L’opération Barkhane a succédé depuis 16 mois à l’opération Serval. Depuis, le dispositif français a été réorganisé entre les différents pays de la région. A ce jour 400 opérations militaires et patrouilles ont été menées, ayant permis de mettre hors de combat 125 terroristes. Mais dans plusieurs localités du Nord, des groupes jihadistes restent actifs.
La nature de la présence des militaires français a également changé pour faire de la traque contre les terroristes sa priorité au Sahel. Hier deux officiers en fin de mission au Mali ont été décorés par les autorités maliennes.
L’opération Barkhane a été lancée le 1er août 2014. Elle répond à une triple logique : Partenariat avec les pays du « G5 Sahel », soutien à la Minusma, et prise en compte des menaces transfrontalières. Composée de 3000 hommes, la force Barkhane intervient sur un territoire vaste comme l’Europe. C’est aujourd’hui le plus important déploiement français en opération extérieure.
Les deux principaux points d’appui des troupes au sol se situent à Gao et à N’Djamena. Celles-ci sont appuyées par des moyens aériens, 12 hélicoptères 8 avions de combat et deux drones. La mission de Barkhane est de lutter en priorité contre les groupes terroristes. A ce jour, elle a saisi et détruit 20 tonnes de munitions lors de la fouille de 150 caches.
Toujours au cours de ses opérations, Barkhane a découvert 3 tonnes et demi de drogue, 25 véhicules et 80 appareils électroniques. L’opération Barkhane a conduit 400 opérations militaires et patrouilles. Celles ci ont permis de mettre hors de combat 125 terroristes. Depuis le lancement de Barkhane deux militaires français ont trouvé la mort, portant à 12 le nombre total des victimes depuis le début de l’intervention française au Mali.
Le général François Labuze représentant de la Force Barkhane en fin de mission au Mali a été élevé hier au grade d’officier de l’ordre national du Mali. Un autre officier de la Force Française a reçu la médaille du mérite militaire. Pour le responsable de la Force Barkhane, ces récompenses sont l’illustration du lien fort qui unit la France et le Mali.
Le général François Labuze, représentant la Force Barkhane au Mali, au micro de Sékou Gadjigo :
« Je dirais que c’est une double illustration : c’est d’abord celle du lien très fort qui unit le Mali et la France. Les Maliens et les Français se sont battus ensemble dans le passé, et aujourd’hui ils se battent ensemble contre le terrorisme. C’est aussi l’illustration de la grande valeur de l’armée malienne avec ces décorations que la France a remises à dix officiers maliens. Je retiens beaucoup d’honneurs et beaucoup d’émotions à travers les décorations qui nous ont été remises, mais beaucoup d’émotions aussi en pensant à nos frères d’armes, qu’ils soient Maliens, Français ou personnel de l’ONU, qui ont payé de leur vie le retour de la stabilisation au Mali. Nous avons une pensée envers eux. L’objectif est en passe d’être atteint. C’est à la fois le cœur léger et lourd que je rentre chez moi en France car j’aurais voulu aimer continuer à accompagner le Mali sur ce chemins de la paix ».
Pour certains observateurs, le bilan des 16 mois de l’opération Barkhane est « relativement positif », même si, selon eux, « l’équation Ançar-Dine d’Iyad Agaly reste à plusieurs inconnues ». Pour la suite de l’opération Barkhane, ces analystes insistent également sur « la nécessité d’une plus grande coopération » entre les forces françaises et l’armée malienne, notamment dans le domaine de la formation, du transfert des technologies et des équipements.
Ousmane Cornéo est spécialiste des questions de sécurité dans le Sahel. Il est joint au téléphone par Issa Fakaba Sissoko :
« La présence de Barkhane a permis de dissuader plusieurs activités terroristes. Beaucoup d’activités réalisées au Nord du Mali, dans la région de Kidal et dans plusieurs autres localités, font qu’il faut saluer la présence de l’opération Barkhane dans le Sahel et au Mali en particulier.
Quant à la lutte contre le groupe jihadiste Ançar-Dine, les gens se posent beaucoup de questions si ce n’est vraiment pas un échec. Parce qu’apparemment les gens savent où se trouvent Ançar-Dine, mais s’il continuer d’opérer. C’est vraiment un échec à ce niveau, dans la mesure où les gens savent qu’Ançar-Dine se trouve dans la zone de Kidal. Certains disent même que des responsables d’Ançar-Dine viennent souvent à Kidal. Dans ce cas, il y a vraiment une nuance, il y a vraiment des interrogations qu’il faut se poser même quant à la complicité entre Barkhane et ce groupe. Peut être que Barkhane veut se servir aussi d’Ançar-Dine pour atteindre des objectifs. Mais par rapport à la lutte contre Ançar-Dine, on peut dire qu’il n’y a vraiment pas eu entière satisfaction ».