L’Aménokal, Mohamed Ag Intalla, qui est par ailleurs député du parti présidentiel à l’Assemblée nationale souhaite des discussions avec les jihadistes pour mettre fin aux violences dans le nord. Dans un entretien avec l’AFP le chef touareg de la tribu des Ifoghas a appelé l’Etat malien à engager des négociations avec les jihadistes afin d’isoler ceux venant de l’ étranger.
Mohamed Ag Intalla, dont Kidal, est le fief, a appelé à « aller vite » dans la recherche d’une solution contre le jihadisme. Selon lui les jihadistes maliens, qui au départ étaient minoritaires, sont aujourd’hui, « les plus nombreux » de cette mouvance dans le pays. Pour Mohamed Ag Intalla il est temps » d’engager des discussions avec les jihadistes maliens. » Selon l’Aménokal ces derniers pourront aider le Mali à se débarrasser des jihadistes venus d’ailleurs. Pour lui « c’est mieux ainsi » Dans son entretien avec l’AFP il cite en exemple les américains qui ont du se résoudre à négocier avec les talibans en Afghanistan et les algériens qui ont discuté avec les islamistes. Mohamed Ag Intalla estime qu’il faut démontrer à ceux qui prônent « la charia et qu’il faut couper des mains, sont dépassés » Le président Ibrahim Boubacar Keïta a toujours exclu de négocier avec Iyad Ag Ghaly, mais au sein du gouvernement, certains responsables se disent ouverts à un dialogue avec les jihadistes qui n’auraient « pas de sang sur les mains ».
Le dialogue entre Iyad et le gouvernement pose question selon certains observateurs. C’est le cas d’André Bourgeot chercheur au CNRS et spécialiste du sahel. Selon lui, avant de poser l’hypothèse d’un éventuel dialogue avec Iyad Ag Ghaly, il faudrait que la justice se prononce sur son sort parce qu’il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international.
André Bourgeot chercheur et spécialiste du sahel.
» Iyad Ag Ghaly fait l’objet de mandat d’arrêt international donc avant de poser le problème d’un éventuel dialogue avec Iyad Ag Ghaly il faut aussi que la justice se prononce c’est quand même quelqu’un qui a beaucoup de sang sur les mains. Il ne faut pas quand même oublier les actions qu’il a menées aussi sur Kidal et qu’il continue à mener y compris sous forme de menace actuelle à l’égard de la prochaine réunion qui aura lieu à Kidal du 27 au 30 mars. Donc l’argument qu’ils ont juste à dire, il faut d’abord dialoguer puis ensuite négocier avec Iyad. Ça voudrait dire que dans ce genre de propos il y aurait d’un côté les bons jihadistes à savoir les jihadistes maliens et de l’autre côté les mauvais jihadistes qui seraient des jihadistes étrangers. Je considère quand même que c’est une distinction qui me parait quand même un peu hasardeuse. »
Parallèlement à ce débat les préparatifs du Forum de Kidal se font petit à petit selon les habitants. Ils estiment que ces préparatifs alimentent surtout des débats et des réunions et qu’ils manquent d’initiatives concrètes. Par contre la plate forme et le Gatia ont commencé à aménager un quartier.
Écoutons cet habitant de Kidal sous couvert d’anonymat joint au téléphone par Fatoumata Togola :
»Les préparatifs, on en voit pas trop. C’est à dire que les préparatifs sont plus dans les causeries, débats et autres dans la bouche des gens que sur le terrain. Les populations qui sont acquises à la Plateforme ont commencé dans un quartier de Kidal qui s’appelle Intidbane. Ils ont déjà commencé à construire des tentes pour accueillir leurs délégations qui vont venir de Bamako, du Mali et un peu partout. Donc les éléments du Gatia aussi qui sont là bas ont commencé à sécuriser le quartier. Et ce qui concerne le reste de la ville même il y a une certaine confusion et à cela s’ajoute la menace jihadiste parce que Iyad à déjà dit qu’il est contre la tenue du forum et qu’ils feront tout pour le perturber. Donc il y a beaucoup de gens qui sont effrayés par ces menaces et les prennent au sérieux ».