La traque pour retrouver les complices des jihadistes, qui ont attaqué l’hôtel Radisson, se poursuit. Selon le procureur en charge du dossier, Boubacar Sidiki Samaké, « les assaillants ont été aidés dans leur funeste projet ».
L’enquête s’est intensifiée depuis la fin de la semaine et au cours de la journée d’hier. Des perquisitions ont été ordonnées pour trouver les complices des meurtriers des 19 clients de l’hôtel victimes des jihadistes. L’ORTM a diffusé des photos des dépouilles de deux hommes considérés comme les auteurs de l’attaque avec un appel à témoignage et un numéro de téléphone.
A ce stade des investigations, les enquêteurs pensent que les deux jihadistes ont bénéficié de complicités pour se rendre et pénétrer dans l’établissement, mais aussi pour faciliter leur action une fois dans les lieux. Les services de police ont retrouvé une valise contenant des grenades à l’intérieur du bâtiment.
Parallèlement à la traque, l’identification des corps s’est poursuivie. Les équipes maliennes chargées de ce travail ont été épaulées par des spécialistes français et ceux de la Minusma. L’attentat a été revendiqué par le groupe jihadiste Al-Mourabitoune, avec la complicité d’Aqmi et par le Front de libération du Macina. Ce dernier dit avoir opéré avec Ansar Dine.
Quelques jours après l’attaque du Radisson, des voix s’élèvent pour interpeller les autorités sur « l’accélération du projet de réforme des forces armées et de sécurité ». Beaucoup de questions se posent sur, le renseignement qui doit être amélioré et le renforcement des critères de recrutement des forces de sécurité.
Mamadou Yattassaye est président de l’Association des jeunes contre le terrorisme et la drogue. Il était l’invité de notre émission « Grand Dialogue » d’hier :
« Les attaques du sud du pays étaient prévisibles, et des alertes avaient été données mais sans réactions. Lutter contre le terrorisme, c’est lutter d’abord contre le chômage des jeunes. Les jeunes qui n’ont pas d’emploi sont tentés par tout. Voyons même le cas du Radisson Blu : des diplômés en sciences du droit, sont employés à moins de 40.000 francs de salaires comme agent de sécurité. Ils n’ont pas d’armes, donc ils ne peuvent se défendre. La lutte contre le terrorisme et la drogue constituent un fléau qui frappe les pays du Sahel. Et sa solution passe par l’emploi des jeunes. Ensuite, le mode de recrutement dans les forces armées et de sécurité est à critiquer et doit être revu. Récemment d’ailleurs, les jeunes de Koulikoro ont adressé une lettre au ministre de la sécurité sur les irrégularités dans le processus de recrutement en cours. Je profite de l’occasion pour demander aux autorités de revoir ces situations ».
L’inquiétude est en train de gagner les transports aériens. Depuis l’attentat de Bamako la compagnie Air France a ajourné ses vols vers Paris et exige plus de sécurité. Les Etats Unis lancent également des messages d’alerte aux personnes qui souhaitent voyager dans les secteurs à risque.
Les autorités américaines ne dissuadent pas les déplacements, mais conseillent de faire preuve d’une vigilance accrue dans tous les pays, notamment dans les endroits susceptibles d’accueillir du monde comme les lieux publics ou les transports en commun. Toujours selon ces autorités, « des informations laissent penser que l’Etat islamique, Al Qaïda, Boko Haram et d’autres groupes terroristes continuent de préparer des attentats terroristes dans de nombreuses régions ».
De son coté, l’intersyndicale des hôtesses et stewards d’Air France a dénoncé un dispositif de sécurité « défaillant » en escale, après l’attaque mortelle de Bamako vendredi à laquelle a survécu un équipage de la compagnie.
Ses responsables ont adressé une lettre au président Hollande dans laquelle ils demandent à l’Etat « de jouer son rôle régalien en imposant à Air France de prendre les mesures de sûreté et de sécurité indispensables à la protection de ses personnels ».
Face à la recrudescence des attaques terroristes la Fédération nationale de l’industrie hôtelière demande aux autorités de prendre des mesures pour la sécurisation des hôtels. Selon le président de l’organisation, de nombreux établissements ont déjà fermé leurs portes, à cause des attaques terroristes. Une rencontre est prévue prochainement entre la fédération et la direction de la police.