Le Mali se dote d’une politique nationale de migration. Son lancement a eu lieu cet après midi à Bamako en présence des différents acteurs impliqués dans la résolution de ce problème et des partenaires du Mali. L’adoption de la politique nationale intervient dans un contexte marqué par les drames en méditerranée , et l’adoption par l’Union européenne de nouvelles mesures visant à maîtriser le flux migratoire et les réseaux de passeurs.
L’objectif de cette politique de migration est de favoriser « une meilleure gestion du flux migratoire afin qu’elle contribue à la réduction de la pauvreté et au développement durable du pays ». Elle intègre une série d’actions se rapportant notamment « à la protection et à la sécurisation des migrants, à l’organisation et à la facilitation de la migration légale, à la réinsertion des migrants de retour, et à la valorisation des capacités des diasporas à favoriser développement national ».
Selon ses auteurs, la nouvelle politique permet le renforcement des capacités des organisations de migrants et de la société civile, l’amélioration des connaissances sur les migrations et la réadaptation des conditions d’entrée, de séjour et d’établissement au Mali ».
La politique nationale de migration ainsi adoptée devrait créer plus de 5000 emplois, notamment dans les régions de départ des migrants clandestins. Le 19 avril dernier, 196 Maliens avaient péri dans le naufrage d’un chalutier chargé de migrants africains en Méditerranée, qui a fait plus de 800 morts. Selon des études régulières, les transferts d’argent de la diaspora malienne s’élèvent à 300 milliards de francs CFA par an (près de 456 millions euros).
La Commission européenne a proposé il y a quelques jours que 20.000 migrants soient accueillis et répartis à travers l’Union au cours des deux prochaines années. L’émotion suscitée par la mort depuis le début de l’année de centaines de migrants en Méditerranée, jusqu’à 900 dans le seul naufrage d’un chalutier le 18 avril au large des côtes libyennes, l’Union européenne a défini une approche commune. 1.800 migrants ont péri en tentant de traverser la Méditerranée depuis le début de l’année. Environ 51.000 sont arrivés en Europe par la mer, dont 30.500 via l’Italie.
L’Europe a décidé de démanteler les réseaux des passeurs en détruisant les bateau qu’ils utilisent au départ de la Lybie. L’autre volet des mesures concerne le renforcement des patrouilles en mer pour secourir les naufragés et enfin d’améliorer l’accueil à l’arrivée en Europe en mettant en place des quotas dans les pays les plus concernés par ces flux migratoires
Une importante enveloppe sera consacrée à l’emploi des jeunes dans la politique nationale de migration. Pour beaucoup cet effort budgétaire est une bonne initiative.Pour l’ancienne ministre malienne de la culture, Aminata Dramane Traoré « les politiques économiques des pays africains doivent favoriser l’épanouissement des jeunes en les maintenant dans leurs pays de départ ».
Aminata Dramane Traoré est écrivain et auteur de plusieurs ouvrages sur l’immigration. Elle est jointe par Issa Fakaba Sissoko :
« L’immense majorité de ceux qui prennent le risque d’immigrer dans ces conditions là, c’est parce qu’ils n’ont pas le choix. C’est faute d’emploi. C’est clair que se lancer dans une voix comme celle-ci avant d’arriver en mer méditerranée, ils traversent le désert d’abord. C’est une véritable expédition au risque de leur vie. Moi, je pense que si l’environnement économique permettait dans les pays de départ de leur garantir d’avoir un revenu décent, c’est l’une des solutions. C’est aussi le pari le plus difficile. L’Europe a investi considérablement dans la surveillance de ces frontières mais pas le sauvetage des migrants. La France et la Grande-Bretagne, sont ces deux pays là qui disent qu’ils n’en veulent pas. Ils ne veulent pas de quota, ils disent qu’ils ont reçu suffisamment de gens chez eux. Donc, il y a un problème. Deuxième problème, il faut que les Africains ouvrent grandement les yeux maintenant. Il ne faut pas se faire d’illusion, cette histoire de quotas a été évoquée, mais beaucoup de pays grincent des dents parce qu’ils sont en crise ».