Les inégalités entre hommes et femmes ont diminué lentement dans le monde au cours de la dernière décennie. Selon le rapport annuel sur « l’écart entre les genres » publié par le Forum économique mondial sur les 109 pays étudiés, 103 ont réduit les disparités entre hommes et femmes, mais six ont connu une détérioration des perspectives offertes aux femmes. C’est le cas du Mali. C’est dans ce contexte que le parlement a adopté
il y a quelques jours une loi relative à la place des femmes au sein de la fonction publique et dans la représentation politique.
Dans son article premier, la loi fixe une proportion d’au moins 30 % pour des personnes de chaque sexe pour les nominations dans les institutions de la République ou dans les différentes catégories de services publics au Mali par décret, arrêté ou décision.
L’article 2 détermine les catégories de fonctions électives, y compris les conditions dans lesquelles la recevabilité d’une liste de candidature est soumise à la proportion maximale de 70 % de femmes ou d’hommes. L’article 3 renvoie à un décret pris en conseil des ministres pour définir les modalités d’application dudit projet de loi.
Le projet a longtemps divisé les élus qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition. Durant les débats, la société civile s’est fortement mobilisée pour faire pression sur les élus. Finalement le texte défendu par le Ministre Sangaré Oumou Bah a été adopté par 115 voix pour 22 contre et 3 absentions.
L’adoption de la loi ne signifie pas à ce stade sa mise en œuvre immédiate. La prochaine étape doit passer par sa promulgation par le chef de l’État. Puis le texte sera soumis en Conseil des ministres pour en déterminer les modalités d’application. Les députés on demandé que ces procédures ne tardent pas. Le ministre s’est engagé à aller dans ce sens.
Les associations de promotion des femmes saluent le vote de la loi. La présidente de la Fédération Nationale du Collectif d’Organisations Féminine (FENACOF) estime que les élus et le gouvernement ont fait preuve de courage. Dembélé Oulématou Sow est au micro de Famoussa Sidibé.
« C’est une disposition qui permet à la femme d’être éligible et cela peut lui permettre d’assurer sa représentativité à bien des niveaux. Que cela soit au niveau électif ou nominatif qui privilégie notre combat. Les femmes dans beaucoup de cas ont été des majores de promotion, mais ce sont des cadres qui sont dans les tiroirs. On se demande même, est-ce qu’il y a des femmes cadres dans ce pays ? Moi je ne peux que rassurer les religieux. Il doivent êtres plus compréhensifs, plus indulgents par rapport à la situation des femmes qui n’a que trop perdurée. Maintenant par rapport à notre rôle social, si par exemple moi en partant au bureau, ça n’arrange pas ma famille, je pense qu’on peut arriver à avoir des mécanismes sociaux qui font que je puisse arriver à jouer et ce rôle dans la famille et aider mon pays par rapport à mes compétences et à mon expertise. »
Les leaders religieux musulmans déclarent prendre acte du vote de la loi sur le quota de représentativité des femmes. Pour le porte parole du Haut Conseil Islamique, le Mali est un pays laïc et par conséquent le Haut Conseil n’a pas à commenter cette décision.
Issa Kaou Djim est au micro de Famoussa Sidibé.
« Ce projet de loi a été présenté au Haut Conseil Islamique du Mali qui a eu à donner un avis. L’avis est de savoir : est-ce que, cela concerne les Imams, les chefs religieux, c’est à dire nos valeurs traditionnelles et sociétales et de savoir aussi si l’élection concernait les Imams, les associations islamiques ou alors les chefs de village et autres ? Ils ont été très clairs, que non, ceux-ci ne sont pas concernés. Donc ça concerne seulement les postes nominatifs et les élections. Sur ce point le président du Haut Conseil Islamique du Mali a pris acte en espérant que dans la République, dans la démocratie, cela revient aux partis politiques, à la société civile à tout le monde de donner un avis et donc les musulmans ont estimé à travers le Haut Conseil Islamique du Mali qu’il n’y a pas de tollé en la matière. Mais nous espérons que si cela peut apporter un plus à la cohésion sociale, au vivre ensemble, à l’émergence d’une société qui se modernise, mais qui ne rejette pas nos valeurs sociétales, nous estimons que le Haut Conseil Islamique à travers le Président que cela ne concerne pas du tout l’exclusivité du Haut Conseil Islamique du Mali. »