La tension reste vive à Yélimané malgré la libération hier du porte-parole de l’Association pour le développement du cercle, Bakary Diambou. Pourtant, le préfet de la localité, Makan Sissoko, constate « un calme dans la ville ». Le ministre de l’administration territoriale, lui, est attendu dans la ville demain où il doit échanger avec les protagonistes.
Les relations sont toujours tendues à Yélimané entre les autorités locales et les membres de l’Association pour le développement de la localité. Plusieurs dizaines de femmes sont toujours mobilisées et exigent « la restitution du matériel sanitaire destiné au centre de santé ». Les autorités locales sont soupçonnées d’avoir « détourné ces matériels ». Les femmes blessées dans les manifestations de mardi sont soignées à Kayes, tant dis que les membres de l’association restent mobilisés et exigent « la levée de l’interdiction qui frappe leur association et le contrôle judiciaire à l’encontre d’une quarantaine de ses militants qui étaient en prison à Yélimané ».
Sadio Niakaté est une des notabilités de Yélimané et président de l’Association pour le développement de la localité. Il est joint au téléphone par Issa Fakaba Sissoko :
« Nous, nous avons pensé que c’est notre droit de manifester. La libération de Bakary Diambou n’était pas la seule revendication. Le calme n’est pas du tout revenu. Les femmes ont été torturées, frappées et jetées dans le véhicule. Un procureur est là, le juge d’instruction est là, et ils n’ont rien dit, l’Etat n’a rien fait. Nous, nous pensons que nous sommes dans un Etat de droit. Nous voulons donc que le président de la République prenne notre préoccupation en compte : la TDRL qu’on paye (taxe de développement local), on ne sait où est la destination. Les taxes de la voirie, pendant 16 ans nous les payons, mais on voit rien comme impact. Il faut donc que le gouvernement s’assume. C’est ce qu’on veut. On sait que le Mali est un pays d’Etat de droit. Frapper les femmes ? Ceci est inadmissible. Nous sommes des citoyens maliens comme tout le monde. Personne ne peut nous diviser ».
Le préfet du cercle de Yélimané constate de son côté une « situation calme » dans la ville après la libération de Bakary Diambou. En revanche, selon lui, « il est impossible de satisfaire les autres revendications des manifestants ». S’agissant des accusations de mauvaise gestion des ressources locales par les autorités, le préfet récuse, et dénonce « le non paiement des impôts par les populations ».
Makan Sissoko, préfet du cercle de Yélimané, joint par Issa Fakaba Sissoko :
« L’Association est interdite d’activité depuis plusieurs mois et la suspension n’est pas levée. Pour la diminution du taux des impôts de 1000, cela n’est pas possible. C’est une loi de la République qui fixe et gère les taux des impôts dans tous les cercles du Mali. Donc, on ne peut diminuer l’impôt d’un seul cercle au profit de tous les autres cercles du Mali. Cela n’est pas possible ».
Les manifestantes dénoncent aussi ce qu’elles appellent « la mauvaise gestion des ressources du cercle ». Est-ce que vous confirmez cette « mauvaise gestion » ?
« Je ne confirme pas cette mauvaise gestion. Toutes les collectivités font des restitutions publiques. Lors de ces restitutions, les citoyens sont libres de poser au maire toutes les questions qu’ils veulent sur la gestion des taxes et impôts de la commune. L’année dernière, il n’y pas eu de restitution dans plusieurs communes parce qu’il n’y a pas eu de ressources. On ne peut pas parler de mauvaise gestion surtout qu’il y a des communes qui sont à trois à quatre mois sans paiement des salaires des fonctionnaires des collectivités. Tout ce qu’on veut, c’est la démocratie et le respect des lois. Il y a les lois de recours pour se plaindre, et toutes les portes sont ouvertes pour ça. Mais s’opposer à l’Etat, à l’autorité pour une revendication, ça ce n’est pas bon ».
Quatre ministres étaient annoncés à Yélimané aujourd’hui. Finalement c’est le ministre de l’administration territoriale qui est attendu demain. Il devrait rencontrer les autorités et les membres de l’association. Mais ces derniers disent n’avoir pas été informés de cette visite.