Les ultimes obstacles à la signature de l’accord de paix par la rébellion sont écartés. Le gouvernement a levé les mandats d’arrêt visant des responsables de la rébellion et les groupes armés de la plate-forme se sont engagés à évacuer la ville de Ménaka, écartant les ultimes obstacles à la signature de l’ accord de paix demain dans la capitale.
Hier soir, après une discussion avec la médiation, et les partenaires, le Gatia a décidé pour, dit-il, « faciliter le processus de quitter la ville de Ménaka. Ce retrait se fera à compter de ce vendredi », a déclaré Haballa Ag Hamza, secrétaire général adjoint du Gatia. C’est la Mission de l’ONU qui doit assurer la sécurité des populations de Ménaka.
Outre l’ONU et la communauté internationale, l’armée malienne, participera également à la sécurisation de Ménaka après le départ de la plate- forme. Une source au sein de la Minusma, a confirmé qu’un accord avait été trouvé pour l’évacuation des forces armées de la plate-forme de Ménaka.
Ce jeudi, le Conseil de sécurité a exhorté les groupes rebelles et ceux de la plate-forme à s’abstenir de toute action susceptible de saper le processus de paix », exhortant ces derniers à « retirer immédiatement leurs forces de la ville de Ménaka », comme le prévoit l’arrangement sécuritaire » obtenu par la médiation algérienne le 5 juin.
De sources proches de l’organisation de la cérémonie de signature de samedi, une délégation de la rébellion était attendue dans la soirée à Bamako, alors qu’une autre de 80 personnes devrait arriver dans ce vendredi dans la journée en provenance de Kidal.
Le gouvernement malien a levé hier les mandats d’arrêt lancés contre des responsables de la rébellion.
La plate-forme a confirmé ce matin son retrait de Ménaka par un de ses responsable. La plate-forme estime que les engagements pris par la communauté internationale et le gouvernement malien pour la sécurité de la ville de Menaké sont satisfaisants Mais elle se montre plus réservée sur sa mise en œuvre.
Fahad Ag Almahmoud, secrétaire général du Gatia joint au téléphone par Barké Cissé : « Après les garanties que la communauté internationale nous offrait à travers la Minusma, le gouvernement malien s’est lui aussi engagé à augmenter ses effectifs à Menaka et à assurer la sécurité de la population. Nous n’avons pas d’autre raison d’être présents dans une quelconque localité du Mali que pour la sécurité de nos parents qui s’y trouvent. S’il y a l’armée malienne pour les sécuriser ou la communauté internationale, ceci nous arrange. Notre souhait le plus ardent c’est de ne pas à regretter notre décision de quitter Menaka. C’est-à-dire que l’ensemble des acteurs engagés pour sécuriser les populations de Menaka le fassent comme nous l’avons fait. Ce matin nous avons passé le témoin aux officiers des FAMAs et de la Minusma pour la sécurisation de la localité de Menaka. Les populations sont très inquiètent de leur arrivée et nous suivons cela de près ».
L’arrangement sécuritaire signé le 5 juin à Alger prévoit qu’après le départ de la plate-forme, ce sont les forces onusiennes qui assureront la sécurité des populations. Selon la porte-parole de la Minusma, « des dispositions sont en train d’être prises dans ce sens ». Radia Achouri, porte-parole de la Minusma, au micro de nos confrères de RFI :
« Nous attendons la réaction officielle, mais nous maintenons toujours notre optimisme. Car nous pensons que tout le monde est conscient des enjeux en présence. On a entamé le travail, on l’a finalisé et on est fin-prêt pour les moyens logistiques pour établir une présence dans un camp là-bas. Ce camp n’englobe pas seulement les militaires, mais il y a aussi une présence de la police des Nations Unies, avec une présence civile. On avait pas de présence civile à Ménaka au par-avant, cette présence civile aura comme priorité la protection des civiles. De toute façon nos travaux de sécurisation seraient faites en concertation et en collaboration avec les autorités de l’Etat malien et ceux qui sont présents sur place.C’est indiqué de toutes les façons dans l’arrangement qui a été signé le 5 juin à Alger ».
