Un poste de sécurité de la CMA à Talahandak, dans la région de Kidal, a été jeudi la cible d’une attaque perpétrée par des hommes armés, non encore identifiés. 48 heures après, le bilan semble évoluer.
L’attaque aurait fait six morts dans les rangs du MNLA, selon un de ses responsables. D’autres sources évoquent « une dizaine de véhicules ont été détruits ».
Le poste en question était tenu par des combattants du MNLA. Deux jours après cette attaque, difficile d’établir un bilan précis. Mais plusieurs sources avancent une dizaines de morts dans les rangs du MNLA et de nombreux véhicules détruits. L’attaque n’a pas été revendiquée. Hier, un renfort en direction de Talahandak est également tombé dans une embuscade qui a fait quatre morts dans leur rang. Pour les responsables du MNLA, « ces attaques sont l’œuvre des ennemis de l’accord pour la paix et la réconciliation », signé en juin dernier à Bamako.
Attaye Ag Mohamed est chargé des questions de droits de l’Homme au MNLA. Il a été joint au téléphone par Ayouba Sow :
« Ce qui est sûr, c’est que cette attaque a été perpétrée par des groupes affiliés aux organisations terroristes comme Ançar Dine et AQMI. Maintenant, ces groupes sont en train de se faire une coalition. Nous pensons qu’ils sont tous impliqués, d’AQMI à Ançar Dine, dans cette attaque. Hier encore, c’était un autre convoi de trois véhicules du MNLA qui partait récupérer des blessés à Talahandak qui a encore fait l’objet d’une embuscade, ce qui a causé la mort de quatre autres soldats. Nous comptons déjà plus d’une dizaine de morts, parce qu’à Talahandak, nous avions six morts et hier quatre morts. Il y a des blessés qui pourront succomber à leurs blessures, parce qu’on n’a pas pu récupérer ces blessés. Nous sommes entre six et sept blessés, certains en état critique. Actuellement le terrain est beaucoup miné, parce qu’il y a des mines qui sont posées sur les axes principaux. Il y a eu des victimes de la part des terroristes. Il y a des morts et des blessés, mais nous n’avions aucune possibilité de savoir le bilan exact ».
L’attaque n’a pas encore été revendiquée, mais de nombreux analystes pensent que le mode opératoire pourrait porter la signature du groupe jihadiste Ançar-dine d’Iyad Ag Agaly. Ce dernier avait, dans un enregistrement, menacé de « représailles » les groupes armés signataires de l’accord de paix d’Alger. Pour certains observateurs, cette attaque lance plusieurs messages.
Serge Daniel est journaliste, écrivain. Il a été joint par Issa Fakaba Sissoko :
« Il y a deux ou trois messages : le premier message, c’est une manière probablement du groupe Ançar Dine de punir le MNLA, une composante de la CMA pour avoir signé l’accord de paix. Ensuite, vous savez que les rapports avec ce qu’on a appelé un moment le MNLA médiatique (plus médiatique que militaire), et Iyad. Ces rapport n’ont jamais été au bon fixe. Parce que le MNLA était indépendantiste, et Iyad Ag Agali, lui, voulait plutôt que la charia soit appliquée. Ce sont donc de vieux ennemis. Donc ils règlent les comptes. Ensuite il faut savoir que l’attaque s’est passée non loin de l’Algérie. C’est une zone stratégique et que les islamistes armés ne voyaient pas d’un bon œil la présence d’une position de la Coordination des Mouvements de l’Azawad. Ils ont été sur le même terrain contre l’armée malienne. Et aujourd’hui, les islamistes effectivement, vont se dire voilà ceux-là nous ont trahis. On a été ensemble un moment contre l’armée malienne. Et voilà qu’ils sont aujourd’hui dans un processus contre nous. Donc c’est une des explications possibles à ce qui s’est passé il y a quarante-huit heures dans la région de Kidal ».