ne vois pas l’intérêt pour le moment ».
Toujours dans le cadre de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme, le président IBK a réaffirmé son « souci de faire en sorte que l’armée malienne puisse être équipée » afin de la permettre d’être au diapason des armées modernes. Pour donner aux Famas les moyens de leurs missions, le Mali met en œuvre un effort financier qui n’a pas été entrepris depuis 35 ans. Cette annonce a été faite hier à l’occasion de la sortie de la 37ème promotion de l’Ecole militaire inter-arme, baptisée Capitaine Sekou Traoré.
Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta :
« Tout Malien aujourd’hui soucieux de la sécurité de son pays, de la défense de son pays dans un monde en constant mouvement, a souci des forces armées du Mali. C’est pourquoi vous nous avez vu en Conseil supérieur de défense nous pencher sur l’état d’évolution et de mise en œuvre de la loi d’orientation et de programmation militaire. On m’a dit que l’effort financier qui est en œuvre actuellement n’a pas son pareil depuis 35 ans. Ce que nous avons vu ici aujourd’hui est de bonne facture, rend serein, rend optimiste. Ces jeunes gens de la 37ème promotion portent un nom fabuleux, le nom de ce jeune, Sékou Traoré, qui a consacré sa vie au Mali. Sa vie est un bel exemple qui doit nous servir tous. C’est pour tout cela que vous comprendriez qu’en tant que chef suprême des armées du Mali, je n’ai de cesse faire en sorte que chaque jour cette armée soit qualifiée en formation et en matériel, pour qu’elle soit à hauteur de sa mission, mission rigoureuse sur laquelle, je veille. Mais qui exige également de ma part de trouver des moyens pour que cette armée soit au diapason des armées modernes d’aujourd’hui. Au fur à mesure, de plus en plus et de mieux en mieux, nous ferons en sorte qu’elle soit à hauteur de mission ».
Cette 37ème promotion de l’EMIA a donc pris le nom d’un ancien étudiant de l’établissement entre 2002 et 2005. Le capitaine Sékou Traoré était le commandant de la 113ème Compagnie Nomade d’Aguel-Hoc au moment de sa mort. Il a été assassiné le 24 janvier 2012 lors de l’attaque du camp d’Aguelhoc par des groupes armés. Ses camarades retiennent de lui « un homme engagé pour son pays ». Selon eux, le baptême de la 37ème promotion de l’EMIA en son nom relève une symbolique forte et la reconnaissance du mérite de l’homme.
Fabou Kanté est un des camarades de classe du capitaine Sékou Traoré à l’Université. Voici son témoignage au micro d’Ayouba Sow :
« Il n’est pas suffisant, mais cela donne un déclic. Il est important. Cela permet d’attirer l’attention des uns et des autres que le Mali n’oublie pas ses fils qui se sont sacrifiés pour lui. Mais ce n’est pas suffisant parce que ce pourquoi il est mort, il faudra qu’ensemble nous cherchions à unir nos forces pour aller à bout de ce grand phénomène : un phénomène d’extrême violence. Moi, j’envoie un appel surtout aux autorités d’abord, de faire en sorte que nous ayons une armée forte, organisée, équipée et disciplinée. C’est en cela, à mon avis, que nous pouvons réellement rendre hommage à la mémoire de Sékou Traoré et à beaucoup d’autres officiers tombés sur le champ de l’honneur. Si le gouvernement arrive a prendre des dispositions, à poser des actions concrètes, audacieuses dans le cadre du renforcement du premier instrument de sécurité sociale qu’est l’armée, c’est vraiment dans ce sens qu’on pourra pleinement rendre hommage à la mémoire de Sékou Traoré et de beaucoup d’autres Maliens qui sont tombés sur le champ de l’honneur ».