Roch Marc Christian Kaboré, le président du Burkina Faso dont le pays est le plus gros contributeur de troupes au sein de la Minusma, souhaite qu’une partie de ses hommes soient redéployés à la frontière avec le Mali. Il souhaite ainsi limiter les incursions d’éléments armés sur son territoire.
Roch Marc Christian Kaboré demande à la Minusma de pouvoir redéployer l’un de ses bataillons vers la frontière entre le Mali et le Burkina Faso. Selon lui, des discussions ont été engagées dans ce sens avec le représentant spécial de l’ONU à Dakar et avec le président IBK.
L’objectif étant, selon lui, de « sécuriser beaucoup plus la frontière du nord de son pays ». Selon le chef de la diplomatie burkinabè, Alpha Barry, le président Kaboré devrait « rediscuter » de la question avec le Secrétaire Général des Nations Unies Ban Ki-moon en marge du sommet sur le VIH/Sida prévu du 8 au 10 juin à New York.
Le Burkina Faso est le plus gros contributeur de troupes au sein de la Minusma avec deux bataillons de 850 hommes. Le premier est basé à Tombouctou et le deuxième près de Gao. Le Burkina Faso est devenu l’une des cibles des groupes terroristes sahéliens.
Depuis avril 2015, les attaques meurtrières à sa frontière nord avec le Mali sont fréquentes. L’attaque de Ouagadougou, le 15 janvier dernier, qui a fait 30 victimes et 71 blessés. Depuis le 15 avril 2015, six personnes, dont trois policiers, deux gendarmes et un civil, ont été tuées dans des localités situées au nord du Burkina Faso, frontalières du Mali et du Niger.
Pour certains observateurs, ce n’est pas la première fois qu’un contributeur à la Minusma déploie ses troupes à sa frontière avec le Mali. Toutefois selon eux, cette demande constitue un message de plus que la véritable lutte contre le terrorisme nécessite un changement de stratégie pour les forces onusiennes dans le contexte malien.
Souleymane Drabo est éditorialiste au quotidien national « L’Essor ». Il est joint par Issa Fakaba Sissoko :
« On peut imaginer que la Minusma peut déléguer une partie du contingent burkinabé pour sécuriser la frontière avec le Mali. C’est un travail qui est actuellement assuré par les Togolais, car ce sont eux qui sont plus installés dans la région de Mopti ».
Avec les multiples attaques dont elle est victime, est-ce qu’on peut dire aujourd’hui que la mission onusienne est dépassée par les événements au Mali ?
« Pour l’instant oui. On peut dire cela si on prend en compte la montée de l’insécurité dans le Nord du Mali, si on prend en compte les pertes subies par tout le monde (la Minusma, les FAMAS et même Barkhane qui, quand même, a du répondant)… On peut effectivement dire que la Minusma ne réussit pas sa mission au Mali, en tout cas pour le moment ».
Dans la perspective du renouvellement de son mandat, est-ce qu’on peut s’attendre a du nouveau ?
« Je pense que le gouvernement du Mali a de longues dates devant lui à continuer à demander qu’on muscle le mandat de la Minusma pour qu’elle puisse à l’instar de ce qui s’est passé au Zaïre, qu’on ait des unités combattantes qui puissent directement attaquer les éléments qui se livrent à des exactions sur la population. Le gouvernement était tout seul au début. Mais au fil des pertes et du développement de l’insécurité, tout le monde a rallié cette position qu’il faut renforcer le mandat de la Minusma ».