Il y a deux ans, jour pour jour, le 2 novembre 2013, deux envoyés spéciaux de RFI Ghislaine Dupont et Claude Verlon étaient enlevés puis assassinés près de Kidal . Deux ans après, et malgré l’annonce de la déclassification il y a quelques jours du secret défense par les autorités françaises sur cette affaire, l’enquête reste au point mort.
Ghislaine Dupont et Claude Verlon étaient à Kidal pour effectuer une série de reportages sur place . C’est après l’un de leur rendez-vous qu’ils ont été enlevés à bord d’un véhicule 4X4. Ils ont été retrouvés peu après assassinés à quelques kilomètres de la ville.
Le double meurtre a été revendiqué quelques jours plus tard par Aqmi, Al-Qaïda au Maghreb islamique. L’émotion provoquée par cet événement brutal et toujours inexpliqué, a été à l’origine de la création de la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes contre les journalistes par les Nations unies.
Pour Reporters sans frontière », « plus de 90% des crimes commis contre les journalistes dans le monde ne sont jamais élucidés ». Ces dix dernières années, près de 800 journalistes ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions.
Depuis le 1er janvier 2015, 48 journalistes ont été assassinés dans le monde . RSF demande la nomination d’un conseiller spécial du secrétaire général des Nations unies sur la protection des journalistes.
Deux ans donc après cet assassinat, c’est toujours l’émotion et l’incompréhension chez les familles et les amis des deux journalistes. Impatients que « la lumière soit faite sur les circonstances de leur mort », les amis de Ghislaine Dupont demandent « l’accélération de l’enquête » et « une coopération plus étroite » entre la justice malienne et française.
Christophe Boisbouvier est journaliste à RFI et membre du Comité des amis de la famille de Ghislaine Dupont. Il a été joint par Issa Fakaba Sissoko.
« Je pense d’abord à la mère de Ghislaine, qui est une personne âgée, qui attend avec beaucoup d’impatience qu’un jour on sache la vérité. Les années passent et elle a peur évidemment qu’elle ne quitte ce monde sans savoir vraiment la vérité. Ce que nous voulons, c’est que la justice aille plus vite qu’aujourd’hui, parce qu’il y a plusieurs points de blocage. Il y a une collaboration, entre la justice malienne et française, mais qui n’est pas simple. Heureusement ces derniers mois, ça a commençé à avancer. La justice française a adressé une commission rogatoire à la justice malienne, qui a répondu en envoyant des relevés d’appels téléphoniques correspondant au drame du 2 novembre. Malheureusement ces relevés sont incomplets et ne correspondent toujours pas aux dates demandées. Ensuite il y a le second point sur lequel nous attendons beaucoup de réponses : c’est ce que faisait exactement l’armée française le jour du drame. Pour cela, le juge français a fait une demande de levée du secret défense, mais malheureusement nous n’avons toujours pas de réponse six mois plus tard ».