Les groupes armés de la coordination, CMA, ont signé aujourd’hui l’accord de paix d’Alger. Cet accord, qui avait été signé le 15 mai dernier par le gouvernement malien et les mouvements armés de la plate-forme, sous la houlette de la communauté internationale, n’avait pas encore bénéficié de l’adhésion de la CMA. C’est maintenant chose faite, conformément l’engagement pris à Alger le 5 juin dernier. Retour sur ce long processus de négociations.
Cette cérémonie intervient après près d’une année de négociations entre le gouvernement du Mali et les groupes armés du Nord, menées sous l’égide de l’Algérie, chef de file de la médiation internationale. Mais la cérémonie d’aujourd’hui fait suite à la signature de deux deux documents à Alger par la CMA et le gouvernement malien. L’un sur « le relevé des conclusions issues du processus d’Alger », prenant en compte les préoccupations de la CMA exprimées le 17 mars dernier lors de la rencontre de Kidal.
Le second document, lui, est intitulé « arrangement sécuritaire pour la cessation des hostilités sur le terrain ». Ce document qui exige le retrait de la plate-forme de Ménaka s’est heurté à la fois à l’opposition de la population de cette ville, mais également des groupes armés de la plate-forme. Ceux-ci avaient pris le contrôle de la ville après de violents affrontements avec les combattants de la CMA.
Après plusieurs jours de tractions, un compromis a été arraché ce jeudi. La CMA qui s’était engagé le 5 juin à Alger de signer l’accord à Bamako, a confirmé hier sa participation à la cérémonie d’aujourd’hui.
Pour favoriser la signature de cet accord, le gouvernement du Mali a du lever des mandats d’arrêt contre une quinzaine de responsables rebelles. Pour de nombreux observateurs, « la cérémonie de cet après midi devrait marquer un nouveau tournant dans le processus de paix au Mali ».
Pour cette cérémonie de signature de l’accord de paix, plusieurs délégations sont présentes à Bamako, dont le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtam Lamamra, chef de file de la médiation, et le représentant spécial de l’ONU Mongi Amdi.
La cérémonie de signature a été présidée par le Président de la République Ibrahim Boubacar Kéita. Les représentants de la médiation internationale étaient également présentes. Les responsables des mouvements rebelles sont venus en grand nombre à cette cérémonie de signature. On peut apercevoir plusieurs dizaines dans la salle.
Plusieurs interventions ont marqué cette cérémonie. Pour le ministre malien des affaires étrangères, cette cérémonie est le fruit d’un long processus. Abdoulaye Diop a salué les efforts de la médiation internationale à travers l’Algérie.
Abondant dans le même sens, son homologue algérien, Ramtam Lamamra, qui a conduit les négociations, a déclaré qu’il s’agit d’un « jour historique et d’un nouveau tournant dans l’histoire du Mali. »
Le représentant de la CMA, lui, a déclaré qu’ « une paix ne se gagne jamais sur la base d’une simple signature. Pour Mamadou Djéri Maïga, la CMA s’engage à s’appliquer pour l’instauration d’une paix durable et définitive ».
C’est l’intervention du chef de l’Etat malien, Ibrahim Boubacar Keïta, qui mis fin à la cérémonie. IBK a salué « le sens du dialogue de ses frères de la coordination ». Pour le président malien, cette journée est historique, car elle marque la réconciliation entre les frères Maliens ». « Cet accord est le fruit d’un effort collectif », a déclaré IBK.
Au Centre international de conférence de Bamako, un important dispositif sécuritaire a été déployé cet après midi pour la cérémonie de signature l’accord de paix. Sur place on remarque la présence de la garde nationale, de la gendarmerie et de la police nationales.
La signature aujourd’hui de l’accord de paix par la CMA suscite beaucoup de réactions au sein de l’opinion malienne. Dans plusieurs localités du Nord, dont Ménaka, cette signature suscite de l’espoir et les personnes interrogées insistent sur « le respect des engagements de chaque partie ».
Alhousseini Abba Touré a recueilli les impressions de certaines populations à Ménaka, Bintagoungoun et Tessalit.
« Je dis que c’est un grand rendez-vous, c’est une grande responsabilité face à l’histoire. Par ce qui nous concerne, nous qui sommes nordistes et qui vivons au Nord, tout ce que nous voulons, aujourd’hui, c’est qu’il y ait la paix. Pendant que nous sommes en train de faire la guère, les autres sont en train de se développer. Ce n’est pas la division des liens séculaires qui nous unissaient, ce n’est pas le fait de transformer notre terroir en lieu le plus dangereux du monde, ce n’est pas la destruction des services sociaux de base, etc. qui vont faire avancer. Notre conscience doit nous interpeller aujourd’hui ».
« Aujourd’hui si la signature doit se faire, ma joie est complète, dans la mesure où tous les acteurs auront apposé leurs signatures sur l’accord de paix et de réconciliation au Mali. Et par la même occasion seront engagés à le respecter et à l’exécuter ».
« Aujourd’hui ce qui se passe, c’est que ce sont les Maliens qui perdent leurs vies. C’est de la bêtise humaine. Il est normal aujourd’hui qu’on soit pour une paix durable. Une paix qui garantit la justice, la liberté et la stabilité pour tout le monde ».
« Dans le nord c’est un symbole, mais en réalité la signature ne veut pas aussi dire forcement la paix. Signer un papier et garantir la paix, c’est deux choses différentes. Mais aujourd’hui tout le monde doit travailler pour aller vers une paix définitive ».
« La communauté internationale a mis beaucoup de pression sur le Mali, et nous pensons que cette communauté internationale va rapidement accompagner le Mali pour que la paix règne ».
Comme au Nord, nombreux sont les Maliens dans les régions du sud à se réjouir de la signature d’aujourd’hui. Cependant, préviennent-ils, « le plus dur reste la mise en œuvre de l’accord ». Ils insistent sur « la sincérité des acteurs », notamment « des groupes armés ».
Mariam Coulibaly et Mohamed Salaha ont joint des habitants de Djenné, Kayes et Bamako.
« Nous pensons que c’est une bonne chose à condition que chacun joue sa partition, que chacun respecte ses engagements. Je pense cela va amener la paix et la sérénité, c’est ce que nous, nous pensons à Djenné ».
« Comme tout le monde, tous le Maliens prient le bon Dieu que ça se passe bien aujourd’hui. Le Mali et toute sa population ont beaucoup souffert. Les autorités ont donné de leurs temps de leurs patience. C’est tout ce qu’elle pouvait faire pour que le Mali retrouve sa quiétude. Il faut que les Maliens de Kayes à Kidal soient réconciliés. Donc s’ils arrivent à le faire aujourd’hui ceci est bonheur ».
« Disons que cela a été laborieux, maintenant notre inquiétude c’est par rapport à la mise en application. Nous, nous souhaitons vraiment un traitement égalitaire de toutes les région par rapport a tout ce qui est aspect développement. C’est notre souci ».
« Le peuple malien est fatigué, ça fait plus de 3 ans qu’on est dans cette situation. L’économie va mal, l’école va mal, la santé va mal rien ne va dans ce pays. On espère que cela va consacrer le retour de la paix définitivement dans notre pays ».
« Si les différentes parties acceptent aujourd’hui de signer, ce n’est que la joie pour un citoyen malien. Tous les protagonistes sont maintenant arrivés a cette conclusion qu’il faut aller vers la paix ».