Un Casque bleu chinois et trois civils travaillant pour les Nations Unies à Gao, ont été tués dans une double attaque mardi soir. L’attaque a visé le camp de l’ONU et les locaux d’un prestataire de services de la mission au Mali. Trois autres Casques bleus ont été également « grièvement blessés » et plus de dix « membres du personnel de la Minusma, dont des civils » ont été légèrement blessés.
La première attaque s’est produite vers 20h45. Le camp de la MINUSMA, situé dans le quartier Château d’Eau à Gao, a été la cible de bombardements au mortier et de tirs de roquettes. Les explosions ont fait une victime, un casque bleu du contingent chinois. A ce bilan il faut ajouter trois casques bleus grièvement blessés et plus d’une dizaine de membres du personnel de la MINUSMA, dont des civils plus légèrement atteints.
Les informations préliminaires indiquent que des conteneurs de logement du personnel ont été détruits. La MINUSMA a déployé des hélicoptères d’attaques pour effectuer des surveillances aériennes et une force de réaction rapide a été déployée dans la ville.
L’attaque du camp de la MINUSMA a été suivie d’une seconde à l’arme légère qui a ciblé le local d’un prestataire de service de UNMAS, le Service de Lutte anti-mine des Nations Unies, situé dans un autre quartier de la ville le Gao.
Deux agents maliens d’une société de sécurité privée, qui gardaient le local et un expert international de la compagnie, ont été tués.
Le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies et Chef de la MINUSMA, Mahamat Saleh Annadif, a qualifié ces attaques « de vicieuses, lâches et totalement inacceptables » contre le camp de la MINUSMA. Par ailleurs, il a exhorté, le gouvernement malien et les autorités locales de Gao d’assurer que les responsables de ces crimes ignobles soient identifiés et traduits en justice ».
L’assaut a été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique, qui a précisé qu’il a été exécuté par des membres de Al-Mourabitoune, du chef jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar. Cette information a été rapportée par SITE, une organisation américaine qui surveille les sites internet islamistes. L’organisation jihadiste a promis de communiquer ultérieurement des détails sur l’opération.
Après l’attaque d’hier, la population de Gao est encore sous le choc. Selon des habitants, elle témoigne de la recrudescence de l’insécurité dans la région. Face à cette situation, la population demande « plus de réactivité des forces internationales et de l’armée malienne » . L’opinion publique locale estime également que « le renforcement de la confiance entre la population et les forces armées nationales et internationales, est indispensable ».
Moussa Souma Maïga est une des notabilités de Gao. Il est joint au téléphone par Issa Fakaba Sissoko :
« C’est vraiment dommage, la population est très inquiète parce qu’elle sent l’insécurité partout. Il n’y a pas du tout de sécurité à Gao malgré la présence de toutes ces forces. Dans les localités environnantes, c’est le même constat. A une dizaine de kilomètres, il n’y pas de sécurité. Donc il y a vraiment une insécurité incroyable. La population est sous le choc par rapport à ce qui s’est passé hier. Je demande au gouvernement plus d’efforts. Je sais que nos FAMAS sont en train de bénéficier de formations, des équipements, mais il faut plus. Elles ont besoin de plus de formations axées sur la lutte contre le terrorisme, plus d’effectif sur le terrain et plus d’équipements et plus mobilité.
S’agissant des forces internationales, je souhaite que le mandat de la Minusma soit plus robuste. Qui veut la paix, prépare la guerre. Il ne faut que la Minusma reste sur place et attendre qu’on l’attaque. Il faut qu’elle soit plus agressive ».
L’attaque de Gao est survenue le même jour où un un poste de police a été aussi attaqué hier soir par des assaillants non identifiés à Intagon dans la localité de l’Oudalan située à 4 km de la frontière avec le Burkina. Selon plusieurs sources, trois policiers burkinabès ont été tués.