24 morts, 5 blessés : c’est le bilan à ce jour des affrontements inter-communautaires survenus cette semaine dans la commune de Kareri entre Peuhl et Bambara. Ce bilan a été communiqué aujourd’hui par le préfet du cercle de Ténenkou. Selon Makan Doumbia, les hostilités ont cessé et une commission travaille « à apaiser les tensions et à promouvoir le dialogue inter-communautaire ».
Un calme précaire semble donc régner aujourd’hui dans la commune de Kareri, cercle de Ténenkou. Cette localité de la région de Mopti a été le théâtre de violents affrontements cette semaine entre Peuhl et Bambara. Le conflit a été provoqué par l’assassinat du 3ème adjoint au maire de la commune de Kareri par des individus armés soupçonnés d’ « appartenir à la communauté peuhl ». En représailles, les proches de ce dernier se sont attaqués aux familles peuhl. Le bilan actuel, selon le préfet de Ténenkou, est de 24 morts et 5 blessés. Une délégation gouvernementale de trois ministres et 4 députés se sont rendus hier sur les lieux. Selon des sources sur place, les communautés se sont engagées à cesser les hostilités.
Makan Doumbia est le préfet du cercle de Ténenkou. Il est joint au téléphone par Issa Fakaba Sissoko :
« Maintenant le calme est revenu. Les communautés se sont engagées et ont rassuré la mission gouvernementale de la fin totale des hostilités entre elles. Nous nous proposons aussi de nous rendre dans le village de Maleimana où les affrontements ont eu lieu. Tout cela dans le sens de présenter nos condoléances et faire en sorte que de tels événements ne se reproduisent plus. Il n’y a pas eu d’autres morts, et il n’y a pas eu d’autres affrontements. Hier encore la rumeur circulait faisant croire que les Peulh se préparaient à riposter. Mais en réalité il n’en est rien. Car je suis resté en veille pendant toute la nuit d’hier. A présent je suis en contact permanent avec les acteurs sur les lieux afin de nous signaler toute éventualité pour que nous puissions anticiper. Les gens doivent savoir que Bambara ou Peulh, le Mali est très riche et grand par sa diversité ».
L’ONG Human Rights Watch a, dans un communiqué, exprimé son inquiétude face à ces affrontements inter-communautaires. L’organisation de défense des droits de l’Homme demande aux autorités maliennes de « protéger les membres de toutes les communautés » et « d’ouvrir rapidement une enquête pour traduire les auteurs devant la justice ».
Les conflits inter-communautaires sont récurrents dans plusieurs localités du Mali. Mais dans la région de Mopti, « ils sont la conséquence de l’absence de l’Etat », selon le maire de cette commune. Selon lui, « il est important de s’attaquer à la racine du mal et de promouvoir le dialogue inter-communautaire ».
Oumar Bathily est le maire de la commune urbaine de Mopti. Il était l’invité de notre émission « Grand Dialogue » d’hier :
« Les conflits inter communautaires au niveau de la région de Mopti, précisément dans le cercle de Youwarou et de Ténenkou, sont récurrents. Et je vous fais savoir que cela est dû surtout à l’absence de l’Etat qui doit exercer la puissance publique sur toute l’étendue du territoire national. Pour le moment je pense que on a joué au pompier, les choses se sont calmées, mais faudrait-il qu’on s’attaque à la racine du mal pour que on puisse vraiment palier pour de bon ce phénomène d’insécurité. Cela à travers d’abord la présence effective de l’Etat, le dialogue inter communautaire. Je vous fais remarquer que ces communautés ont toujours vécu en symbiose depuis la nuit de temps. C’est pas maintenant que le contraire va se produire ».