Mouvement de colère des populations de Yélimané. Une marche pacifique organisée hier par un groupe de femmes a été réprimée par la gendarmerie. Selon des sources locales, 6 personnes ont été blessées, dont deux grièvement. Des associations de ressortissants de Yélimané ont organisé vendredi et lundi dernier des sit-in respectivement devant les ambassades du Mali à Paris et à New York. Ses responsables dénoncent « la mauvaise gestion » par les autorités locales des fonds envoyés par les immigrés.
Selon des sources locales, cette marche des femmes de Yélimané fait suite à des soupçons de « détournement du matériel sanitaire » destiné au centre de santé de la localité par des autorités locales.
Vendredi dernier, l’association des ressortissants de Yélimané a organisé un sit-in devant l’ambassade du Mali à Paris. Ce lundi, le mouvement a été suivi par les ressortissants de Sarakolé et d’autres communautés maliennes vivant aux Etats Unis, qui, elles aussi, ont organisé un sit-in devant le consulat du Mali à New York.
Tous dénoncent « la mauvaise gestion des ressources locales » par les autorités de la localité et demandent « la levée de l’interdiction qui frappe leur association au Mali et du contrôle judiciaire à l’encontre de certains membres de ladite association emprisonnés à Yélimané ». Les manifestants réclament également la libération du porte-parole de l’association Bakary Diambou arrêté au Mali pour « incitation à la violence ».
Aujourd’hui un calme relatif règne à Yélimané en attendant l’arrivée d’une délégation officielle de plusieurs ministres prévue demain dans la ville. Sur place une source rapporte qu’une cinquantaine de femmes venues des villages voisins sont arrivées dans la ville ce matin pour participer à des manifestations.
Après les manifestations d’hier, des responsables de l’Association pour le développement du cercle de Yélimané sont au chevet des blessés à Kayes . Ils s’interrogent sur « les vraies motivations d’une telle répression sur des manifestantes qui n’ont réclamé qu’une bonne gestion des ressources locales ». L’association interpelle le gouvernement face à « la nécessite de réagir ».
Ladji Sacko est secrétaire aux relations extérieures de l’Association pour le développement du cercle de Yélimané. Il est joint par Issa Fakaba Sissoko :
« Les manifestantes voulaient juste pour réclamer leur droit, et ce droit leur a été refusé. Les gardes qui étaient au Palais de justice ont tout fait, en appelant d’autres gardes, pour venir tabasser ces femmes. Nous avons trois personnes grièvement blessées, deux étaient dans le coma, une vient d’en sortir. On est là à l’hôpital de Kayes pour des soins. C’est une association, juste une association qui est venue en aide aux administrés de Yélimané, en aide à l’Etat. Nous ne demandons pas à l’Etat de faire tout, cela est sûr comme partout, mais l’apport de la population est très important sur le développement. Nous avons constaté que l’hôpital de Yélimané n’a même pas d’électricité. Et quand les femmes accouchent, le soignants sont obligés de prendre des torches pour soulager la douleur de ces femmes là. Nous avons dit que ce n’est plus possible. Nous avons voulu un dialogue apaisé. Les autorités ont toujours fermé ces portes, ils ont toujours refusé nos médias, toujours refusé ce que nous proposons ».
Selon des sources judiciaires, le porte-parole de l’association pour le développement du cercle de Yélimané Bakary Diambou a été remis en liberté provisoire cet après midi. Nos tentatives pour faire réagir les autorités locales de Yélimané n’ont pas abouti . A Bamako, le député de la localité, Mamadou Awa Gassama, n’a pas souhaité faire de commentaire. Il dit attendre l’arrivée de la délégation ministérielle dans la ville.