Un dirigeant d’un groupe jihadiste de la région de Mopti a été arrêté. Allaye Bocari Dia, bras droit d’Amadou Koufa, prédicateur radical et chef du
Front de Libération du Macina (FLM), a été arrêté samedi, selon une source sécuritaire malienne, par l’armée nationale avant d’être transféré à Bamako.
Allaye Bocari Dia, l’homme arrêté « est considéré comme le financier du FLM ». Pour des sources proches du gouvernorat, « c’est un gros poisson qui vient de tomber dans les filets des forces armées ». Cette arrestation, toujours selon ces mêmes sources, aurait décapité en partie le Front de Libération du Macina.
Ce groupe est apparu en début d’année dans cette région et est dirigé par Amadou Koufa. Ce prédicateur extrémiste peuhl a, selon les services de sécurité maliens, « l’ambition de créer un État islamique au centre du Mali ».
D’après les premiers éléments de l’enquête, l’homme arrêté a reconnu que le FLM avait « un vaste plan pour déstabiliser le Mali ».
L’armée malienne a lancé fin octobre une vaste opération dans la région de Mopti, pour traquer les jihadistes et assurer la sécurité. Cette opération, qui doit durer trois mois, a permis de neutraliser le 29 octobre cinq jihadistes à Tiébanda, près de la frontière burkinabè.
Vendredi dernier, plusieurs attaques simultanées ont été perpétrées à Paris par des individus se réclamant de Daesh faisant près de 130 victimes et plus de 300 blessés. Les autorités françaises ont annoncé l’état de guerre contre ce groupe terroriste. La France intervient au Mali depuis 2013 dans le cadre de l’opération Barkhane. Pour certains observateurs, ces événements vont avoir des conséquences sur les pratiques des groupes jihadistes au Sahel. Selon eux, il existe un risque réel de radicalisation dans la région.
André Bourgeot est chercheur au CNRS à Paris, spécialiste du Sahel :
« Je vois pas de relations directe et immédiate de conséquences sur la présence des militaires français dans l’ensemble de l’espace Saharo-Sahélien à travers l’opération Barkhane. Je vois pas pourquoi il y aurait un désengagement des effectifs militaires de Barkhane, pour les transférer, les déplacer sur le territoire français.
Si l’opération Barkhane devient plus offensive ça veut dire que les décideurs politiques et militaires français prendraient en compte les conséquences cette fois ci des événements sur le Sud Liban sur le problème de l’avion Russe et ce qui s’est passé en France vendredi dernier et qu’il y aurait une radicalisation des groupes jihadistes dans l’espace Saharo-Sahélien y compris en ce qui concerne l’État Islamique au Nigéria. Donc il serait normal qu’il y ait un renforcement. Mais est-ce que la France a les moyens financiers, matériels et humains de renforcer sa présence militaire dans cette espace, c’est pas évident.
En revanche, je pense pas que l’influence jihadiste recule. Dans un premier temps l’intervention française a permis d’enrayer la descente des jihadistes sur le Sud, mais au vu de ce qui se passe depuis un an et demi on voit bien qu’il y a une radicalisation des mouvements jihadistes et une présence active sur l’ensemble du territoire national. Il y a eu l’attaque de Sévaré revendiquée par le Front de Libération du Macina. Vous avez eu les attentats à la frontière mauritanienne, non je pense qu’il y a une prolifération des actions. Donc le problème qui se pose, c’est, est-ce-qu’il y a une concertation dans les conditions d’intervention de ces actions ? Pour Daech on est droit de penser qu’il y a eu concertation, élaboration d’une stratégie d’intervention pensée dans différents endroits que je cite : le Liban du Sud, l’avion Russe en Égypte et la France. Donc on peut penser qu’il y a une internationalisation salafiste qui serait organisée et rémunérée par le Daech. Je suis un petit peu surpris qu’il n’y ait pas de propositions qui visent à suspendre toutes les relations commerciales avec Daech. On dit que c’est des millions de dollars que Daech empoche par jour avec le commerce du pétrole plus particulièrement à Monsoul en Irak. Donc l’ONU doit prendre des décisions sur la question pour faire un embargo sur les relations commerciales clandestines avec Daech qui passe aussi par la Jordanie et la Turquie. Hors la France entretien des relations avec tous ces pays. Donc si la prochaine réunion ne prend pas de décision de nature politique visant à enrayer ou à déclarer l’embargo sur l’acheminement frauduleux du pétrole, ça ne servira pas à grand chose. »