Près d’une quarantaine de personnes ont été arrêtées au cours de la semaine dans la région de Mopti, selon des sources sécuritaires. Elles sont toutes soupçonnées d’implication dans les récentes violences inter-communautaires qui y ont coûté la vie à une trentaine de civils.
Selon des sources policières, les arrestations ont eu lieu mercredi et jeudi. Au total « 37 personnes soupçonnées d’avoir attisé les violences inter-communautaire ont été arrêtées dans deux villages de la région », sans plus de précision. Elles ont été transférées à Mopti. Les suspects devraient être présentés prochainement à la justice.
Selon des responsables de l’enquête, certains des suspects seraient directement liés aux tueries. « Ils auraient pris des armes contre d’autres civils, d’autres auraient désigné des gens à attaquer ». Les violences se sont répétées depuis avril dans la région, entre communautés. Elles ont fait une trentaine de civils tués, d’après les associations de Peuls notamment « Dental Pulaku ».
Ces violences ont également poussé de nombreux civils peuls à fuir les lieux des affrontements. Une mission officielle s’est rendue la semaine dernière sur place pour apaiser les tensions, mais sur le terrain le calme reste relatif.
A Mopti, les autorités suivent de près les événements de Ténenkou. Selon un élu local, l’arrestation des premiers suspects permettra de « situer les responsabilités et de mieux cerner les causes profondes des affrontements ». Cependant, selon lui, l’Etat doit réaffirmer son autorité sur toutes les localités du pays et sévir face à des situations de ce genre.
Oumar Bathily est maire de la commune urbaine de Mopti. Il est joint au téléphone par Issa Fakaba Sissoko :
« Dans la région de Mopti, l’exploitation même de l’espace posait problème. Par le passé, c’était des conflits liés à l’exploitation de l’espace. Mais maintenant ce n’est pas le cas. A la faveur de l’insécurité généralisée dans la région, nous assistons à d’autres formes de conflits que nous n’avons jamais vus. Malheureusement c’est le cas de Ténenkou. Je pense qu’il y avait plusieurs facteurs. La situation était dégradée, mais ça couvait depuis très longtemps. L’Etat n’est pas présent sur le territoire à ce niveau, deuxièmement, cette situation de suspicion entre les communautés qui vivaient pourtant en parfaite symbiose dans la localité, il y avait cas même des systèmes de règlement des conflits. Mais maintenant avec cette situation de crise généralisée, avec la chasse aux sorcières parfois, la donne a changé. Quand on dit que celui-là a l’étiquette jihadiste ou pas, de part son accoutrement, c’est une confusion totale. Ça c’est des situations qui favorisent l’éclatement. Face à cela, c’est l’Etat même qui doit prendre ses responsabilités ».