Le forum sur la sécurité en Afrique s’est ouvert hier à Dakar. Il va s’achever aujourd’hui. La France, par la voix de son ministre de la défense a invité hier les pays africains à renforcer leur coopération transfrontalière pour faire face aux menaces des groupes armés islamistes du sud de la Libye ou de la secte Boko Haram au Nigeria.
Jean-Yves Le Drian a estimé que l’insurrection de la secte islamiste nigériane Boko Haram, par ses attaques croissantes dans le nord du Cameroun, était devenue un problème régional. Mais il a surtout insisté sur le sud de la Libye, où les islamistes chassés du Mali par l’opération française Serval en 2013, se sont regroupés et menacent de déstabiliser l’ensemble du Sahel.
L’émissaire spéciale des Nations unies pour le Sahel, l’Ethiopienne Hiroute Gebre Selassié, a averti que si la crise libyenne n’était pas rapidement réglée, de nombreux états de la région pourraient être déstabilisés.
« Les Etats faibles sont confrontés à un phénomène qui va au-delà de leurs frontières », a-t-elle dit, soulignant que le trafic de cocaïne à travers la zone sahélo-saharienne était évalué à 1,5 milliard de dollars par an, soit plus que le budget de ces Etats consacré à la sécurité. « Ce sont des phénomènes planétaires mais les risques incombent aux pays les plus pauvres qui ne peuvent pas les éliminer », a-t-elle déclaré.
L’idée de la mise en place d’une force africaine d’intervention rapide face aux menaces est revenue dans les débats du forum de Dakar. Mais de nombreux observateurs sont sceptiques quant à sa concrétisation. Certains préfèrent parler d’ « une synergie des armées nationales ».
Ousmane Cornio est spécialiste des questions de sécurité et de règlement des conflits. Il a été joint par Issa Fakaba Sissoko.
« Je ne dirai pas c’est un forum de plus, mais c’est toujours bon que nos dirigeants se rencontrent et qu’ils partagent leurs idées. Mais personnellement, je n’attends rien de ce forum en terme de ce qu’il peut changer dans la situation sécuritaire actuellement dans la sous-région. Après l’échec de l’ECOMOG, de la CEMOC, de la CEN-SAD, il faut être pessimiste. Voici trois décisions qui avaient été prises au niveau africain pour que des pays se mettent ensemble avec leurs forces, pour pouvoir intervenir chaque fois qu’un d’entre eux est menacé ou attaqué. Cette force africaine d’intervention rapide dont il est question, n’est qu’un rêve, car elle n’est pas possible. Déjà, dans le dispositif du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, il y a la force africaine en attente. Cette force de maintien de paix internationale, continentale, multidisciplinaire devrait être constituée de contingents militaires, policiers et civils pour pouvoir agir sous la direction de l’Union africaine. Mais elle n’a jamais vu le jour. En parler aujourd’hui est un rappel, mais je ne pense pas qu’à l’état actuel, nos chefs d’Etats avec leurs armées, puissent être capables de se mettre ensemble pour une intervention ».