Le sommet sur la sécurité dans la région sahélo-saharienne s’est tenu hier à Nouakchott en présence de cinq chefs d’Etat, dont le président malien. Cette réunion a examiné le « renforcement de la coopération sécuritaire » entre les onze pays membres. Les cinq chefs d’Etat, du G5, ceux de la Mauritanie, du Burkina Faso, du Mali, du Sénégal et du Tchad se retrouvent aujourd’hui toujours dans la capitale Mauritanienne.
Le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, a exprimé la détermination des pays à poursuivre « un combat sans merci contre le terrorisme et le crime organisé ».
Il a appelé à une « réadaptation des systèmes de défense des pays concernés pour répondre aux exigences de terrain et à la nature de l’ennemi ». Le sommet de Nouakchott doit décider « la mise en place d’unités mixtes et de patrouilles conjointes » entre les pays membres. Ces « unités mixtes seront composées de 1.000 à 1.500 hommes, avec des unités d’infanterie, des forces spéciales et des multiplicateurs de forces ».
Au cours de leur rencontre, les chefs d’Etat ont examiné les développements de la situation dans le nord du Mali, en Libye et la menace du groupe islamiste Boko Haram.
Il y a quelques jours à Dakar, les présidents tchadien, malien et sénégalais ont exhorté les Etats occidentaux à « achever le travail » en Libye en intervenant contre le sanctuaire jihadiste installé dans le sud du pays.
Les cinq chefs d’Etat, du G5 (regroupant la Mauritanie, de Burkina Faso, le Mali, le Sénégal et le Tchad) qui ont participé au sommet, ce jeudi vont se retrouver ce vendredi toujours dans la capitale mauritanienne.
A Nouakchott, les chefs d’Etat ont exprimé le principe de la mise en place de patrouilles mixtes entre les pays. Mais selon des spécialistes des questions de sécurité, le manque de volonté politique risque de bloquer ce processus, en raison des intérêts divergents entre les états.
Serge Daniel est journaliste, auteur d’ouvrage sur le terrorisme au Sahel. Il a été joint par Issa Fakaba Sissoko.
« Ce n’est pas la première fois qu’on parle de dispositif commun. Ce n’est pas évident. Vous avez des pays qui ne souhaitent pas de patrouilles communes. On peut prendre la décision, mais le plus important c’est de voir comment elle sera appliquée. Et tant qu’elle ne sera pas appliquée, on ne peut pas applaudir. Donc, pour le moment ce sont des professions de foi, ce sont des engagements pris à Nouakchott. Il faut donc attendre si les gens vont tenir ces engagements.
Le problème, c’est que ces pays ont des ambitions qui divergent. Si vous prenez par exemple l’Algérie: le sud de ce pays, c’est le Nord du Mali. Les Algériens ne veulent pas voir de puissances étrangères dans le Nord du Mali, car c’est leur frontière. Il n’y a pas cette volonté là.
Ce que moi je vois, c’est la nécessité de faire de cette zone grise là un enjeu international. C’est à dire qu’il faut des troupes onusiennes avec un mandat fort, mais pas avec un mandat à la Minusma comme c’est le cas maintenant, qui puisse effectivement bouter le terrorisme hors du Sahel. Je suis réaliste, et le réalisme m’amène à dire que ces unités de patrouilles mixtes ne peuvent pas fonctionner tant qu’elles ne seront pas opérationnelles. Il faut aller de l’avant, et aller de l’avant veut dire ne pas se limiter aux mots ».