Les auteurs de l’attaque mercredi d’un poste de police à Bamako sont « suspectés d’être des terroristes ». C’est ce qu’affirme le gouvernement, contredisant ainsi les déclarations du ministre de la sécurité intérieure qui avait parlé d’acte isolé. Mais alors que les enquêtes sur l’attaque de Sévaré se poursuivent, un imam a été froidement assassiné hier chez lui à Barkerou, à 3 kilomètres de Nampala.
Le communiqué du gouvernement revient sur l’attaque de la nuit du 12 au 13 août au cours de laquelle deux individus « armés, suspectés d’être des terroristes », se sont introduits dans la gare routière de Sogoniko.
Le texte précise qu’ils ont ouvert le feu, faisant deux blessés. Les deux blessés sont « un policier et un civil non voyant ». Leur vie, toutefois, « n’est pas en danger », précise le communiqué qui dénonce un « acte lâche » visant notamment « à semer la psychose » au sein des populations.
Le gouvernement invite les Maliens et « les hôtes étrangers à garder leur sang-froid, et à signaler toute présence d’individus suspects aux forces de sécurité ». Les autorités maliennes assurent que « toutes les mesures appropriées ont été prises pour arrêter les assaillants ».
Pourtant, plusieurs localités demeurent en proie à l’insécurité. C’est le cas dans le village Barkerou, à 3 kilomètres de Nampala dans la région de Ségou. Dans ce village un imam a été tué hier par deux individus armés qui lui ont tiré dessus. Il est mort sur place. Selon un habitant, joint au téléphone, les soupçons portent sur deux jeunes qui auraient rejoint les rangs de groupes terroristes.
Voici son témoignage : « C’était vers 20 heures après avoir fini la prière, il est parti chez lui. Quand il était en train de manger, il y a deux individus qui sont venus le demander. Arrivés à la porte ils ont tiré sur lui. C’est dans un village qu’on appelle Barkerou, c’est à 3 km à l’Est de Nampala ».
Donc la victime connaissait les deux individus ?
« On ne sais pas. Il est quand même mort sur place. On ne peux pas savoir s’il les connaissait ou pas ».
Est ce que les forces de sécurité se sont rendues sur place ?
« C’est ce matin qu’elles sont arrivées là-bas. Parce qu’hier nuit il faisait noir et avec l’insécurité les véhicules ne pouvaient pas partir la nuit. Les populations sont très fâchées, car les assaillants sont des gens que les populations connaissent. C’est sur ! Les soupçons pèsent sur certains jeunes qui ont déserté le village pour rejoindre les islamistes. Nous, nous ne faisons pas la différence entre jihadiste et islamiste. À Nampala ville quand même la sécurité est très bonne, ça va ».
Par ailleurs, les enquêtes relatives à l’attaque du Bybelos de Sévaré se poursuivent . Les services de sécurité ont interpellé une quinzaine de suspects. Selon des sources sécuritaire proches de l’enquête, ces personnes ont été transférées à Bamako et mises à la disposition des services spéciaux.
Par ailleurs à Mopti, une semaine après l’attaque, la psychose d’une « nouvelle attaque » a envahi la ville. Mais selon les autorités locales, « le calme est revenu depuis ce matin et les gens vaquent à leurs occupations ». Le maire appelle « à ne pas céder à la psychose » et invite les populations « à collaborer les forces de sécurité » dans la lutte contre le terrorisme.
Oumar Bathily, maire de Mopti, joint par Issa Fakaba Sissoko :
« La situation est vraiment calme. Depuis le lendemain de l’attaque les gens ont repris leurs activités. Les commerces ont rouvert, le transport a repris, l’administration a repris le travail. Bref, la ville a retrouvé son rythme normal ».
Certains parlent de psychose dans la ville. Vous confirmez cela ?
« Je confirme la psychose. Mais celle-ci est une réaction normale. Ce matin je suis passé à Sévaré, il n’y avait vraiment pas de problème ».
Malgré cette psychose les gens vaquent à leurs occupations ?
« La psychose, c’était la nuit. Quand il y a de telles situations, certains individus, à tort ou à raison, vont véhiculer des informations dans le but de l’intox. Juste après l’attaque de vendredi, un dispositif sécuritaire a été mis en place par l’armée. Ce dispositif rassure la population. Le mardi dernier, j’ai organisé une rencontre avec la société civile pour que désormais chacun joue sa partition dans la lutte contre l’insécurité grandissante ».