La population de Menaka reste hostile au retrait de la plate-forme. Pour autant, elle ne manifeste pas son mécontentement. Les habitants demandent des garanties pour leur sécurité. Ils invitent la communauté internationale et le gouvernement à prendre en compte la situation.
Un habitant de Ménaka joint au téléphone par Oumar Waïgalo : « La population n’est pas contente parce qu’elle pense que lors de la rencontre avec la plate-forme, la Minusma à Ménaka, tout le monde a vu ce que le maire de Menaka a dit. Il dit que les habitants ne sont pas prêts à laisser la plate-forme quitter la ville. Mais nous on a compris que l’avis de la population ne compte pas, que la population de Ménaka n’a pas droit à la vie. La population de Ménaka est pour la paix. Mais il faut que chacun respecte ses engagements. Il ne faut pas que la plate-forme quitte Ménaka. De l’autre côté, les gens s’insultent pour dire du mal à certaines personnes parce que la population a dit qu’elle avait besoin de garantie sécuritaire. En tout cas, ce que nous nous disons est ceci : ce qui arrive à Ménaka et n’arrive pas à être contrôlé, nous tenons responsables la Minusma , la Communauté I internationale et le Gouvernement malien ».
La coordination des groupes armés, CMA, se réjouit de la résolution de la question de Ménaka. Ses responsables ont d’ailleurs confirmé leur présence à la cérémonie de demain. Selon un des responsables de la CMA, « la journée de demain devrait marquer un nouveau départ dans le processus de paix ».
Moussa Ag Acharatoumane est porte-parole de la CMA. Il a été joint au téléphone par Issa Fakaba Sissoko : « Je le confirme. Déjà l’ensemble de nos délégations sont actuellement en route pour Bamako, d’autres y sont déjà, ou sont en train d’arriver. C’est un engagement qu’on avait pris vis-à-vis de la communauté internationale et le gouvernement malien. C’est un engagement aussi qu’on compte honorer étant donné aussi que les préalables qui avaient été mis en avant à Alger lors des dernières discutions, ont été traités. Même la question de Ménaka qui posait problème vient d’être aussi résolu, donc toutes ces raisons là font qu’il n’y a plus de problème à ce que les gens puissent avancer ».
Que va représenter la journée de demain pour vous?
« C’est une journée pour emprunter un nouveau chemin ».
Le gouvernement malien a levé les mandats d’arrêt contre 15 responsables des groupes armés. La décision suscite beaucoup de réactions , notamment au sein des organisations de défense des Droits de l’Homme. Selon Me Amadou Tiéoulé Diarra, président de la Ligue pour la justice, le développement et les Droits de l’Homme s’il s’agit d’une mesure pour aller vers la paix, elle est loin d’être une amnistie ou une prime à l’impunité .
Issa Fakaba Sissoko l’a joint au téléphone : « Nous devons comprendre qu’en dernière instance, même si les gens étaient libérés, l’accord d’Alger stipule précisément qu’il y aura une commission internationale d’enquête des faits de crime grave qui ont été commis au Mali. Et je pense qu’en dernière instance, c’est ce qui est important. Parce que même libérés, la commission d’enquête internationale retient la responsabilité de telle ou telle personne qui doit revenir s’expliquer effectivement sur les faits qui lui sont reprochés ».
Pour certain, la paix passe par la justice ?
« Oui, la paix passe par la justice, mais la justice est un moyen. Nous avons une justice qui est malade, qu’il faut soigner. Parce que vous ne pouvez pas assumer une justice et rétablir la paix sur une justice malade. Si cette justice est malade, nous devons la soigner d’abord. Or, le processus entre dans le cadre de ce soin là ».