Le gouvernement malien et six groupes armés du nord du Mali, réunis à Alger, ont signé hier en présence de M. Lamamra et du chef de la mission de l’ONU au Mali, Mongi Hamdi, une « déclaration » prévoyant la cessation immédiate « de toutes formes de violence ».
Selon le ministre algérien des Affaires étrangères Ramtane Lamamra, la signature de ce document vise à « créer sur le terrain un climat et un état d’esprit propres à favoriser le progrès des négociations afin d’aboutir à un accord de paix global ».
Les deux parties ont convenu d’ « observer une cessation immédiate de toutes formes de violences, et de s’abstenir de tout acte ou propos provocateurs ».Les groupes signataires sont: le MNLA, le HCUA, le MAA, le MAA- dissident, la CPA et la CM-FPR.
Les deux parties se sont engagées à « poursuivre la négociation de bonne foi et dans un esprit constructif en vue de s’attaquer durablement aux causes des tensions observées récemment sur le terrain ».Le document prévoit aussi « la poursuite de la mise en œuvre des mesures de confiance notamment la libération des personnes détenues ».
Les événements se sont donc précipités hier après-midi à Alger. Alors que le matin les délégations déclaraient n’avoir « aucune idée du programme », de la journée, une cérémonie a été organisée dans la soirée par la médiation. Elle a permis d’aboutir à la signature d’un document appelé « Engagement d’Alger ». Il invite les parties à poursuivre et respecter le processus d’Alger. Au total six engagements ont été pris par les signataires. C’est le ministre algérien des affaires étrangères, Ramtame Lamamra, qui a fait la lecture de ce document. Il est au micro de notre envoyé spécial à Alger, Issa Fakaba Sissoko.
« Il s’agit essentiellement de réaffirmer l’engagement des parties. Premièrement, à observer une cessation immédiate de toute forme de violence et de s’abstenir de tout acte ou propos provocateur. Deuxièmement, de respecter les engagements contractés, en vertu des accords qui ont déjà été conclus entre les parties. Troisièmement, il s’agit de mettre rapidement en œuvre avec l’appui de la Minusma et en étroite coopération avec elle, toutes les mesures de confiance qui ont déjà été adoptées, notamment le mécanisme visant à faciliter l’application du cessez-le-feu figurant dans la déclaration de cessation des hostilités et à assurer la protection des civiles. Quatrièmement, pour les parties, de participer pleinement à la commission technique mixte de sécurité et à ses mécanismes de façon à vérifier, constater et signaler chaque fois que de besoin à la médiation, tout acte contraire à la présente déclaration. Cinquièmement, l’engagement de poursuivre la mise en œuvre des mesures de confiance, notamment la libération des détenus. Sixièmement poursuivre les négociations dans le cadre des processus d’Alger, de bonne foi et dans un esprit constructif, ouvert et inclusif en vu de s’attaquer durablement aux causes de tensions observées récemment sur le terrain. Les parties aux processus d’Alger en signant ce document aujourd’hui s’engagent à mettre en œuvre cette déclaration, de bonne foi dès sa signature ».
La signature de cet engagement intervient dans un contexte marqué par des affrontements réguliers entre les différents groupes armés au Nord, notamment à Tabamkort.
Interrogés après la cérémonie, les responsables de la Coordination, des mouvements armés s’engagent à « respecter dans les actes » les engagements contenus dans le document.
Mohammed Elmaouloud Ramadane, membre de la coordination.
« C’est avec un peu de joie, un peu d’espoir que le 5e round va nous amener à un résultat positif. En tout cas la garantie dépend de nous, les parties qui sont en conflit et nullement ça ne dépend de la médiation, des organisations ou de la Minusma, c’e nous qui sommes les premières garanties et c’est nous qui devrons vraiment faire notre possible pour l’appliquer sur le terrain.
Issa Fakaba Sissoko: la Plate-forme vous reproche de ne pas respecter les engagements que vous prenez et cette fois ci qu’avez vous à dire?
Mohammed Elmaouloud Ramadane: « Nous on n’a pas de problème avec la plate-forme, nos problèmes sont avec le Gouvernement du Mali et c’est l’acteur avec qui on signe les engagements, donc les reproches de la plate-forme nous n’avons pas de commentaire à faire sur ça ».
« La violation ne viendra pas de notre côté » rassurent les mouvements armés de la Plate-forme. Ils veulent, affirment-ils, « donner une chance à la paix ».
Mohamed Ould Mataly, est député de Bourem, et membre de la plate-forme. Il est au micro de Issa Fakaba Sissoko.
« De notre côté ça sera strictement respecté, on a déjà eu des contacts avec nos gens, c’est déjà pris en compte. Je crois que le fait même de signer, c’est dire que les gens sont dans une contrainte d’aller à la paix. Nous pensons que cette fois ci la médiation et le chef de file sont plus rigoureux par rapport au respect de la signature qu’au-paravent. De tout le temps ça a été violé mais pas de notre côté, mais nous pensons et nous donnons toujours la chance au dialogue, au processus de la paix cette fois ci encore à cette signature pour qu’on aille à la paix et nous observons. En tout cas la violation ne sera pas de notre côté ».
On assiste dans le Nord du Mali à une relative accalmie suite aux engagements pris par les belligérants. Les forces Barkane et celles de la Minusma présentes dans la zone veillent au respect de l’accord. Selon le maire adjoint de Gao, la plate-forme a toujours réagi aux attaques de la coordination. Il estime que la présence d’Iyad Ag Ghali fait planer un risque sur cet accord. Yacouba Maiga adjoint du maire de Gao est interviewé par Ousmane Dicko
« Aujourd’hui la situation est un peu calme, malgré quelques soubresauts aux alentours de Tabankort. Même dans la ville de Gao à part quelque explosions de temps en temps, tout va bien. Actuellement les accrochages sont arrêtés, parce que tant que les autres ne sont pas venus les attaquer, ils n’attaquent pas. Ils ont été toujours provoqués, s’ils ne sont pas provoqués ça va. Barkhan et l’ONU sont dans la zone pour empêcher qu’il y ait des accrochages dans la zone. Mais par rapport a Alger, on attend, mais je ne suis pas optimiste, parce que tant que Iyad Ag Ghali est dans la zone, je ne pense pas à un accord définitif. Même si c’est fini, c’est du faux ».