Le 1er mai a été célébré au Mali par les différentes centrales syndicales. Si l’UNTM a organisé son traditionnel défilé sur le Boulevard de l’Indépendance en présence de certains membres du gouvernement, la CSTM a préféré la formule d’un meeting au ton dur contre le gouvernement. Tant dis que la Centrale démocratique des travailleurs du Mali a organisé une conférence débat sur la protection sociale des travailleurs.
Les travailleurs maliens affiliés à l’Union Nationale des Travailleurs du Mali, UNTM, ont défilé en devant des membres du gouvernement et le secrétaire général, Yacouba Katilé. Placée sous le signe de la réconciliation nationale, la fête des travailleurs a été l’occasion pour les responsables de l’UNTM de mettre l’accent sur les acquis de revendications auprès du Gouvernement. Cependant, préviennent-ils, « ce qui reste est plus important ». L’UNTM dénonce les cas de « violations graves » des libertés syndicales, notamment dans les écoles privées.
Maouloud Ben Kattra est secrétaire général adjoint de l’UNTM. Il est au micro de Idrissa Sako :
« Les acquis : je peux parler de la valeur du point d’indice, les allocations familiales, l’augmentation du SMIG. Les acquis, c’est aussi l’impôt sur les traitements des salaires. Mais ces acquis ne sont rien par rapport à ce qui reste, même si cela n’a pas de conséquences financières, il a des conséquences beaucoup plus morales pour l’ensemble des travailleurs de notre pays. S’agissant des cas de violations des libertés syndicales dans les écoles privées, nous les avons dénoncés en rappelant les références de ces deux conventions fondamentales de notre pays. Nous avons écrit à qui de droit, nous avons fait des set-in, nous avons fait des conférences de presse et dans les jours à venir des actions d’envergures seront entreprises par le Syndicat national de l’éducation et la culture, mais surtout par l’UNTM ».
La Confédération Syndicale des travailleurs du Mali, CSTM, n’a pas souhaité défilé ce 1er mai. La formule d’un meeting à son siège a été adoptée. Il a été placé sous le signe du « respect des droits et libertés dans un Mali uni et indivisible ». A ce meeting aucun membre du gouvernement n’était présent. Le secrétaire général de la CSTM a rappelé certains acquis de 2015, mais dénonce « la mauvaise gouvernance et les violations des droits du travail et des libertés syndicales dans certaines entreprises, notamment minières ». La CSTM projette une grève de 48 heures la semaine prochaine et une marche le 12 mai, si les négociations avec le gouvernement n’aboutiraient pas.
Hamadoun Amion Guindo, Secrétaire Général de la CSTM est au micro de Ayouba Sow :
« En 2016 nous avons observé une grève de 48 heures les 21 et 22 mars et organisé une marche pacifique de protestation le 21 Avril dernier. Au titre des acquis, nous pouvons citer entre autres l’augmentation du SMIG de 50%, l’augmentation de la valeur indiciaire de 20% et de la pension des retraités de la caisse malienne de sécurité sociale, l’augmentation de 5% de la pension des retraités de l’INPS, l’intégration de tous les enseignants dans la seule fonction publique de l’état. Le constat des choses est amère et nous n’avons pas peur de la vérité et encore moins des mots. Le gouvernement, le conseil national du patronat du Mali et la CSTM sont en négociation sur les points de revendication de notre préavis de grève du mardi 03 au mercredi 04 déposé le 31 mars 2016. En attendant, le préavis de grève reste maintenu tout comme la marche nationale du 12 mai 2016 ».
De son côté, la Centrale Démocratique des Travailleurs du Mali a organisé une conférence débat samedi pour célébrer la fête du 1er mai. Cette conférence avait pour thème « la protection sociale des travailleurs, bilan et perspectives ». Cette fête du travail intervient donc au Mali dans un contexte de division syndicale. Mais pour la CDTM, « la multiplication des centrales syndicales n’est pas une division, mais une richesse syndicale ».
Mme Sidibé Dédéou Ousmane est secrétaire générale de la Centrale Démocratique des Travailleurs du Mali. Elle au micro de Mahamane Baba Kounta :
« Le Mali n’a que quatre centrales syndicales reconnues jusqu’ici et des syndicats de branche. Vous prenez un pays comme le Burkina Faso il y a sept centrales syndicales, il y a vingt deux centrales syndicales au Sénégal, plus de cent centrales syndicales en Mauritanie. Pour vous dire vraiment que le fait d’avoir des centrales syndicales n’est pas une mauvaise chose, car c’est dans la Constitution de la République du Mali. Mais là où le bât blesse, dans le cas du Mali actuellement les centrales syndicales ne travaillent pas ensemble, donc il faut absolument qu’on aille vers cette solidarité syndicale. Nous avons présenté un cahier de doléances en moins d’une année d’existence avec trente trois points de recommandations. Et sur les trente trois points, un point a été retiré et trente points ont fait l’objet d’accord avec le gouvernement. Pour les deux points restés en suspend, ils sont à l’étude et bientôt nous allons reprendre les négociations autour uniquement de ces deux points ».