Cinq groupes armés du Nord du Mali se disent favorables à l’accord de paix proposé par Alger. Dans une déclaration rendue publique, les groupes armés expriment leur opposition à toute idée d’indépendance ou d’autonomie. Selon eux, « c’est la gouvernance qu’il faut revoir et renforcer la décentralisation ».
Il s’agit de la CMFPR, une aile du MAA, du GATIA, du Mouvement populaire pour le alut de l’Azawad, et de la Coalition du peuple de l’Azawad. Tous approuvent le projet d’accord de paix proposé par la médiation algérienne.
Azaz Ag Loudagdag, un élu du Nord et membre de GATIA, pense que « c’est un bon document qui servira de base pour réconcilier les Maliens ». « Nous sommes contre l’indépendance ou l’autonomie du Nord, mais il est claire qu’il faut revoir la gouvernance », ont déclaré les cinq groupes dans une déclaration rendue publique.
Me Harouna Toureh, porte parole des groupes armés loyalistes, a également salué l’élection des gouverneurs de régions du Nord comme une « véritable avancée ».
Selon Me Toureh, rien ne sera comme avant. « Ceux qui pensent que les cinq parties de la plate-forme sont des valets du gouvernement, se trompent. Certes, nous reconnaissons l’Etat, mais nous sommes d’abord et avant tout proches de nos tribus, de nos communautés » a-il ajouté.
Le document d’Alger prévoit une vaste autonomie pour les régions du Nord. Il établit aussi leur compétence en matière de maintien de l’ordre, de la sécurité et protection civile. Il prévoit en 2017 le transfert de 33% de recettes de l’Etat aux collectivités territoriales avec une attention particulière pour le Nord. Les groupes armés ne contestent pas Bamako sur cette question, mais exigent leur implication dans la gouvernance locale.
Les groupes armés d’auto défense sont donc d’accord sur beaucoup de clauses du projet d’accord soumis par la médiation. Cependant, ils formulent des réserves par rapport à l’intégration des ex combattants dans l’armée nationale et le mode d’élection des futurs présidents des conseils régionaux. Ils ont donné leur position sur ces points et sur d’autres à la faveur d’une conférence de presse tenue hier. Haballa Ag Hamza est secrétaire général adjoint de Gatia et membre de la plate des groupes d’autodéfense du Nord. Il a été joint par Modibo Mariko.
« La proposition de la plate forme était de faire une élection directe du président du Conseil régional en même temps une élection directe aussi à l’assemblée de ce même conseil. Dans le document que nous avons revu, cela n’a pas été pris en compte. La médiation a retenu qu’il y aurait une seule élection, donc ça c’est toujours l’ancienne formule. Il y aura l’influence peut être de l’argent, il y aura l’influence de beaucoup d’autres choses.
A propos de l’intégration des anciens combattants, nous avons quelques réserves que nous avons apportées. Nous avons formulé à la médiation que nous ne sommes pas contre cette réintégration, mais nous avons posé certaines conditions. Nous avons dit qu’il fallait mettre en place une commission pour voir comment ces gens peuvent revenir, ou créer un corps pour ne pas reprendre les mêmes erreurs du passé ».
Alors que le ministre malien des affaires étrangères et ces groupes armés affichent leur optimisme quant aux prochaines négociations d’Alger, la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali , CSTM, craint « le piège de ces négociations ». Hier, à la faveur d’une conférence de presse, son secrétaire général, Hamadoun Amion Guindo, a exigé la suspension de ces négociations, et estime que « le document préliminaire ne privilégie pas l’intérêt du Mali ».