Un des trois suspects arrêtés après l’attaque meurtrière la semaine dernière contre des Casques bleus tchadiens dans le nord-est du Mali est décédé en détention. L’information a été rendue publique samedi par la Minusma qui a décidé d’ouvrir une enquête sur ces événements.
La MINUSMA a constitué une équipe d’enquête interne pour « faire toute la lumière sur les circonstances de l’attaque d’Aguelhoc », y compris sur l’arrestation des trois suspects et du décès de l’un d’entre eux. Celui-ci a perdu la vie le 19 mai dans les heures ayant suivi son appréhension. La mission indique que cette enquête interne se poursuit. En attendant et pour des considérations procédurales, les deux individus arrêtés seront remis en liberté et reconduits à leur localité par la MINUSMA dès que possible. Le corps de la personne décédée a été transféré à Gao jeudi dernier. Suite à des consultations avec la Ministre de la justice, la dépouille mortelle sera remise dans « les plus brefs délais » aux autorités judiciaires locales de Gao pour toutes suites procédurales requises.
Cinq casques bleus tchadiens avaient été tués, et trois autres grièvement blessés mercredi lors d’une embuscade à Aguelhoc. L’embuscade avait été revendiquée par un cadre du groupe jihadiste malien Ansar Dine, allié à Al-Qaïda au Maghreb Islamique.
Après cette attaque contre la Minusma, c’est une position de l’armée malienne qui a été la cible d’une autre attaque ce week-end dans la région de Tombouctou. Il s’agit d’un check-point qui sert à la protection des travailleurs d’une entreprise française sur la route Goundam-Tombouctou. Le bilan fait état d’un mort et de quatre blessés, dont deux grièvement. Pour certains observateurs, la position géographique de Tombouctou rend difficile sa sécurisation. La région couvre à elle seule 40% du territoire national. D’où « le difficile le travail » des forces de l’ordre et de sécurité.
Ousmane Kornéo, spécialiste des questions sécuritaires, met en évidence la nécessité de la mise en œuvre rapide de l’accord de paix. Il est joint au téléphone par Mahamane Almaimoune :
« Ce qu’il faut reconnaître c’est sur cette route, il y a très peu de villages. Ce qui fait que quand ces gens là descendent dans le désert, il peuvent placer des armes, des explosifs, préparer des attaques, et dès qu’ils opèrent ils retournent dans le désert. Cela fait que les forces de sécurité qui sont installées à Tombouctou ou à Goundam et un peu plus à Douentza, ne peuvent pas surveiller correctement les déplacements des malfaiteurs et autres bandits opérant dans la zone. C’est une zone très sensible, très vulnérable. Ces bandits sont capables à distance d’identifier la nature du véhicule qui arrive et de préparer leur attaque. L’accord est vraiment en train d’aller sa phase ultime de sa mise en œuvre avec le cantonnement. Les combattants qui doivent être cantonnés ont besoin de vivre, s’adonnent à du banditisme pour pouvoir subvenir à leurs besoins. Pour eux, c’est donc une question de survie. Mais il y a aussi ces terroristes qui sont contre la mise en œuvre de l’accord et qui essayent de multiplier ces attaques pour freiner le processus ».