La MINUSMA a lancé ce mardi les travaux de construction des sites de cantonnement à Likrakar et à Fafa, respectivement dans les régions de Tombouctou et Gao. La plate-forme se satisfait de ce démarrage des travaux, mais la CMA déplore qu’aucun de ses sites proposés ne soit encore validé. La Compis 15, elle, refuse tout cantonnement et désarmement avant « la résolution définitive de la question de représentativité » au sein du comité de suivi de l’accord par la médiation internationale.
La mission onusienne a indiqué que d’autres constructions seront entamées prochainement à Innegar, dans la région de Gao. Ces sites sont « proposés par les parties signataires », évalués techniquement par des équipes pluridisciplinaires comprenant des représentants du gouvernement, de la CMA, de la Plate-forme, de la Minusma, du Service d’exécution des projets ainsi que du Service anti-mines des Nations Unies. Ils sont ensuite validés avant d’être sélectionnés par la commission technique de sécurité, la CTS.
Selon la Mission onusienne, sur les 24 sites de cantonnement proposés, 15 ont été techniquement évalués, dont 11 ont déjà été validés par la CTS. Parmi ceux-ci, 3 sites notamment Likrakar, Fafa et Innegar ont été choisis, d’un commun accord entre la Plate-forme et la CMA, pour être construits en priorité. L’évaluation des 9 sites restants s’effectuera dans le courant du mois de janvier 2016, précise la mission onusienne au Mali.
Le gouvernement du Mali vient d’adopter un projet de décret relatif à la création de la Commission nationale de désarmement-démobilisation-réinsertion et un autre relatif à la création de la Commission d’intégration.
La première structure sera chargée d’élaborer, d’adopter et de suivre le Programme national de désarmement-démobilisation-réinsertion. La seconde, elle, aura pour mission d’établir les critères, les quotas et les modalités de l’intégration des ex-combattants dans les corps constitués de l’Etat, y compris au sein des forces armées et de sécurité.
Pour la Coordination des mouvements de l’Azawad, CMA, ce processus de cantonnement est « lent et ambigu ». Aussi, la CMA déplore qu’aucun de ses sites proposés ne soit encore validé. Toutefois, la Coordination prévient que sans la viabilisation de ces sites proposés, ses combattants ne cantonneront pas.
Almou Ag Mohamed, porte-parole de la CMA a été joint par Sékou Gadjigo :
« On a pris acte du communiqué de la Minusma et on attend de voir sur le terrain la viabilisation de ces trois sites dont elle a parlé. Je tiens à préciser que ces trois sites (Likrakar, Fafa, Innegua) sont des sites de la Plate-forme, et que nous, en tout cas au niveau de la CMA, nous avons fourni la liste des 12 sites. Aucun, à ce jour, n’a vu ses travaux de réhabilitation engagés. Nous, nous n’avons pas d’objection à ce que la Minusma commence par les sites de la Plate-forme ou par ceux de la CMA étant donné que tous ces 24 sites doivent être au finish viabilisés. Le processus est extrêmement lent, et il est ambigu parce que pour nous, il va falloir que la Minusma nous dise clairement que les 12 sites que la CMA a fournis ont été retenus pour être viabilisés, sans quoi aucun combattant de la CMA ne sera cantonné ».
La plate-forme, quant à elle, salue le démarrage des travaux de construction des sites de cantonnement. Elle affirme cependant que tous les 24 sites doivent être construits pour que le cantonnement puisse commencer :
« Nous confirmons toute notre satisfaction pour le démarrage des travaux de construction pour le cantonnement. Il est bien entendu que les travaux, leur finition ne signifie pas le cantonnement de la Plateforme. Non ! Tous les mouvements se sont engagés à être cantonnés ensemble. Donc, le démarrage des travaux de cantonnement au niveau de la région de Kidal et des régions de Tombouctou et Gao (CMA-Plateforme) ne pose aucun problème. 12 sites ont été désignés (et de la Plateforme, et du côté de la CMA) qui doivent être normalement construits. Donc, commencer par 3 sites, ne veut pas dire que le cantonnement a démarré ».
Quant à la Coordination des mouvements signataires de l’accord du 15 mai, COMPIS 15, elle refuse tout cantonnement et désarmement de ses combattants « tant que le processus reste non- inclusif ». Elle exige « la résolution définitive de la question de représentativité » au sein du comité de suivi de l’accord » :
Mohamed Ousmane Ag Mohamadoun est le coordinateur de la COMPIS 15. Il a été joint au téléphone par Alhousseini Abba Touré :
« Pour l’instant nous ne découragerons pas la Minusma et tous les autres acteurs à créer toutes les conditions pour le succès du cantonnement. Mais en même temps, nous travaillerons pour que le caractère inclusif du processus de mise en œuvre de l’accord soit préservé. Et, c’est lorsque cela est préservé que nous allons nous engager dans un cantonnement. Il n’y a pas plus engagé dans ce processus que la CPA et la COMPIS 15, nomment en ce qui concerne l’application des termes de l’accord relatif au cantonnement, au désarmement et à l’intégration. Pour preuve, nous étions les premiers à déposer la liste des nos combattants et la liste des armes conformément à l’accord, lequel explique qu’il faut que chaque mouvement le fassent 30 jours après la signature. Mais, il se trouve que depuis six à sept mois, il y a un problème d’inclusivité de la participation d’un certain nombre d’acteurs au processus. C’est pourquoi, nous avons tiré la sonnette d’alarme pour dire que nous ne cantonnerons pas, nous ne désarmerons pas dans un processus qui n’est pas inclusif ».