Sept mois après la signature de l’accord de paix d’Alger, le Nord et le centre du Mali fait face à une recrudescence de l’insécurité. Des attaques armées, et des enlèvements de véhicules se multiplient.
Les populations désemparées, tirent la sonnette d’alarme. Les élus demandent « plus de présence de l’armée ».
Pour la seule journée du lundi 4 janvier, deux attaques ont été perpétrées dans la région de Tombouctou. La première a visé un véhicule en provenance de Goundam pour Bintagougou. Des hommes armés ont ouvert le feu sur la voiture , faisant un mort et deux blessés graves. Les autres occupants ont été dépouillés de leurs biens. La deuxième attaque a été commise sur l’axe Léré Tombouctou. Le mode opératoire est identique à la première.
Toujours à Tombouctou, le mois dernier, trois jeunes ont été froidement abattus par un individu non encore identifié par les enquêteurs. Plusieurs autres attaques ont été perpétrées dans plusieurs autres localités du Nord. Les enlèvements de véhicules ont été également fréquents ces dernières semaines. Un des véhicules volés appartenait même au service de la protection civile.
Pour certains spécialistes des questions de sécurité, « le mode opératoire ressemble à du banditisme », même s’ils reconnaissent que les jihadistes sont aussi de plus en plus actifs dans la région.
A Mopti, et dans plusieurs autres localités du centre et du Nord, la situation sécuritaire est fragile. Les populations et les élus font l’objet de menaces et d’intimidations, notamment de la part d’individus se réclamant de groupes jihadistes. Ces menaces, rapportent plusieurs témoins, sont des avertissements contre toute collaboration avec les services de sécurité ou les forces étrangères. Les élus interpellent les autorités, mais invitent les populations à « ne pas céder à la panique ».
Face à cette situation d’insécurité, certains élus se mobilisent . Ils interpellent les autorités de Bamako et la Minusma en réclamant « des patrouilles régulières », notamment sur les principaux axes routiers. Lundi dernier déjà, un véhicule avait été attaqué par des hommes armés faisant un mort et plusieurs blessés graves.
Ecoutons le cri d’alarme de cet élu de Bintagoungou. Il a été joint par Issa Fakaba Sissoko.
« Cette situation nous préoccupe beaucoup, parce qu’en un moment donné on croyait qu’on allait vers la fin de la crise. Ceux qui s’adonnent à ces agressions et à actes de banditisme, ne partons pas loin, ils viennent des mouvements armés. Ce sont des petits bandits isolés, et je sais que quand il y a des patrouilles, ils n’oseront pas sortir. Tous les lundis, ce sont des milliers de gens qui font mouvement vers Goundam à partir du lac Faguibine. Ce lac, depuis un certains temps, l’eau se fait rare, et donc pour s’approvisionner il faut venir à Goundam. Quelque soit la situation, les gens sont obligés de faire des mouvements pour vivre. Mais c’est très inquiétant. Ce que nous demandons à l’Etat, c’est d’organiser des patrouilles régulières, d’organiser des escortes pour les forains. Les mêmes recommandations sont aussi adressées à la Minusma. Parce que pour nous sa mission est d’assurer la sécurité des populations civiles et de leurs biens. Je ne pense pas qu’en restant seulement en ville, on puisse sécuriser l’ensemble des civils et leurs biens. A part Bintagoungou ville où il l’armée, nulle part on ne trouve une présence quelconque de l’Etat ou de la Minusma. Cela est très inquiétant ».
A l’image d’autres localités du pays, notamment du Nord, certains responsables locaux font l’objet de « menaces et d’intimidations » de la part d’individus se réclamant de groupes jihadistes. La population est inquiète et les élus interpellent l’Etat pour qu’il assume ses responsabilités. Ils réclament « plus de patrouilles et de présence des forces de sécurité ».
Mohamed Ibrahim Cissé est le président du Conseil régional de Tombouctou. Il est joint au téléphone par Mahamane Almaimoune :
« Cette situation est vraiment difficile à expliquer, d’autant plus que ce qui se passe actuellement c’est à l’intérieur de la ville de Tombouctou. Il y a des bandits qui vivent parmi nous et qui profitent de la moindre occasion pour braquer pour enlever les véhicules. Aujourd’hui aucune route n’est sécurisée. Franchement c’est une situation très préoccupante. Cette situation est très difficile même pour les forces armées, à partir du moment où personne n’est à l’abri. A l’endroit des populations d’abord, c’est d’être très vigilantes et de pouvoir communiquer aux autorités toute action suspecte qu’elles constatent. A l’endroit des forces armées c’est de dire que jusqu’à présent, il faut redoubler d’effort, plus de patrouilles plus de contrôles et plus de rigueur ».