Journée de mobilisation contre l’excision. Le 6 février est consacré dans de nombreux pays à la lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF). Selon les estimations de l’OMS, environ 140 millions de femmes sont victimes de cette pratique. Au Mali le taux de prévalence se situe selon les régions entre 85 et 98%.
L’association malienne de pédiatrie a estimé en janvier dernier le niveau des mutilations génitales féminines , de 85,6 % , jusqu’à 98% dans certaines régions.
Dans son rapport l’association indique que les excisions sont réalisées à domicile dans 77,6 % des cas, suivi du domicile de l’exciseuse dans 19 % des cas et au sein des structures sanitaires dans seulement 2 % des cas. Pratiquement la majorité des exciseuses à plus de 99% sont rémunérées.
Selon des études menées dans 5 régions, exceptées celles du nord, le taux de prévalence de l’excision est de 91 % chez les femmes âgées de 15 à 49 ans et de 69% chez les filles de 0 à 14 ans. Selon un rapport de l’Amaped, l’association malienne de pédiatrie l’excision, les mutilations sont à l’origine de nombreuses complications médicales, troubles urinaires, infection au VIH, hémorragie, douleurs et de graves problèmes de cicatrisation. En dépit de l’absence d’une loi interdisant cette pratique l’action des organisations qui luttent contre l’excision progresse. Ainsi plus de 1000 villages ont déclarés officiellement renoncer à cette pratique.
Pour le chef de plaidoyer mobilisation sociale du Plan National de Lutte contre l’Excision, Youssouf Bagayogo , cette pratique a baissé au Mali. Il met l’ accent notamment sur les communautés qui ont accepté d’abandonner les mutilation génitales féminines et qui vont vers d’autres communautés pour les sensibiliser sur les méfaits de l’excision. Youssouf Bagayogo était l’invité du Grand dialogue sur l’excision.
«Il y a des communautés aujourd’hui qui acceptent de célébrer en signant une convention locale contre la pratique de l’excision. Ces communautés là veulent aller vers d’autres communautés qui n’ont pas encore abandonné pour leur dire tout le bien que cela peut porter à ces différentes communautés. Et quand vous prenez l’EDSM-V (Enquête Démographique et de Santé du mali) la dernière enquête si on prend les 10-14 ans qui est la dernière tranche des enfants, à ce niveau il y a 82% de ces filles qui sont excisées, dans la tranche d’âge de 5-9 ans c’est 74,7% qui sont excisées et dans la tranche d’âge de 0-4 c’est 53%»
Mme Keita Joséphine Traoré directrice du Programme National de Lutte contre la Pratique de l’Excision estime que l’implication des jeunes est essentiel pour lutter contre l’excision.
«Nous attendons beaucoup des jeunes, parce que les jeunes sont l’avenir d’un pays. En terme de pourcentage on ne maîtrise pas beaucoup parce qu’on est parti de 97% à l’EDSM-II. Par exemple, si nous prenons toutes les régions du Mali, la prévalence dans EDSM-VI a baissé dans toutes les régions du Mali sauf Mopti. Mais les régions du nord n’ont pas pu être enquêtées à cause de la crise que nous avons vécu, sinon les résultats sont prometteurs»