L’opération de démolition de la soixantaine de maisons à Souleymanebougou, dans la zone ACI de Sotuba, continue d’alimenter les débats. Le ministre des domaines de l’Etat et des affaires foncières persiste et signe : « les victimes ont bel et bien été prévenues ». « Faux ! » rétorquent celles-ci, qui menacent une action en justice contre l’Etat malien.
La semaine dernière, le ministre des domaines de l’Etat et des affaires foncières a ordonné l’opération de démolition d’une soixantaine de maisons situées à Sotuba ACI. Si le gouvernement a suspendu l’opération « sur les maisons habitées jusqu’à la fin de l’hivernage », les victimes des maisons déjà démolies, ne décolèrent pas contre le ministre, Mohamed Aly Bathily. Ce dernier a tenu une conférence de presse hier pour, dit-il, « informer l’opinion nationale » sur l’affaire de démolition desdites maisons. Le ministre des domaines de l’Etat a déclaré que « les occupants ont bel et bien été avertis à maintes reprises ». Selon lui, « la brigade de la gendarmerie a même été saisie pour empêcher les habitants de s’installer ». Il a également déclaré qu’il « résoudra ce problème à travers la loi malienne ».
Le ministre Mohamed Ali Bathily est au micro de Barké Cissé :
« Quand des gens disent qu’ils n’ont pas reçu d’actes, et que sur le chantier nous allons avec l’huissier, que sur chaque parcelle les gens refusent de prendre les actes sous prétexte que les propriétaires leur ont dit de ne prendre aucun papier, comment voulez-vous informer ces propriétaires-là ? Moi j’allais dire, ce sont des occupants illicites. Nous avons voulu qu’on arrête dans la compréhension. Nous avons mis des croix sur des maisons illégalement construites. Deux jours après ils sont allés les effacer. J’ai porté plainte, j’ai saisi la brigade de gendarmerie pour faire arrêter les travaux de construction, ils n’ont pas voulu entendre. Tout a été fait pour essayer de leur dire, n’imposez pas votre volonté au pays. On met le pays devant le fait accompli et on parlera après. Je ne gérerai pas dans ces conditions. Si je dois gérer, je le gère avec comme repère la loi ».
Du côté des victimes, c’est toujours la colère et l’indignation, notamment après la sortie médiatique du ministre des affaires foncières. Les victimes dénoncent des « contre-vérités » dans l’intervention du ministre Bathily et promettent de « se battre pour exiger réparation » : Mme Diamoutené Awa Sidibé est l’une des victimes de l’opération de démolition. Elle est jointe au téléphone par Oumar Waigalo :
« J’ai écouté son interview, j’étais tellement choquée, tellement étonnée que vous ne pouvez pas croire. Le ministre Bathily soutient qu’il nous a informés, ce n’est pas vrai. Quand ils sont venus mettre des croix sur les maisons, la moindre des choses était de rentrer dans chaque maison concernée et de les informer du pourquoi et d’indiquer un service où nous pourrions nous expliquer. Ils n’ont pas fait cela. Dans l’interview il a expliqué également que les maisons sons à côtés du marigot, cela est faux aussi. Toutes les maisons qui ont été détruites, ne sont pas des maisons en construction. C’était des maisons habitées. Certaines ont coûté plus de 300 millions. Si le ministre est vraiment un homme de droit, il doit se battre pour la population. Mais on voit qu’il se bat pour l’ACI. Tout ce qu’il raconte (que les maisons sont à côté de l’eau qui stagne, à côté du marigot ou du fleuve, etc.) tout est faux ! Nous allons nous constituer en association, et nous allons nous battre pour nous remettre dans nos droits. Car il n’est pas plus Malien que nous » !