Les juges de la Cour pénale internationale ont confirmé jeudi l’inculpation de crime de guerre contre Ahmad Al Faqi Al Mahdi pour la destruction de mausolées protégés par l’Unesco à Tombouctou en 2012. Cette décision va le renvoyer « devant une chambre de première instance », ce qui ouvre la voie à un procès.
La chambre a jugé que les preuves présentées par le procureur étaient suffisantes pour donner des motifs substantiels de croire Ahmad Al Mahdi pénalement responsable de la commission du crime de guerre que lui reproche le Procureur de la CPI. Ahmad Al Faqi Al Mahdi, est le premier jihadiste écroué par la CPI. Selon l’accusation, il a été l’un des chefs d’Ansar Dine. Les défenseurs de Ahmad Al Faqi estiment qu’il est « un intellectuel instruit soucieux du bien collectif ». A leurs yeux leur client n’a pas attaqué des tombeaux mais mis en œuvre des moyens qui visent à libérer les tombeaux d’éléments qui ont été construits dessus. Ahmad Al Faqi est le premier suspect arrêté dans l’enquête de la Cour sur les violences de 2012-2013 au Mali et le premier poursuivi par la CPI pour destructions d’édifices religieux et monuments historiques.
Ahmad Al Faqi Al Mahdi, a l’intention de plaider coupable. C’est ce qu’a annoncé hier le procureur, soulignant qu’il s’agissait d’une première pour la Cour. L’accusé « a exprimé son désir de plaider coupable » lors de l’audience de confirmation des charges, a précisé le procureur dans un communiqué. Pour l’AMDH «Ahmad Al Faqi n’avait pas d’autre choix que de plaider coupable». Toutefois ses responsables demandent aussi l’élargissement des charges contre lui.
Me Moctar Mariko président de l’AMDH est joint au téléphone par Fatoumata Togola :
»Vu toutes les charges qu’on voulait étendre sur lui, le fait qu’il s’en tire avec uniquement les crimes de guerre, destruction de mausolées, ça c’est le minimum auquel il pouvait s’attendre. Mais nous, nous voulons que vraiment les charges soient étendues aux violences sexuelles parce que ce monsieur était le chef de la »HESBAH » , ce qu’on appelle la brigade des mœurs. Donc dans les locaux de cette brigade des mœurs, il y a eu beaucoup de violences sur les femmes. Et nous voulons que les charges soient étendues à ces violences sexuelles là et à d’autres crimes qu’il aurait pu commettre parce que c’était les patrons de Tombouctou au moment de l’occupation. Il n’avait pas d’autre choix que de plaider coupable quant à la destruction des mausolées parce qu’il y a beaucoup de preuves, beaucoup d’images et la CPI n’avait même pas besoin de se déplacer au Mali pour enquêter parce que les images en disaient vraiment long sur sa culpabilité. »