Les chefs et autorités traditionnels sont des acteurs essentiels du processus de réconciliation nationale. La déclaration a été faite ce matin à la faveur de la Rentrée citoyenne du Cercle de réflexion pour la consolidation de la démocratie, CRI-2002. Pour son président, l’un des axes majeurs du nouveau plan d’action sera consacré à l’appropriation par ces chefs et autorités du défi du dialogue et de la réconciliation nationale.
Autrefois garants de la stabilité et de la paix sociales, les chefs et autorités traditionnels ont été dépossédés de leurs pouvoirs, selon plusieurs chercheurs. Alors que les pourparlers sont relancés entre Bamako et les groupes armés depuis la réunion de Ouaga la semaine dernière, les réflexions n’excluent aucune initiative. Pour l’association CRI-2002, l’implication des chefs et autorités traditionnels dans le processus est indispensable. Pour sa nouvelle rentrée citoyenne, le chantier constitue l’un des cinq axes de son plan d’action.
« La médiation traditionnelle est une institution sociale multiséculaire bien ancrée dans nos us et coutumes » explique le Pr. Témé de la Faculté des sciences humaines de l’université de Bamako.
Cette médiation se pratiquait et se pratique encore dans le domaine social et religieux. Dans la plupart des sociétés négro-africaines, les aspirations à la paix ont conduit à développer des techniques de normalisation. L’objectif était d’éviter ou de refréner les violences et les conflits. Cette habitude a donné naissance à une gamme variée de pratiques dissuasives et des modes de prévention des conflits. La violence était canalisée par des structures sociopolitiques spécifiques et des conventions orales ou tacites à caractère juridiques ou religieux.
Bref, la médiation traditionnelle est, pour notre pays, un atout maître, estiment certains chercheurs, pour qui, là où les politiques peuvent échouer, celle-ci peut réussir au nom des valeurs de civilisation.
Sur la question, Issa Fakaba Sissoko a rencontré Dr Abdoulaye Sall, le président de CRI-2002, une association qui a consacré plusieurs campagnes à la thématique.
« Le chef traditionnel, c’est la famille traditionnelle de père en fils, c’est le sang. Alors que l’autorité traditionnelle, c’est le chef de village, de quartier ou de fraction. En réalité ce sont des agents, des auxiliaires de l’administration.
Quand on parle de chefs coutumiers, ce sont des hommes et des femmes qui excellent dans un domaine précis (la forme, le griotisme, etc.)
En s’accordant sur les principes, sur les concepts, et ayant la même compréhension du rôle et de la place de chacun d’eux, vous verrez que chacun a son rôle sur le chemin de la réconciliation. Cette réconciliation, elle se construit. Je crois qu’ils ont désormais une place privilégiée. Ce n’est plus CRI-2002 qui en fait son seul combat, maintenant c’est l’Etat lui-même qui a mis ces autorités traditionnelles au cœur du dialogue et de la réconciliation nationale. Ces légitimités traditionnelles sont en réalité les gardiens de notre passé. Elles peuvent être des éclaireurs pour un Mali nouveau, où il va y avoir comme clé de voûte les rapports intergénérationnels pour la sortie rapide de crise et pour la réconciliation nationale ».