Les responsables des groupes armés de la Plateforme et de la CMA devraient se rencontrer demain à Niamey pour une réunion d’explication et de sortie de crise. Cette réunion intervient après de fortes tensions entre le Gatia et le HCUA autour de « la gestion de la ville de Kidal ». Les divergences entre les deux communautés des ces deux regroupements a installé un climat tendu dans la ville, au point que les populations craignent désormais « un risque d’affrontement ».
Pour les groupes armés la réunion de Niamey se veut d’abord une réunion de médiation, dont l’objectif est de rapprocher les points de vue. La tension née, il y a quelques jours, entre le Gatia et le HCUA a détérioré les relations entre les deux mouvements qui cohabitaient dans la ville depuis les accords d’Annefis entre la CMA et la Plateforme.
Si le porte-parole de la Plateforme refuse de parler de tension, il reconnaît en revanche « une incompréhension entre deux communautés majeures » des deux mouvements « autour de l’interprétation d’un accord convenu à Annefis ». Cet accord, explique Me Harouna Touréh, est relatif à « la division des responsabilités, à un certain partage des pouvoirs sur le plan local, au niveau de la gouvernance locale ».
Les initiatives qui se sont multipliées à Bamako n’ont pas pu harmoniser les positions. Pour les responsables des groupes armés, la réunion de Niamey est donc cruciale pour envisager une sortie de crise. Ces tensions interviennent à Kidal alors que dans quelques jours, on annonce l’installation des autorités intérimaires.
Par ailleurs, le chef de l’État malien est en visite au Niger où il participe à la conférence du Conseil de l’entente sur la sécurité et le développement. Officiellement, la question de Kidal n’est pas inscrite à l’ordre du jour des échanges avec les autorités nigériennes. Mais selon certains observateurs, IBK devrait aborder le sujet avec son homologue nigérien en marge des travaux.
Selon des habitants, la tension était encore vive ce matin à Kidal entre les deux mouvements. La population vit toujours sous la crainte d’éventuels affrontements. Selon certains analystes, la réunion de Niamey pourrait permettre d’ « apaiser cette tension et favoriser un retour rapide à une situation normale » . Cela grâce aux mécanismes traditionnels de règlement des conflits.
Serge Daniel est journaliste- écrivain. Il est joint par Issa Fakaba Sissoko :
« Niamey c’est quand même un peu le prolongement du Nord du Mali. Vous savez les problèmes de sécurité et de développement dans ces zones là, ce sont des problèmes transversaux. Donc, ce qui intéresse le Mali, intéresse le Niger. Si ce dernier intervient au Mali, c’est une manière indirecte aussi de se protéger . Alors qu’est-ce qu’il faut attendre de cette réunion ? Vous savez qu’au Niger, au sein du monde politique et de la société civile, vous avez des personnes ressources qui connaissent parfaitement le Nord du Mali, mais qui ont des parents dans cette vaste zone. C’est une affaire de famille donc, je dirais. Je pense que la réunion de Niamey peut donner des résultats, parce que ce sont des moyens traditionnels de négociations qui seront mis en œuvre. Ce ne sera pas forcément autour d’une table, mais probablement autour d’un verre de thé, sous une tente (pourquoi pas?). Ça peut être aussi intéressant parce qu’il y a des problèmes qu’on ne peut forcément résoudre avec l’accord d’Alger. Je pense qu’ils vont essayer d’apaiser cette tension là, parce qu’on est dans une situation assez difficile actuellement ».