Trois jours après avoir signé un accord de paix, le gouvernement malien a demandé hier à l’ONU de l’aider à restaurer son autorité sur le nord du pays. Le ministre des affaires étrangères, Abdoulaye Diop, est intervenu devant le Conseil de sécurité.
Selon lui, « la priorité des priorités doit être l’appui au rétablissement de l’autorité de l’Etat dans tout le pays et la fourniture des services sociaux de base ». Dans la perspective du renouvellement, à la fin du mois, du mandat de la Mission de l’ONU au Mali, il a longuement détaillé quelles devraient être les tâches prioritaires des quelque 10.000 Casques bleus. Il a appelé le Conseil à « autoriser de nouveau la Minusma à aider le gouvernement malien à stabiliser les principales agglomérations, en particulier dans le nord du pays ». Pour cela, a-t-il affirmé, « la Minusma doit être invitée à étendre sa présence dans le Nord » et elle doit disposer « des moyens nécessaires à sa montée en puissance ».
Le Conseil, a souligné le ministre, doit « exiger que seules les forces armées maliennes disposent du droit et de la légitimité d’occuper toute localité du territoire national ». Abdoulaye Diop a aussi jugé « absolument essentiel la lutte contre le trafic de drogue ». « La criminalité organisée, notamment le trafic de drogue, a-t-il dit, est une question qui n’est pas suffisamment prise en charge dans l’accord » signé samedi à Bamako.
Le représentant spécial de l’ONU pour le Mali, Mongi Hamdi, a estimé qu’après cet accord, « il faut impérativement commencer à entreprendre des actions concrètes afin que les populations maliennes puissent voir les dividendes de la paix ».
Pendant ce temps, dans certaines villes du Nord un calme relatif semble régner sur le plan sécuritaire. C’est le cas à Ménaka où les forces armées et de sécurité maliennes circulent désormais dans la ville. Un arrangement sécuritaire obtenu par la médiation a permis le retrait de Gatia de la ville. Ce groupe d’auto-défense de la plate-forme avait pris le contrôle de la cité aux mains de la CMA. L’armée malienne appuyée par les soldats de la Minusma assure désormais la sécurité des populations. Selon un habitant de la ville, ayant requis l’anonymat, la situation sécuritaire est calme, mais « les populations souffrent sur le plan économique ».
Écoutez le témoignage de cet habitant de Ménaka joint par Issa Fakaba Sissoko :
« La situation devient petit à petit stable ici à Ménaka. En plus des FAMAs il y a aussi la Minusma. La population vaque à ses occupations. En tout cas tout est calme à l’intérieur de Ménaka. La population de Ménaka ne demande que la sécurité. Que les forces qui la sécurisent le fassent honnêtement. Aux autorités maliennes, je demande de renforcer davantage la sécurité à Ménaka, le redéploiement l’armée dans le cercle avec un effectif raisonnable. C’est ensuite de voir la souffrance des populations de Ménaka : rien ne marche, il n’y a pas d’électricité, ni eau. Actuellement c’est la période soudure, les populations souffrent. Je lance aussi un appel à la communauté internationale de respecter leurs engagements, de trouver une solution aux situations qui préoccupent les populations maliennes, notamment la sécurité et le développement ».