Paris a réussi son pari. La conférence sur le climat que la ville organise cette année, s’est achevée hier samedi 12 décembre 2015 avec un accord signé par les 195 présents au Bourget. Les africains rentrent satisfaits. « Le pire a été évité » selon les experts, car ils estiment que « le document est, un accord sans précédent pour sauver la planète d’un désastre climatique ».
« Une victoire pour la planète », c’est en ces termes que le premier ministre français Manuel Valls s’est exprimé pour saluer l’accord du Bourget sur le climat. Six ans après le fiasco de la COP de Copenhague, qui avait échoué à sceller un tel accord, les concessions sont donc actées par les pays membres de la convention des Nations Unies sur le climat.
Les grands pays pollueurs ont compris le danger que représente réchauffement climatique pour la planète.
Pour les délégations africaines, la voix du continent a été entendue. L’Afrique a formulé plusieurs revendications dont deux particulièrement importantes qui ont finalement été acceptées.
La première : limiter considérablement la température globale.
La seconde : financer l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre venant des pays du Sud. Les textes demandent fermement aux pays développés d’amplifier leur aide financière, afin d’atteindre l’objectif de 100 milliards de dollars de financements par an d’ici à 2020.
Il reste maintenant l’application de cet accord. Selon les négociateurs, c’est un élan historique qui doit maintenant se décliner concrètement dans les pays. Mais il y a aussi son champ d’application à des secteurs essentiels comme l’agriculture, dont dépendent 2,5 milliards d’humains qui subissent déjà les modifications des cycles des pluies.
L’Afrique a certainement obtenu des promesses, mais la question que les observateurs se posent, c’est, est-ce que les leaders africains pourront mobiliser les fonds stipulés dans cet accord du Bourget.
Moussa Ben Déka Diabaté, représente l’Institut de Responsabilité Sociétale des Organisations des Entreprises maliennes à la COP 21. Il a été joint au téléphone par Famoussa Sidibé :
« Tous les montants qu’on dégage aujourd’hui, qu’on dit sur les antennes, la question n’est pas à ce niveau. La question, c’est le déblocage, la gestion et le suivi de ce fond. En Afrique, nous, on est absent sur ce terrain. C’est ça notre problématique. Nous n’avons pas de leader qui peut se lever pour aller prendre ce fond ou même se battre pour ce fond. Les gens se préoccupent de la survie de leurs pouvoirs. C’est ça la question, le montant qu’on dégage, oubliez ce montant. Parce que nous africains, peut être la génération qui est entrain de venir, eux d’accord, mais aujourd’hui nos États sont fragiles. On donne les gros montants, ça perturbe les gens, ça traumatise les gens. Mais en réalité, la faisabilité, c’est autre chose. Il y a cinq ans la banque mondiale a mis quatre cent milliards de franc cfa à la disposition des pays africains pour lutter contre l’ensablement des fleuves du lac Tchad. Au moment où je vous parle, il n’y a pas un seul pays qui s’est porté leader pour récupérer ce fonds et faire la mise en œuvre ».
Une autre réaction à l’accord sur le climat qui vient d’être signé à Paris, mais cette fois, ici au Mali. Le président de la Coalition des Alternatives Africaines Dette et Développement CAD-Mali se réjouit du fait que les acteurs soient parvenus à un consensus.
Issa Kamissoko est joint au téléphone par Siaka Z. Traoré :
« Tout n’a pas été obtenu comme on le voulait. C’est une certaine avancée, un minima, à mon avis qui a été trouvé et qui va permettre à toute la planète, si ces engagements sont tenus, de pouvoir espérer sur un meilleur avenir. La forme contraignante que nous avons voulue, nous voulons que la question de financement soit mise dans l’accord et non dans les décisions. Nous osons espérer que les différents États vont respecter leurs engagements surtout pour la question de financement qui suscite un réel espoir pour les pays du sud. Cette question de taxation de carbone, cela peut être une bonne chose pour les pays du sud surtout pour les pays africains. Mais, tout se repose au niveau du respect des engagements. J’estime quand même qu’encore une fois que ces grands pays vont respecter leurs engagements pour réellement permettre aux pays africains de procéder à des réparations sur les dommages commis ».