Le groupe jihadiste, Ansar Dine, dirigé par l’ex-chef rebelle touareg Iyad Ag Ghaly, a revendiqué l’attaque d’hier contre le camp de la MINUSMA à Kidal. Une attaque qui a fait trois morts, dont deux casques bleus guinéens et un civil travaillant à la MINUSMA.
Hamadou Ag Khallini, un des responsables d’Ansar Dine a confirmé, l’implication de son groupe par téléphone au bureau de l’Agence France Presse à Bamako, en ces termes : « Nous revendiquons au nom de tous les moudjahidin l’attaque contre le camp de Kidal » qui est « une réponse à la violation de nos terres par les ennemis de l’islam ».
Ce groupe terroriste est aussi un allié d’al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et du Front de libération du Macina (FLM), un groupe jihadiste malien.
Cette attaque d’Ansar Dine, confirme également les propos que son chef Iyad Ag Ghaly avait tenus le mois dernier. Il avait dénoncé l’accord de paix, signé entre le gouvernement malien et les groupes armés menaçant même ses anciens alliés au sein de la rébellion qui l’avaient signé. Iyad avait aussi appelé les jeunes à poursuivre la lutte contre la France et à réaliser de nouvelles attaques.
Selon les analystes cette revendication est la suite logique de l’appel au Djihad diffusé en octobre par le chef d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly.
Famoussa Sidibé s’est entretenu avec le chercheur et spécialiste du Sahel, André Bourgeot :
Qu’est ce qu’il faut déduire de cette revendication ?
«Je crois ça confirme les propos de Iyad tenus il y a quelques jours qui menaçait les intérêts qui menaçait aussi d’attentats ce qui a été confirmé par la suite avec le Radisson puisse que il avait aussi revendiqué cet attentat. Donc ça s’inscrit dans la continuité de ce qu’il a dit. Et ça concerne là maintenant quelque chose de plus précis, puisse que c’est une attaque du camp de la MINUSMA à Kidal. La question qu’on peut se poser, c’est, pourquoi c’est fait avec autant de précision. Avec une telle précision, on est en droit de se demander s’il n’y avait pas des complicités à l’intérieur de ce camp. En tout cas, ce n’est pas la première fois que des cibles sont atteintes comme ça avec autant de précision. D’où ma question, est-ce qu’il n’y aurait pas aussi des complicités à l’intérieur des différents organes, que ça soit ceux de la MINUSMA ou de Barkhane ».
Est ce que cette hypothèse de complicité concerne uniquement les civils ?
«Ça m’est difficile à répondre, parce que s’il y a complicité, je ne sais pas qui. Alors sont-elles civiles, sont-elles militaires non je ne saurais pas répondre à votre question. Mais ce qui me paraît important, c’est la cible, parce que là encore, ce sont deux militaires guinéens, donc ce n’est pas des Européens qui sont visés. Si la cible visée, c’est des africains dans la représentation politique ça n’a pas les mêmes conséquences politiques sur les actions. Je crois que c’est quelque chose qui me parait pas négligeable à souligner. Compte tenu du fait qu’aux yeux des européens et aux yeux probablement de ces organisations, un mort africain a peut-être moins de valeur qu’un mort européen. C’est des propos cyniques, vous allez penser que je suis cynique, mais je me pose la question suivante, est-ce que ça ne participe pas de ce type de représentation ».
Est ce que vous pensez que cette attaque de Kidal ait un lien avec le processus de paix ?
« Probablement, par ce que les positions d’Iyad vis-à-vis du MNLA jusqu’à maintenant ont toujours été très claires. Il n’était pas du tout sur les positions de l’indépendance de l’AZAWAD. Son objectif était d’imposer la Charia sur l’ensemble du territoire malien. Il n’a jamais eu de position indépendantiste. En conséquence de quoi, il est logique qu’il soit toujours en désaccord, j’allais dire en désaccord avec les accords de paix. Parce que ces accords vont à l’encontre de ses objectifs de salafiste djihadiste. Donc ce n’est pas surprenant. À plusieurs reprises, il a confirmé ces intentions, c’est-à-dire il y a une sorte de fidélité politique dans ces propos, c’est la raison pour laquelle il y a une cohérence et cette cohérence est très dangereuse ».
Après avoir condamné les attaques de l’hôtel Radisson et du camp de la Misuma à Kidal, l’opposition politique malienne affirme sa solidarité au gouvernement et se dit prête à aider l’exécutif pour remédier à l’insécurité que connaît le Mali. Selon elle, « la mission de la Minusma doit évoluer ». Ayouba Sow a joint au téléphone Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition :
Comment réagissez vous aux dernières attaques terroristes au Mali ?
« Nous avons déjà fait un communiqué dans les deux cas pour condamner fermement l’attaque du Radisson et l’attaque du camp de la Minusma à Kidal. Mais il faut vraiment dire qu’aujourd’hui les maliens ne se sentent pas en sécurité. Et je crois qu’il faut éviter qu’il y ait la panique. Il faut éviter qu’il y ait la psychose. C’est pour cela que nous devons être mobilisés. Le gouvernement doit mobiliser l’ensemble des populations pour faire face à la situation, amener le calme, définir la stratégie et faire en sorte que les actions soient visibles. Ne se limite pas aux communiqués à la radio. Aujourd’hui nous arrivons à une phase extrêmement critique ».
Pour l’union et la sécurité nationale, l’opposition a-t-elle une proposition ?
« Ce qu’on a dit, c’est qu’il faut réunir les gens. Il faut qu’on discute, qu’il y est une sorte d’état généraux sur les aspects de la sécurité. N’est-ce pas que nous aujourd’hui, nous devons attirer l’attention sur les failles ? Nous nous sommes disposés à tout débat, à toute recherche de solutions pour que la paix et la sécurité reviennent dans notre pays ».